Volume 8 • 2021 • Numéro 5

Genèse de l’étude La Dre Lindsay McLaren, professeure au Département des sciences de la santé communautaire et à l’Institut de santé publique O’Brien de l’Université de Calgary, étudie depuis plusieurs années l’arrêt de la fluoruration à Calgary. Le conseil municipal de Calgary a pris la décision d’ajouter du fluor à l’eau en 1989, et la fluoruration a commencé en 1991. Ensuite, la Dre McLaren précise que des efforts concertés ont tenté de casser cette décision. « En 2011, l’occasion de changer la politique s’est présentée et, en raison d’une série de facteurs, le conseil municipal de Calgary a voté pour l’arrêt de la fluoruration, » explique-t-elle. Quelle était cette occasion? Les installations de fluoruration devaient être mises à niveau, ce qui coûtait plusieurs millions de dollars. Les élections de 2010 ont renouvelé en grande partie les membres du conseil municipal et ont amené un nouveau maire. De plus, une modification de la législation provinciale a annulé l’obligation pour les municipalités de tenir un plébiscite sur la fluoruration. Calgary s’inscrit-elle dans une tendance d’arrêt de la fluoruration? Selon l’Agence de la santé publique du Canada, 43 % de la population canadienne était exposée à la fluoruration en 2007 contre seulement 39 % en 2017. « Ce déclin pourrait être surtout le reflet de la décision prise à Calgary, souligne la Dre McLaren. Il est utile de replacer la fluoruration dans son contexte historique. Elle a commencé à la fin des années 1940, puis elle a augmenté régulièrement dans les années 1950, 1960 et 1970 avant d’atteindre un plateau. Il y a maintenant une légère diminution, attribuable en grande partie à Calgary, une ville d’environ 1,3 million de personnes. » La prévalence des caries en dentition primaire était considérablementplusélevée à Calgary qu’à Edmonton, ce qui suggère que l’arrêt de la fluoruration s’est répercuté négativement sur la santé buccodentaire des enfants. Autres ressources [en anglais] Consultez la nouvelle étude publiée dans Community Dentistry and Oral Epidemiology à : onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/cdoe.12685 Pour tout savoir sur le processus décisionnel qui a conduit à l’arrêt de la fluoruration à Calgary, reportez-vous à : onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ropr.12318 Pour consulter les études antérieures de l’équipe sur l’arrêt de la fluoruration : sciencedirect.com/science/article/pii/S0033350616304656 onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/cdoe.12215 Des enquêtes montrent que souvent les personnes ignorent si leur eau municipale est fluorée. « Parfois, elles pensent qu’il y a du fluor dans leur eau même si ce n’est pas juste, confie la Dre McLaren. C’est souvent le cas avec la santé publique. Quand celle-ci s’occupe de son travail, personne ne s’en rend vraiment compte parce tout se fait en arrière-plan. » À peu près trois ans après le vote du conseil municipal de Calgary sur la fluoruration, la Dre McLaren et son équipe de recherche ont mené une première étude, qui est parue dans Community Dentistry and Oral Epidemiology en 2016 et dans Public Health (Elsevier) en 2017. Cette étude a montré une augmentation des caries chez les enfants. « À ce stade, nos résultats indiquaient que, en peu de temps, l’arrêt de la fluoruration semblait avoir eu des répercussions sur la santé dentaire, ce qui nous a incités à poursuivre la recherche, précise la Dre McLaren. Notre étude récente a fourni des données encore plus solides montrant que l’arrêt de la fluoruration était une mauvaise décision pour la santé dentaire des enfants. » 39 Numéro 5 | 2021 | Pratico-pratique

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