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Volume3Numéro4
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L’
observatoire
Il faut aussi direque les études comme celle-ci n’offrent
pas depreuvedéfinitivedequoique ce soit. En raisonde
leur nature, elles ne lepeuvent pas. Il s’agit plutôt d’études
observationnelles. Si certains cherchent des preuves défi
nitives, nous nepouvons simplement pas en fournir. Or la
volontéde trouver des réponses faciles pousse certains à
présenter des informations dénaturées ou trop simplifiées.
Croyez-vousque l’absencede culture scientifique
complique la tâched’aider les stratègespolitiques à
comprendre laquestionde lafluoruration?
Cela fait nettement partiedudéfiet, en tant que cher
cheurs, nous nous devons d’accroître la culture scientifique,
même si nous n’excellons pas toujours en ce sens. Dans
notre cas, nous avons décidédepublier nos travaux en libre
accès, cequi les rend accessibles à tous, et denousmettre à
dispositionpour les présenter ou les expliquer, si besoinest.
Certainsontutilisévos résultatspour interveniren
faveurde lafluoruration, etd’autres contrecelle-ci.
Vu les raisonspour lesquelles certains s’opposent
à lafluoruration, lesdonnées scientifiques impor-
tent-ellesdans lesdébats surcettequestion?
C’était très intéressant. Nous savonsbienquecettedécision
ne reposepas seulement sur desdonnées. Jecroisque les
donnéesdoivent fairepartiede ladécision,maisqu'elles
doivent êtreprises enconsidérationdans leur entièretéet
être interprétées justement et avec rigueur. Les conseillers
municipauxont la tâchedifficileparcequ’ilsdoivent tenir
comptede tous ces facteurs.
Avez-vous lu les remarquespubliquesdeceuxqui
ont très rapidementdénoncévotre rechercheou
avez-vous euenviededéfendrevos résultats?
Oui, les critiquesont tôt fait d’arriver! Nous enavons lues.
Certainsdes commentaires étaient avisés et empruntaient
un tonauquel on s’attenddansundébat scientifique.
Maisd’autres étaient plus agressifs et nousne savions tout
simplement pas s’il valait lapeined’y réagir.
McLarenL, PattersonS, Thawer S, FarisP,McNeil D, PotestioM, Shwart L.
CommunityDentOral Epidemiol.
2016;44(3):274-82.
Questionde recherche
:
L’abandonde lafluorurationde l’eaua-t-elleune incidenceàcourt terme sur la
cariedes surfacesdentairesdes enfants?
Populationétudiée
:
EnfantsdeCalgaryet d’Edmontonen2
e
annéeen2004-2005 (avant l’abandonde
lafluorurationde l’eauàCalgary) et en2013-2014 (après l’abandonde lafluorurationàCalgary). Plusde
5000enfantsont fait partiede l’étude.
Quellesmesuresontétéprises
:
Surfacesdentaires temporaires cariées, extraites (àcaused’unecarie) et
obturées (caof) et surfacesdentairespermanentes cariées, absentes (àcaused’unecarie) et obturées (CAOF).
Lesdonnéesont étéanalyséespour toutes les surfacesdentaires et les surfaces lisses seulement.
Résultats
:
Pour lesdentsprimaires, àCalgaryet àEdmonton, il yauneaugmentation statistiquement
significativede lacariedentaireen2013-2014 (après l’abandonde lafluoruration) par rapport à2004-2005
(avant l’abandon).Mais cetteaugmentationaété sensiblement supérieureàCalgary. Par exemple,
lenombredecaof àCalgary s’est accruenmoyennede3,8entre2004-2005et 2013-2014– soit
lapériodedurant laquelle laVilleacessé lafluoruration–par rapport à2,1àEdmonton.
Pour toutes les surfacesdesdentspermanentes, lacarieadiminué (c’est-à-direque la
santébuccodentaire s’est améliorée) àCalgaryet àEdmonton, bienque ladiminution soit
statistiquement significative seulement àCalgary.
Toutefois, pour cequi est des surfaces lissesdesdents atteintes (celles ayant un indice
CAOF>0), il yavait une tendancenon significativevers l’augmentationde lacarieà
Calgary (après l’abandonde lafluoruration) qui n’apas été relevéeàEdmonton.
Interprétation
:
Les auteurs concluent que, pour lesdentsprimaires, les résultats
montrent que lafinde lafluorurationde l’eauàCalgarya fait augmenter lacarieà
court terme (soit 2,5à3ans après l’abandon). Quant auxdentspermanentes, les
tendances laissent présager des indicesprécocesd’effets indésirables,mais il faudra
impérativement continuer à suivre l’évolutionde la situation.
Aperçude l’étude