Volume 9 • 2022 • Numéro 4

Une médecine dentaire écoresponsable A u début de la pandémie, je suis sortie de mon immeuble résidentiel du centre- ville de Toronto et, au lieu du tohu-bohu habituel de la ville, je n'ai entendu que le chant des oiseaux. En cet instant à la fois émouvant et doux-amer, notre incidence sur la nature est devenu indéniable. Penser à la pandémie me renvoie avec tristesse au souvenir des personnes disparues et des épreuves que tant de gens ont dû subir, mais son incidence sur l’environnement s'est aussi fait sentir. Quelque trois milliards de personnes ont dû se confiner. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de pétrole a chuté de 435000 barils au cours du premier trimestre de 2020. Une partie de l’activité industrielle et économique a été réduite et la fréquence des voyages a beaucoup diminué. Une étude a avancé que les émissions de dioxyde de carbone de la Chine avaient baissé de 25 % au début de 2020. Une autre étude, en Ontario, a montré que la réduction du nombre de voitures sur la route s’est traduite par le taux d’émissions de dioxyde d’azote le plus bas de l’histoire. Bien que la pandémie ait eu certains avantages pour l’environnement, elle a aussi eu bien des inconvénients. Elleaentraînéuneaugmentation importantedes déchets produits par le secteur de la santé, y compris par la médecine dentaire. Le fardeau environnemental des mesures de prévention des infections et de l’équipement de protection individuel (ÉPI) préoccupait déjà les dentistes avant la pandémie, et les inquiétudes n’ont fait que de s’aggraver. Je crois que notre profession, en tant que partie intégrante du secteur de la santé, a l’obligation éthique de se préoccuper de l’environnement dont dépend la santé humaine. Je connais bien des dentistes qui ont pris des mesures pour rendre leur cabinet plus écologique. Plusieurs ont déjà trouvé des moyens de réduire le nombre de rendez- vous nécessaires à certains traitements dentaires pour ainsi diminuer la quantité d’ÉPI utilisés ou encore de voir des patients en mode virtuel, deux façons de faire qui aident à protéger l’environnement. La fluoruration de l’eau municipale, la prévention et les traitements conservateurs contribuent aussi à réduire la somme de soins dentaires dont une personne a besoin au cours de sa vie, ce qui s’avère unmoyen efficace de limiter l’impact de la médecine dentaire sur l’environnement. Il y a aussi un énorme potentiel écologique à explorer dans nos discussions avec nos fournisseurs, dans l’examen des sources d’énergie que nous consommons et dans notre réflexion sur la façon de nous débarrasser de nos déchets. Même notre moyen de transport pour nous rendre à notre cabinet peut peser dans la balance. La pandémie nous a montré toute l’efficacité que peuvent avoir les réunions virtuelles. Le monde associatif dentaire doit songer sérieusement à l’impact des déplacements sur l’environnement lorsque vient le temps de décider où tenir nos réunions et dans quelle formule. Il est certes utile de nous rencontrer en personne, mais en contrepartie il faut tenir compte de l’empreinte carbone de nos déplacements en avion. Nous avons besoin d’une vision stratégique de l’écoresponsabilité en médecine dentaire qui donnera le ton pour tout le secteur de la santé buccodentaire. La Fédération dentaire internationaleapubliéunedéclarationdeconsensussur lessoinsbuccodentairesécologiques qui présente des stratégies et des solutions de portée mondiale (p. 20)  ; nous pourrions les adapter au contexte canadien. Cette vision pourrait servir de fondement à l’élaboration de stratégies et de méthodes réalistes qui aideront chaque dentiste dans son cabinet à faire des choix bénéfiques pour l’environnement et pour ses résultats financiers. Elle pourrait aussi guider les associations dentaires dans les pourparlers avec les gouvernements et l’industrie dentaire en vue de trouver des solutions écologiques. La protection de l’environnement exige un effort mondial, mais j’estime que les dentistes du Canada devraient être les chefs de file de la profession en matière de pratiques écologiques dans le monde. En plus de défendre la santé buccodentaire de nos patients et de travailler à toute une série de dossiers d’importance pour notre métier nous pouvons faire un pas dans la bonne direction qui profitera aux dentistes, aux patients et à la planète. Mot de la présidente Dre Lynn Tomkins president@cda-adc.ca 7 Numéro 4 | 2022 | L’ADC sur le terrain

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