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Volume 2 Numéro 6

P

ratico

-

pratique

année pendant trois ans chez 96 517 patients, parmi lesquels

205 cas de carcinome spinocellulaire ont été diagnostiqués. De ces

cas, 41 % étaient des cancers de stade I ou II, et le taux de survie à

5 ans a été de 50 %. Parmi 87 655 personnes qui n’avaient pas été

évaluées annuellement, 158 cas ont été diagnostiqués, dont 23 %

étaient des cancers de stade I ou II; le taux de survie a été de 34 %.

La détection des cancers à un stade précoce dans la population

soumise au dépistage a donc réduit de 21 % la mortalité due au

cancer de la bouche

9

.

Les tests de dépistage et de diagnostic doivent être évalués en

fonction de leurs caractéristiques et de leurs résultats (

tableau 2

).

Le risque de surdiagnostic (faux positifs) de CSCB et de COP

peut se traduire par une augmentation des tests, parfois inva-

sifs (il s’agit habituellement d’une biopsie mineure qui cause un

inconfort de courte durée et augmente les coûts) et un risque

de surtraitement

9

. L’exactitude des résultats de la biopsie peut

elle aussi varier

10

. Il est important de souligner toutefois que la

plupart des études n’examinent pas la valeur du diagnostic exact

d’affections bénignes qui requièrent une prise en charge et qui,

dans les études de dépistage, sont souvent désignées de « faux

positifs ». Les faux négatifs sont sans doute les résultats les plus

préoccupants, car ils peuvent avoir pour effet de rassurer à tort le

patient et faire en sorte que des cancers non détectés continuent

d’évoluer. En général, les tests plus sensibles sont plus susceptibles

de produire un taux plus élevé de faux positifs et d’entraîner ainsi

des analyses et des tests plus poussés, auxquels sont associés des

risques et des coûts.

Analyse

Bien que la détection précoce des APMCB, du CSCB et du COP soit

souhaitable, les données en faveur du dépistage sont limitées. Le

fait de cibler les populations à haut risque (

tableau 3

), au sein des-

quelles la prévalence est plus élevée, pourrait accroître la valeur

potentielle du dépistage. Les problèmes entourant le dépistage de

maladies de faible prévalence rendent le dépistage plus complexe

et augmentent le risque de faux positifs et de faux négatifs ainsi

que les coûts. Ces problèmes continueront de poser des difficul-

tés pour la détection du cancer de la bouche. À l’heure actuelle,

les meilleures données probantes se limitent aux populations à

haut risque, comme les personnes qui ont des antécédents de

cancer des voies aérodigestives supérieures, qui font une grande

consommation de tabac ou d’alcool, qui ont été exposées au VPH

ou qui sont immunodéprimées. Il serait sans doute préférable

d’évaluer ces populations dans les cliniques pour personnes à haut

risque, comme les cliniques spécialisées dans le traitement des

maladies des muqueuses, du cancer ou des infections transmis-

sibles sexuellement. De fait, les lignes directrices formulées par

l’Association dentaire américaine en vue d’améliorer les tests

auxiliaires

(tableau 4

) ciblent ces cliniques et centres de traitement

pour populations à haut risque

7

.

Un dépistage opportuniste, combiné à l’examen dentaire et mé-

dical de routine, a été proposé, en particulier pour les populations

à haut risque décrites précédemment. Malheureusement, certains

membres de ces populations sont peu susceptibles de subir des

examens dentaires et médicaux de routine, étant notamment

freinés par le coût des soins et un savoir communautaire limité.

Tableau 1

Questions clés et caractéristiques qui déterminent

l’utilité du dépistage du cancer de la bouche

Questions clés :

Y a-t-il un stade précoce détectable de la maladie?

La détection précoce serait-elle bénéfique?

La prévalence de la maladie est-elle élevée?

Si la prévalence est faible, est-il utile d’évaluer les groupes à haut

risque?*

Caractéristiques des tests qui ont une incidence sur son utilité :

– Technicité du test

– Niveau d’expérience ou de formation requis

– Caractère invasif ou non invasif du test

– Validation dans le milieu ou la population où le test doit être utilisé

– Risque de faux positifs ou de faux négatifs

– Fréquence d’utilisation

– Étapes à suivre selon que les résultats sont positifs ou négatifs

– Coût du test ou de l’équipement

*Voir les facteursderisqueénoncésau

tableau3.

Tableau 2

Incidence des résultats du test de dépistage

Vrai positif

Faux positif*

Dépistage précoce, diagnostic

précoce

Traitement moins complexe

Probabilité plus élevée de

guérison et morbidité réduite

Réduction du coût du

traitement

Anxiété

Augmentation du nombre

de visites chez le médecin/

dentiste

Augmentation des coûts

Morbidité liée au test

Vrai négatif

Faux négatif

Patient rassuré; aucun autre

test

Retard dans l’établissement

du bon diagnostic

Évolution possible de la

maladie

*Tauxsouventplusélevéavec lesteststrèssensibles.

dépistage de l’antigène prostatique spécifique et la mammo­

graphie, et les lignes directrices à ce sujet sont continuelle­

ment revues sur la base des nouvelles données. Ces

exemples illustrent quelques-unes des questions qui doivent

être prises en compte pour le dépistage des APMCB, du CSCB

et du COP.

Lésions épithéliales potentiellement

malignes et carcinome spinocellulaire de

la cavité buccale

Les lignes directrices actuelles ne recommandent pas le

dépistage de masse des APMCB et du CSCB

4-6

et suggèrent

plutôt un dépistage opportuniste combiné à l’examen

buccodentaire durant la visite chez le dentiste

7,8

.

Une seule étude appuie le dépistage dans une population à

haut risque en Inde

9

. Dans cette étude, un examen clinique

visant à détecter le CSCB à un stade précoce a été fait chaque