Volume 12 • 2025 • Numéro 5

Perspectives et points sensibles Les auteurs de l’article du JCDA voient des signes précoces de réussite : adoption rapide par les patients, notoriété croissante et forte participation des dentistes. Cependant, plusieurs défis demeurent. Le RCSD n’est pas encore connu de tous, en particulier des personnes qui en ont le plus besoin. L’obligation de produire une déclaration de revenus pourrait exclure de 10 à 12 % des personnes qui bénéficieraient le plus du RCSD. Ces personnes vivent souvent dans la pauvreté ou font partie de groupes marginalisés et sont confrontées à des obstacles tels que la langue, la méconnaissance du programme ou le manque de soutien. Faute de données adéquates sur les demandes d’indemnisation, on ignore encore l’incidence du programme sur les types de soins, les résultats en matière de santé buccodentaire et la fréquence des consultations. Le point de vue des patients sur l’abordabilité, la stigmatisation et la satisfaction n’a pas encore été évalué non plus. Aussi, les programmes de formation en médecine dentaire sont confrontés à des risques, puisque les patients trouvent des soins plus près de chez eux, ce qui réduit le nombre de visites dans les cliniques universitaires et limite la possibilité d’acquérir de l’expérience pour les étudiants. Conséquences pour la politique Les auteurs du JCDA recommandent des campagnes de sensibilisation ciblées, de l’aide pour que les demandeurs s’y retrouvent dans le programme et un suivi attentif des pratiques de facturation. Une fois que les données sur les demandes d’indemnisation seront disponibles, il faudrait les analyser pour tracer un portrait de l’utilisation, des résultats et de l’incidence sur l’équité. Des études coût-efficacité permettront de déterminer si l’investissement public apporte une valeur durable. Les auteurs insistent aussi sur l’importance de maintenir les possibilités de formation pour les étudiants en médecine dentaire grâce à des subventions et au recrutement de patients, et de suivre les variations dans l’accès entre les régions urbaines et rurales. La suite En moins d’une année, le RCSD a réussi à faire croître rapidement le nombre d’adhésions et la participation des dentistes. Cependant, sans des données complètes, il n’y a toujours pas de réponse à la question fondamentale, à savoir si le programme réduit les iniquités en matière de soins buccodentaires. z couverture complète (quote-part de 0 %) : revenu familial inférieur à 70 000 $ z quote-part de 40 % : revenu familial à 70 000 $-79 999 $ z quote-part de 60 % : revenu familial à 80 000 $-89 999 $. Les services couverts comprennent les diagnostics, les nettoyages, les soins de restauration, les services endodontiques et les prothèses dentaires, bien que certaines interventions nécessitent une autorisation préalable. Le taux de paiement du RCSD est inférieur à celui du guide des tarifs de bien des associations dentaires provinciales ou territoriales. En Colombie-Britannique, exemple cité dans l’article du JCDA, le taux du RCSD couvre environ 70 % du tarif suggéré, ce qui peut entraîner une «facturation du solde» contraignant le patient à devoir payer la différence. Le régime est administré à l’échelle fédérale par Sun Life et offert par l’intermédiaire du secteur privé. Pour soutenir la formation de futurs dentistes, Santé Canada a lancé le Fonds d’accès à la santé buccodentaire, qui offre des subventions aux facultés de médecine dentaire afin de combler les lacunes en matière de connaissances et de compétences des étudiants et d’adapter leur formation pour qu’ils aient suffisamment d’occasions de formation pratique. Données à l’heure actuelle L’article du JCDA repose sur deux principales sources : les données sommatives de Santé Canada sur le RCSD – qui suivent le nombre de demandeurs approuvés, de personnes recevant des soins et de dentistes participants – et l’Enquête auprès des fournisseurs de soins buccodentaires (EFSB) de Statistique Canada, menée au milieu de 2024 auprès de quelque 5 100 professionnels dentaires sélectionnés au hasard. L’étude porte surtout sur des données descriptives – totaux, pourcentages et moyennes – puisque les données sur les demandes d’indemnisation et la perspective des patients ne sont pas encore publiées. Entre le 31 août 2024 et le 23 mai 2025, le programme s’est considérablement élargi : z le nombre de demandes approuvées est passé de 2,3 millions à 4,075 millions (augmentation de 77,2 %) z le nombre de demandeurs qui reçoivent des soins est passé de 450000 à plus de 2 millions (augmentation de 344,6 %) z et le nombre de dentistes participants est passé de 19150 à 25668 (une augmentation de 34,0 %). À la fin de mai 2025, l’Ontario (792 689 patients) et le Québec (627 707 patients) étaient les provinces qui comptaient le plus de patients, ce qui reflète leur taille relative par rapport à la population totale du pays. L’EFSB a révélé que plus de 60 % des cabinets se déclaraient prêts à accueillir les patients supplémentaires que le RCSD allait leur amener. Ceux qui prévoyaient un agrandissement avaient le moins d’hésitation, tandis que ceux où il y avait des délais d’attente plus longs ou qui prévoyaient réduire leurs activités étaient moins enclins à vouloir accepter de nouveaux patients. Référence 1. Brondani MA, Jessani A, Faria-e-Silva AL, Ardenghi DM. Initial findings from the Canadian Dental Care Plan: policy in action. J Can Dent Assoc 2025;91:p15. Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues ou les politiques officielles de l’Association dentaire canadienne. 10 | 2025 | Numéro 5 L’observatoire

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=