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Volume 2 Numéro 6

|

L’ADC

sur

le

terrain

Une tendance intéressante s’installe dans la terminologie employée en

santé. De plus en plus, j’entends dire que les personnes bénéficiant de

soins sont des

clients

et non des

patients

.

Le

Petit Robert

définit un client comme une « personne qui requiert des services moyennant

rétribution » ou une « personne qui achète ». Le patient, lui, est une « personne qui subit ou va

subir une opération chirurgicale; personne qui est l’objet d’un traitement, d’un examen médical ».

Quand j’entends le mot client, je pense au genre de relation que j’entretiens avec mon avocat,

mon comptable, mon plombier ou ma coiffeuse. J’ai un grand respect pour leur expertise, mais

j’ai recours à leurs services dans un but précis et je ne leur confie pas tous mes antécédents

médicaux.

Le terme patient a une incidence complètement différente. Oui, je dois participer à la prise de

décision entourant mon traitement et je dois donner mon consentement éclairé, mais je donne

aussi à mon médecin tous les détails de ma santé et de ma vie, mes espoirs et mes craintes, et je

m’en remets à lui pour prendre des décisions pour lesquelles sa formation et son expérience l’ont

préparé. Ma vie et mon bien-être dépendent de son jugement et des soins qu’il me prodiguera.

Certains professionnels des soins buccodentaires se font un devoir d’utiliser

client

au lieu de

patient

. Les écoles où ils ont été formés les découragent vivement d’employer

patient

, qui

n’apparaît d’ailleurs presque jamais dans tout le canon de certains organismes de réglementation

en santé buccodentaire. Certaines soutiennent qu’un client a le droit de choisir son fournisseur,

d’autres qu’un dentiste ne traite pas une maladie et qu’en conséquence la personne n’est pas un

patient.

J’estime que l’emploi de

client

au lieu de

patient

réduit les soins de santé à une transaction

d’affaires et les services de santé à de la marchandise. Quand une personne entend le mot

patient, elle pense tout de suite à médecin, comme dans la relation médecin-patient, et

l’utilisation de ce terme peut changer quelque peu – ou beaucoup – la dynamique des choses.

Les personnes que nous traitons sont des patients et non des clients. Elles s’en remettent à nous

pour poser un diagnostic et prescrire un traitement. Elles nous accordent leur consentement pour

intervenir de manière invasive et apporter des changements irréversibles à leur corps. (Pensez-y,

Groupe de travail sur la confiance et la valeur

CLIENT

ou

PATIENT?

Dre Lynn Tomkins

La Dre Lynn Tomkins,

DDS, représente l’Ontario

au conseil d’administration

de l’ADC et est membre du

Groupe de travail sur la

confiance et la valeur. Elle

exploite un cabinet privé

à Toronto et fait partie

de la Faculté de médecine

dentaire de l’Université de

Toronto.

Pour de plus amples

renseignements sur le sujet

du « client ou patient »,

regardez l’entrevue avec

la Dre Cheryl Cable de

l’Université de l’Alberta à

oasisdiscussions.ca/ 2015/04/02/pc-6

[en anglais]

J’estime que l’emploi de

client

au lieu de

patient

réduit

les soins de santé à une transaction d’affaires et les

services de santé à de la marchandise.