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39

Volume 2 Numéro 6

|

P

ratico

-

pratique

Le diagnostic d’une affection bénigne est utile pour le patient

et peut mener à un traitement et à un suivi adéquats; un faux

résultat positif indiquant une affection bénigne est alors utile pour

traiter et rassurer le patient. En revanche, un faux négatif peut re-

tarder le diagnostic. Dans le cas des lésions buccales, le problème

vient de la difficulté de distinguer les réactions inflammatoires

courantes des changements dysplasiques et malins. Les affections

potentiellement malignes et même le carcinome spinocellulaire

de la cavité buccale sont des processus complexes dont l’évolu-

tion est imprévisible, même si le risque qu’une affection potentiel-

lement maligne évolue en cancer est plus élevé en présence de

changements moléculaires plus avancés et de dysplasie

11

.

Parmi les méthodes diagnostiques actuellement disponibles, le

conseil des affaires scientifiques de l'Association dentaire amé-

ricaine recommande dans de telles circonstances

7

la coloration

par le bleu de toluidine réalisée par des experts pour les patients

à haut risque (données probantes de niveau I) ou la cytologie

exfoliative (données probantes de niveau II). Cependant, en raison

des données limitées, il ne recommande pas que ces tests soient

exécutés par des non-spécialistes ou chez des populations qui ne

sont pas à haut risque. L’utilisation de l’imagerie par fluorescence a

été proposée dans les cas connus de lésions épithéliales buccales

potentiellement malignes et de carcinome spinocellulaire pour

aider à en délimiter les contours

7

. Les résultats de la détection

visuelle des lésions de la muqueuse buccale et du diagnostic

histologique varient, et il semble qu’une expérience clinique,

qu’un usage approprié des méthodes et que de nouveaux outils

et appareils soient nécessaires pour améliorer le diagnostic

12,13

. En

raison du nombre limité d’études sur l’ensemble des tests auxi-

liaires utilisés en pratique générale, et de l’absence de données sur

les taux de faux positifs et de faux négatifs, aucune recommanda-

tion ne peut être formulée à ce stade-ci, et toutes les méthodes

sont considérées comme facultatives.

Tout comme dans le cas de lésions siégeant ailleurs dans l’orga­

nisme, on ne peut prévoir l’évolution des lésions buccales en

cancer; il arrive en effet qu’il y ait résolution de la dysplasie et

même d’un cancer précoce sans traitement, ce qui complique les

décisions en matière de diagnostic et de traitement. En attendant

d’avoir des outils de diagnostic plus prévisibles et de meilleures

mesures de l’évolution des lésions, les décisions cliniques doivent

actuellement s’appuyer sur les données probantes disponibles

et sur l’expérience. La norme actuelle consiste à distinguer les

lésions inflammatoires de la dysplasie et à exercer un suivi clinique

cohérent, avec examens histologiques s’il y a lieu. Pendant que

se poursuit la recherche de traitements plus efficaces, la prise en

charge des affections buccales potentiellement malignes repose

sur des données limitées, qui consiste en un traitement médical

et en un suivi de près s’il y a lieu, comme c’est le cas pour les

lésions dysplasiques détectées ailleurs dans l’organisme

14,15

. Bien

que la chirurgie puisse être envisagée plus souvent dans les cas de

dysplasie grave, il n’en demeure pas moins que le risque d’évolu-

tion en cancer persiste et qu’un suivi est nécessaire.

Les autorités de santé publique ne recommandent pas de dépis-

tage de masse pour les lésions buccales malignes, le carcinome

spinocellulaire buccal ou le carcinome oropharyngé. Cependant,

les recherches à ce sujet se poursuivent. Dans l’intervalle, il est

Tableau 4

Techniques pour le dépistage du cancer de la tête,

du cou et de la bouche

Techniques actuellement

disponibles

Technologies en

développement

– Auto-examen par le patient

– Antécédents : facteurs de risque,

symptômes

– Examen clinique

– Imagerie :

– Lumière de basse énergie, par

fluorescence

– Radiodiagnostic : IRM, autres

techniques d’imagerie

– Coloration des tissus : bleu de

toluidine

– Cytologie exfoliative

– Biopsie : histologie, tests

moléculaires

– Imagerie :

– Tomographie par

cohérence optique

– Spectrométrie Raman

– Cytologie exfoliative + tests

moléculaires

– Cytologie 3D

Remarque : IRM= imagerieparrésonancemagnétique

Tableau 3

Facteurs de risque et symptômes connus du cancer

de la bouche

Facteurs de risque

Symptômes*

Tabac : à fumer, à mâcher

Noix d’arec : à mâcher

Abus d’alcool

Activité sexuelle : infection

actuelle ou antérieure par le

VPH-16, le VPH-18

Immunosuppression :

traitement médical ou origine

génétique (p. ex. maladie de

Fanconi) ou infectieuse (VIH)

Antécédents de radiothérapie

de la tête et du cou,

chimiothérapie

Lésions épithéliales

précancéreuses (p. ex.

dysplasie, lichen plan)

– Lésions blanches/rouges,

aphtes buccaux, masse

(> 2 semaines)

– Saignement : bouche,

gorge

– Douleur/engourdissement :

unilatéral

– Mouvement limité des

tissus atteints

– Dents mobiles

– Masse cervicale

– Pharyngite, dysphagie,

dysphonie

– Perte de poids

*Bienqu’aucunedonnéen’indiqueque l’auto-examende labouchesoitbénéfiqueouutileaudiagnostic,

lesprofessionnelsde lasanté insistentsur l’importancedessymptômesdéclaréspar lepatient.Remarque :

VPH=virusàpapillomehumain

suggéré de faire une évaluation opportuniste durant les

examens dentaires de routine, car cela n’entraîne pas de

coûts supplémentaires à moins d’avoir recours à des tests

coûteux.

a

Références

Listecomplètedesréférencesà

jcda.ca/fr/article/e47

Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions et les

politiques officielles de l’Association dentaire canadienne.