Volume 11 • 2024 • Numéro 3

Dre Sahra Kanji Mon parcours en médecine dentaire et dans le monde des affaires a commencé tôt. Après que ma famille a immigré au Canada dans les années 1970, mon père, pharmacien, a pris l’audacieuse décision d’acheter une pharmacie de quartier dans l’espoir de bâtir une vie meilleure pour sa famille. À l’époque, je ne me rendais pas compte de ce qu’il avait sacrifié et des risques qu’il avait pris; il avait renoncé à passer du temps avec sa famille, à avoir un filet de sécurité.À l’adolescence, j’ai travaillé à ses côtés au comptoir et j’ai vu toute l’ardeur qu’il mettait à établir des liens avec ses patients et à servir la collectivité. Il est toujours propriétaire de cette pharmacie après plus de 30 ans et y travaille encore à l’âge de 72 ans. Aussi, j’ai eu la chance de grandir dans la communauté musulmane ismaélienne, qui a un solide sens des affaires et qui m’a donné le goût de faire des études supérieures, d’adhérer au principe de méritocratie et de donner en retour. Grâce aux bases jetées par ma famille et par ma communauté, je craignais moins de prendre des risques et de lancer des entreprises. J’ai toujours voué un grand intérêt à la science, surtout à la biologie. Alors que j’envisageais différents choix de carrière à l’adolescence, la dermatologie et la médecine dentaire ont retenu mon attention. J’étais attirée par les disciplines qui alliaient science et art. J’ai terminé mon diplôme en sciences de la vie à l’Université Queen’s et j’ai fini par choisir la médecine dentaire et par faire le doctorat en chirurgie dentaire à l’Université de Toronto. Après mes études, je suis rentrée à Calgary et j’ai travaillé comme associée dans deux cabinets. Même si j’ai aimé la souplesse et l’expérience que ces deux postes m’ont procurées, je savais que je voulais faire plus. J’ai la chance d’avoir une solide relation de partenariat avec mon mari. Nous sommes ensemble depuis mes 16 ans et c’est vraiment mon partenaire en tout. À 29 ans, nous avons acheté notre premier cabinet ensemble. La même année, nous avons fondé un autre cabinet en partant de rien, en partenariat avec une autre femme d’affaires. Bien des gens disent qu’acquérir ou lancer une nouvelle pratique, c’est comme avoir un bébé, et c’est le cas! Ces premières années n’ont pas été de tout repos, mais heureusement, grâce à notre esprit de partenariat et de persévérance, nous nous en sommes sortis. Aujourd’hui, nous avons deux magnifiques fils et supervisons six cliniques. À bien des égards, mes premières aspirations professionnelles se sont concrétisées. Je pratique une variété d’interventions dentaires esthétiques, y compris des injections de neuromodulateurs et d’agents de comblement dermique, tout en établissant des liens avec les patients et en servant ma communauté. J’ai l’impression qu’en tant que femmes, on a tendance à se sentir coupables de se faire passer en premier, mais je me suis rendu compte qu’il était possible de prendre du temps pour soi, de s’accorder des congés pour s’occuper de soi, de rester en forme, de consacrer du temps à ses amitiés, de faire du bénévolat dans sa collectivité, de poursuivre ses aspirations professionnelles et d’être présentes pour sa famille, à condition de s’entourer du bon réseau de soutien, tant à la maison qu’au travail. Ne dit-on pas qu’« il faut tout un village»? Je veux que mes fils grandissent en me voyant comme une femme d’affaires accomplie et comme une super mère, et à toutes les femmes qui aspirent à entrer dans la profession, je veux dire qu’il est possible de tout faire! En m’occupant de moi, je suis mieux à même de prendre soin de ma famille, de mon équipe et de mes patients. Mes parents et le père de mon mari vivent tout près et on leur demande souvent de l’aide. On a une gardienne à temps partiel qui nous aide à ne pas perdre le nord. On a un solide réseau d’amis qui ont de jeunes enfants comme les nôtres et Lesmentalités sur le rôle des hommes et des femmes évoluent tout comme notre façon de gérer la vie familiale et l’éducation des enfants, ce qui permet aux femmes d’assumer plus de responsabilités professionnelles et des rôles de direction. Témoignages de chefs de file : Les femmes en médecine dentaire 32 | 2024 | Numéro 3

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