Previous Page  37 / 48 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 37 / 48 Next Page
Page Background

37

Volume 2 Numéro 6

|

P

ratico

-

pratique

Alors que l’incidence du CSCB et du COP asso-

ciés au tabagisme est en baisse, le nombre de

nouveaux cas de ces carcinomes dus au virus

du papillome humain (VPH) est en hausse. De

fait, jusqu’à 20 % des nouveaux cas de CSCB

et jusqu’à 85 % des nouveaux cas de COP sont

associés à ce virus

1,2

.

L’étiopathogénie du carcinome spinocellulaire

est importante, car les taux de guérison sont

plus élevés dans les cas de CSCB et de COP

associés au VPH que pour ceux liés au tabac ou

à l’alcool

3

. Malheureusement, près des deux tiers

des lésions sont détectées à un stade avancé, ce

qui a une incidence sur les options de traitement

et sur la complexité des traitements requis et

augmente la morbidité et le coût du traitement.

L’hypothèse voulant que la prise en charge des

APMCB et du carcinome spinocellulaire à un

stade précoce améliore les résultats pour le

patient a mené à une intensification des efforts

en faveur d’une détection précoce. Cependant,

bien que l’on présume que la plupart des cas de

CSCB sont précédés d’une affection potentiel-

lement maligne, on ne sait pas si le carcinome

oropharyngé résulte de lésions précurseurs

potentiellement détectables.

Dépistage de santé publique

L’évaluation de l’utilité du dépistage repose en

grande partie sur la prévalence de la mala-

die dans une population donnée. Or dans le

cas d’affections peu répandues comme les

affections potentiellement malignes et le

carcinome spinocellulaire de la cavité buccale,

il est difficile d’évaluer cette utilité. De fait, les

faux positifs peuvent accroître le fardeau pour

le patient et le système de soins de santé. Le

dépistage des affections de la cavité buccale

est d’autant plus complexe qu’il est difficile de

distinguer les lésions inflammatoires courantes

d’une affection potentiellement maligne ou

d’un carcinome spinocellulaire avec les tests

auxiliaires actuels. Parmi les autres facteurs

importants à prendre en compte, mention-

nons les méthodes de dépistage disponi-

bles, les risques potentiels associés aux tests

de dépistage, le coût des tests, l’utilité des

résultats, ainsi que les conséquences des faux

positifs et des faux négatif

s (

tableau 1

).

Pour mieux comprendre le dépistage du cancer

de la bouche, il est utile de passer en revue le

dépistage d’autres types de cancer, notam-

ment le cancer du sein, du col de l’utérus, de la

prostate, du côlon, de la peau et du poumon. Le

dépistage d’autres affections courantes, comme

l’hypertension, est également utile. L’hyper­

tension est une affection répandue, dont les

populations à haut risque sont bien connues et

dont le dépistage est non invasif, rapide et peu

coûteux; il est donc recommandé. En oncologie,

toutefois, il peut arriver qu’il y ait résolution

des cellules dysplasiques et même des cellules

cancéreuses, et c’est la raison pour laquelle il

est aujourd’hui recommandé de ne pas faire de

test de Papanicolaou chez les jeunes femmes de

moins de 21 ans. Nous n’avons pas de données

sur la rémission des APMCB, du CSCB ou du COP.

En ce qui concerne le cancer du poumon, il a

été démontré que la tomodensitométrie

4

est un

outil de dépistage utile chez les patients à haut

risque (p. ex. les grands fumeurs) âgés de 55 à

74 ans; cet outil n’est toutefois pas recommandé

dans d’autres cas en raison de son coût élevé, de

la radioexposition qui en résulte et des tests de

suivi nécessaires (p. ex. biopsie pulmonaire), ce

qui augmente les coûts et les risques. De même,

la controverse persiste concernant le test de

Dépistage des lésions épithéliales potentiellement malignes et

du carcinome spinocellulaire de la cavité buccale :

analyse des avantages et des risques

D’un point de vue personnel, il est impératif d’obtenir un diagnostic précoce. Du point de

vue de la santé publique, toutefois, l’utilité du dépistage s’ évalue en termes de probabilité.

Et ces perspectives sont souvent incompatibles. Bien que l’on préconise depuis des années le

dépistage pour favoriser une détection précoce des maladies, cette pratique a récemment été

remise en question pour bon nombre d’affections. Le présent article passe en revue les questions

liées au dépistage des affections potentiellement malignes de la cavité buccale (APMCB), du

carcinome spinocellulaire de la cavité buccale (CSCB) et du carcinome oropharyngé (COP).

Joel B. Epstein

DMD,MSD, FRCD(C),

FDS RCSE

Le Dr Epstein est

consultant pour le ser-

vice d’otorhinolaryngo­

logie et de chirurgie

de la tête et du cou

au centre de cancéro­

logie City of Hope, à

Duarte (Californie).

Il collabore également

avec le Samuel Oschin

Comprehensive Cancer

Institute du centre

médical Cedars-Sinai,

à Los Angeles, et exerce

la médecine buccale

en pratique privée à

Vancouver.

jepstein@coh.org

L'auteur n'a aucun intérêt

financier déclaré.

Cet article a été révisé par

des pairs.