L'essentiel de l'ADC 2016 • Volume 3 • Numéro 1 - page 7

A
ucoursdesdernières années, il a
souvent étéquestiondesorganismes
multirésistantsdans lespublications
savantes et lesgrandsmédias,mais
l’enjeun’est pourtant pasnouveau.
Lacapacitédesmicroorganismesd’acquérir des
gènesde résistanceaété remarquéedans les
années 1940, après ladécouverted’un staphylo-
coque résistant à lapénicilline. Depuis, cefléaua
évolué, notamment en raisonde l’usage répan-
duet peut-être inappropriédes antibiotiques.
Lapartde risques
Enmédecinedentaire, les antibiotiques servent
quasi uniquement de traitement d’appoint; les
traitementsdepremière intentiondoivent êtredes
interventions chirurgicales, telsunepulpectomie,
une incisionet undrainage, ouuneextraction.
Les antibiotiquesdevraient être réservés aux cas
degrandeportéeoud’origine systémique, comme
lafièvreou les cellulites. AuCanada, quelques
documentsprobants éclairent sur le sujet. Il ya
notamment unarticledu
JADC 
1
de1988 sur la
résistanceauxantimicrobiens et son incidence.
Aussi, en2004, laCollaborationcanadienne sur
lesguidesd’exercicecliniqueenmédecine
dentaireapubliédes lignesdirectricesne
recommandant pasd’antibiothérapiepour
lesdeuxaffectionsdouloureuses lesplus
courantes : lapériodontiteapicaleaigüe
et l’abcès apical aigu (bienqu’uneantibio­
thérapiepuisseêtre indiquéedans ce
dernier cas si undrainageest impossible)
2
.
En2007, l’Associationaméricainedesmaladies
ducœur apubliédes lignesdirec-
trices sur lapréventionde
l’endocardite infectieuse
3
qui recommandent une
antibioprophylaxie seulement pour les affections
et les interventions lesplus susceptiblesdecauser
une telle inflammation. Les auteurs reconnaissent
que lesbactériémies favorisant l’endocardite infec-
tieuse sont associées àdes activitésduquotidien
(et nonàdes interventionsdentaires) et notent que
l’expositioncumulativeàunebactériémie sur une
annéeest environ5,6millionsde fois supérieures à
la suited’activitésduquotidienquede l’extraction
d’une seuledent. Ils soulignent aussi les risques
des antibiotiques : les effets indésirablesnon fatals
sont courants, et il ya15à25 réactions anaphylac-
tiquesmortellesparmilliondepatients traités à la
pénicilline, 64%desdécès seproduisant chezdes
personnes sans antécédents familiauxd’allergieà
lapénicilline. Cesobservationsdénotent que les
risquesd’uneantibioprophylaxieenmédecine
dentairedépassent les avantagespotentiels, à
quelques exceptionsprès.
Un cocktail explosif
En2014, l’Associationdentairebritanniquea tenu
un sommet sur la résistanceauxantimicrobiens en
médecinedentaireet apubliéun rapport
4
notant
que « tout adangereusement convergéen raison
de lapertecroissanted’antimicrobiens efficaces
causéepar la résistancedesnouveauxagents
antimicrobiens et la lenteur de leur découverte. »
AuRoyaume-Uni, lesdentistes émettent 9%des
ordonnancesd’antibiotiques (soit 41,6millions
d’ordonnances en2013), et 70à80%d’entreelles
ne respectent pas lesdifférentes lignesdirectrices
fondées sur desdonnéesprobantes.
AuCanada, lespratiquesdesdentistes àcet
égard–et lapertinencede leursordonnances –
sontmoins claires. Toutefois, leprogramme
PharmaNet de laColombie-Britannique, qui
recueilledesdonnées sur leshabitudesdes
habitudesdeprescription
Résistance aux antimicrobiens et
7
Volume3Numéro1
|
L’ADC
sur
le
terrain
AlastairNicoll, bdsh
ons
Mot duprésident
1,2,3,4,5,6 8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,...48
Powered by FlippingBook