Volume 9 • 2022 • Numéro 1

J’espère que cette récente flambée des cas nous fera apprécier tous les avantages de la vaccination et qu’un nombre accru de personnes choisiront de se faire vacciner. Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions ni les politiques officielles de l’Association dentaire canadienne. Q Que signifie cette dernière vague pour la profession dentaire au Canada? AB : Pour bien des dentistes, la vigilance et la prudence dans nos vies à l’extérieur de nos cabinets nous ont permis d’éviter de contracter la COVID. Maintenant, nous devons repenser tout ce que nous faisons à l’extérieur des salles de traitement à cause du risque accru. Personnellement, j’ai dû annuler des projets de voyage et revoir toutes les stratégies que j’avais mises en place pour me protéger et protéger ma douce moitié parce que nous travaillons tous les deux auprès de populations à haut risque. Le Collège royal des chirurgiens dentistes de l’Ontario a apporté quelques changements aux protocoles pour les cabinets dentaires avant Noël, comme demander que tout membre du personnel qui pourrait être en contact avec des patients porte toujours un respirateur N95 (p. 19). Nous traversons une période difficile; bien des cabinets ont pris le temps de refaire le point entre Noël et le jour de l’An et ont repris leurs activités dans un contexte très complexe que nous essayons tous de comprendre. Nous lisons les nouvelles et écoutons les messages de santé publique, mais il y a beaucoup de contradictions, ce qui complique encore davantage les choses. Il est normal de ne plus savoir à quel saint se vouer. Q Il semble qu’en Afrique du Sud, le variant Omicron a connu un pic et un déclin assez rapides. Vous attendez-vous à la même chose au Canada? AB : À la mi-décembre, il y avait en moyenne 20 000 nouveaux cas de COVID par jour en Afrique du Sud. Un mois plus tard, ce nombre est passé à 6 000 par jour. La théorie veut que quand il y a un pic comme celui-ci – et je parle délibérément de pic parce que la forme n’est pas une courbe comme les autres vagues –, un virus extrêmement contagieux infecte rapidement presque tout le monde, puis décline parce qu’il n’a plus de personnes à infecter. Les chiffres d’Afrique du Sud et les dernières nouvelles voulant que le nombre de cas se stabilise à certains endroits comme à New York me donnent de l’espoir. Mais j’attends aussi de voir ce qui se passe en Europe, où Omicron n’est apparu qu’à la fin de novembre. Q Certains reportages décrivent le variant Omicron comme étant « doux ». Pensez-vous que ce soit juste? AB : Je dirais plutôt qu’il est moins grave. Moins de personnes doivent être hospitalisées que pour les variants antérieurs. Moins de personnes doivent être admises aux soins intensifs ou branchées à un ventilateur. Mais le nombre d’infections à lui seul signifie qu’un certain nombre de personnes tombent encore très malades. Les personnes atteintes d’un problème de santé sous-jacent ou ayant un facteur génétique que nous ne comprenons pas encore peuvent avoir besoin de soins médicaux à cause du variant Omicron. La présente vague diffère des autres : trop de personnes ont besoin de soins à un moment où les hôpitaux sont confrontés à une pénurie de personnel, parce que le taux d’infection parmi les employés est maintenant plus élevé. Notre système de santé subit d’énormes pressions à l’heure actuelle. Je suis aussi très préoccupé pour les personnes qui ne peuvent pas subir les opérations dont elles ont besoin parce que les hôpitaux s’occupent des patients atteints de la COVID. Alors, je n’emploierais pas l’adjectif « doux » qui donne à penser qu’il n’y a pas de risque. Il y a des risques, mais ils sont moins graves pour un nombre accru de personnes, en particulier celles qui sont entièrement vaccinées. Q Quel serait le scénario rose du présent « blizzard viral » occasionné par Omicron? Et quel serait le scénario noir? AB : J’ai l’impression que nous traversons un blizzard viral. La tempête fait rage partout autour de nous. Peut-être qu’elle passera vite, comme un blizzard, et que nous nous rapprocherons d’une forme endémique de la COVID. Nous pourrions devoir nous faire vacciner tous les ans contre la COVID, comme c’est le cas pour la grippe. Espérons que nos vies pourront retrouver leur cours normal. Je croise les doigts pour que ce soit le cas. Je me demande ce qui se passerait si une version endémique de la COVID comme Omicron arrivait et retirait de 20 à 40 % des travailleurs au cours des mêmes quelques semaines? C’est un peu ce que nous vivons actuellement et cela perturbe incroyablement l’économie. Mais tant que cela ne provoque pas de maladies graves, le réseau de santé devrait s’en sortir. Le scénario noir? J’espère sincèrement que nous n’aurons pas un variant aussi contagieux qu’Omicron, mais qui cause une atteinte plus grave. Le système de santé arriverait vite au bout de ses capacités. J’espère que cette récente flambée des cas nous fera apprécier tous les avantages de la vaccination et qu’un nombre accru de personnes choisiront de se faire vacciner. Il y a des différences importantes dans le taux de mortalité entre les endroits où le taux de vaccination est élevé et ceux où il est faible. 10 | 2022 | Numéro 1 L’ADC sur le terrain

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