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Volume 2 Numéro 6
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P
ratico
-
pratique
Alors que l’incidence du CSCB et du COP asso-
ciés au tabagisme est en baisse, le nombre de
nouveaux cas de ces carcinomes dus au virus
du papillome humain (VPH) est en hausse. De
fait, jusqu’à 20 % des nouveaux cas de CSCB
et jusqu’à 85 % des nouveaux cas de COP sont
associés à ce virus
1,2
.
L’étiopathogénie du carcinome spinocellulaire
est importante, car les taux de guérison sont
plus élevés dans les cas de CSCB et de COP
associés au VPH que pour ceux liés au tabac ou
à l’alcool
3
. Malheureusement, près des deux tiers
des lésions sont détectées à un stade avancé, ce
qui a une incidence sur les options de traitement
et sur la complexité des traitements requis et
augmente la morbidité et le coût du traitement.
L’hypothèse voulant que la prise en charge des
APMCB et du carcinome spinocellulaire à un
stade précoce améliore les résultats pour le
patient a mené à une intensification des efforts
en faveur d’une détection précoce. Cependant,
bien que l’on présume que la plupart des cas de
CSCB sont précédés d’une affection potentiel-
lement maligne, on ne sait pas si le carcinome
oropharyngé résulte de lésions précurseurs
potentiellement détectables.
Dépistage de santé publique
L’évaluation de l’utilité du dépistage repose en
grande partie sur la prévalence de la mala-
die dans une population donnée. Or dans le
cas d’affections peu répandues comme les
affections potentiellement malignes et le
carcinome spinocellulaire de la cavité buccale,
il est difficile d’évaluer cette utilité. De fait, les
faux positifs peuvent accroître le fardeau pour
le patient et le système de soins de santé. Le
dépistage des affections de la cavité buccale
est d’autant plus complexe qu’il est difficile de
distinguer les lésions inflammatoires courantes
d’une affection potentiellement maligne ou
d’un carcinome spinocellulaire avec les tests
auxiliaires actuels. Parmi les autres facteurs
importants à prendre en compte, mention-
nons les méthodes de dépistage disponi-
bles, les risques potentiels associés aux tests
de dépistage, le coût des tests, l’utilité des
résultats, ainsi que les conséquences des faux
positifs et des faux négatif
s (
tableau 1
).
Pour mieux comprendre le dépistage du cancer
de la bouche, il est utile de passer en revue le
dépistage d’autres types de cancer, notam-
ment le cancer du sein, du col de l’utérus, de la
prostate, du côlon, de la peau et du poumon. Le
dépistage d’autres affections courantes, comme
l’hypertension, est également utile. L’hyper
tension est une affection répandue, dont les
populations à haut risque sont bien connues et
dont le dépistage est non invasif, rapide et peu
coûteux; il est donc recommandé. En oncologie,
toutefois, il peut arriver qu’il y ait résolution
des cellules dysplasiques et même des cellules
cancéreuses, et c’est la raison pour laquelle il
est aujourd’hui recommandé de ne pas faire de
test de Papanicolaou chez les jeunes femmes de
moins de 21 ans. Nous n’avons pas de données
sur la rémission des APMCB, du CSCB ou du COP.
En ce qui concerne le cancer du poumon, il a
été démontré que la tomodensitométrie
4
est un
outil de dépistage utile chez les patients à haut
risque (p. ex. les grands fumeurs) âgés de 55 à
74 ans; cet outil n’est toutefois pas recommandé
dans d’autres cas en raison de son coût élevé, de
la radioexposition qui en résulte et des tests de
suivi nécessaires (p. ex. biopsie pulmonaire), ce
qui augmente les coûts et les risques. De même,
la controverse persiste concernant le test de
Dépistage des lésions épithéliales potentiellement malignes et
du carcinome spinocellulaire de la cavité buccale :
analyse des avantages et des risques
D’un point de vue personnel, il est impératif d’obtenir un diagnostic précoce. Du point de
vue de la santé publique, toutefois, l’utilité du dépistage s’ évalue en termes de probabilité.
Et ces perspectives sont souvent incompatibles. Bien que l’on préconise depuis des années le
dépistage pour favoriser une détection précoce des maladies, cette pratique a récemment été
remise en question pour bon nombre d’affections. Le présent article passe en revue les questions
liées au dépistage des affections potentiellement malignes de la cavité buccale (APMCB), du
carcinome spinocellulaire de la cavité buccale (CSCB) et du carcinome oropharyngé (COP).
Joel B. Epstein
DMD,MSD, FRCD(C),
FDS RCSE
Le Dr Epstein est
consultant pour le ser-
vice d’otorhinolaryngo
logie et de chirurgie
de la tête et du cou
au centre de cancéro
logie City of Hope, à
Duarte (Californie).
Il collabore également
avec le Samuel Oschin
Comprehensive Cancer
Institute du centre
médical Cedars-Sinai,
à Los Angeles, et exerce
la médecine buccale
en pratique privée à
Vancouver.
jepstein@coh.orgL'auteur n'a aucun intérêt
financier déclaré.
Cet article a été révisé par
des pairs.