Volume 11 • 2024 • Numéro 3

La Dre Antonella Trache dans son cabinet d’Edmonton. J’ai été choisie pour suivre une formation en chirurgie buccale et maxillofaciale et j’ai fait une résidence de quatre ans à Houston, au Texas. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en 2008, j’ai été déployée en Afghanistan. Ma fille avait 8 mois quand j’ai commencé le programme de chirurgie buccale à Houston, alors elle avait 4 ans quand j’ai été appelée à aller en Afghanistan. J’étais mère célibataire et je ne voulais pas vraiment y aller à l’époque, mais j’ai fait mon devoir. Mes parents ont déménagé à Halifax, où j’habitais, pour s’occuper de ma fille pendant que j’étais en mission. C’est tellement gratifiant. Et, en toute franchise, je travaille actuellement plus d’heures que jamais : je prépare mes cours, je réponds aux courriels des étudiants, je fais des consultations et j’examine des dossiers pour voir quels cas seraient utiles à mes étudiants. Je trouve que mes missions en Afghanistan ont été valorisantes, mais je pense qu’aujourd’hui, en tant qu’enseignante, je peux agir encore plus utilement. Je me garde la main, pour ainsi dire, en voyant des patients dans un cabinet privé, le Contours Oral Surgery d’Edmonton, une installation chirurgicale non hospitalière détenue par une autre chirurgienne buccale et maxillofaciale, chef de file et enseignante dans notre domaine. Sur le plan professionnel, j’ai l’impression d’avoir porté plusieurs chapeaux, qui ont chacun été une source de défis et de gratification incroyable. Mes deux missions en Afghanistan, en 2009 et 2011, ont été marquantes dans ma carrière. J’ai pu vivre des choses que la plupart des gens ne vivront jamais. J’étais parfois inquiète, surtout lors de la première mission, parce que je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’étais la seule spécialiste en traumatologie maxillofaciale dans la région de Kandahar, alors tout ce qui partait de la clavicule vers le haut m’était confié. Nous ne refusions personne à l’hôpital. Nous traitions donc des militaires canadiens, américains, européens et afghans, mais aussi de nombreux civils afghans, dont beaucoup d’enfants. À cause de la guerre, les interventions chirurgicales en Afghanistan étaient plus variées et se déroulaient avec plus d’urgence qu’au Canada. À l’hôpital multinational où j’ai travaillé, il régnait un véritable esprit de camaraderie et d’amitié entre nous. J’ai pu assister des chirurgiens thoraciques, orthopédiques et ophtalmiques, ce qui ne serait jamais arrivé au Canada. J’ai notamment participé à des greffes de la peau, des amputations, des neurochirurgies et des chirurgies intestinales. J’ai pris ma retraite des Forces, au grade de major, en 2013, après 21 ans de service, et j’ai ensuite travaillé à temps partiel dans des cabinets privés et à l’Université de l’Alberta. En 2020, je me suis jointe à temps plein à la Faculté de médecine dentaire de cette université en tant que responsable de la discipline de la chirurgie buccale et maxillofaciale. J’adore mon rôle. Je me suis découvert une passion pour l’enseignement que je ne me connaissais pas. J’ai commencé à travailler comme dentiste à part entière à 24 ans et j’avais l’air assez jeune. Il s’est trouvéquemonassistant dentaire de l’époque était un homme. Certains patients croyaient qu’il était le dentiste etmoi l’assistante. 31 Numéro 3 | 2024 |

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=