Volume 8 • 2021 • Numéro 5

Le Dr Kamea Aloha Lafontaine est un dentiste généraliste de Calgary et le fondateur de la société de développement de logiciels Intelli Network. Il raconte comment lui est venue l’idée de développer une application ayant pour but d’améliorer l’expérience des soins de santé des Autochtones. SafeSpace Démocratiser le signalement de préjudices pour les patients autochtones E n 2013, frais émoulu de la faculté de médecine dentaire et tout nouvellement propriétaire de son premier cabinet dentaire, le Dr Kamea Aloha Lafontaine s’est réveillé un matin avec une douleur abdominale atroce. « Ma femme m’a convaincu d’aller à l’urgence, raconte-t-il. J’avais une douleur insoutenable, ce qui fait que j’avais de la difficulté à parler pour moi-même. » À l’hôpital, le Dr Lafontaine a été victime de préjugés raciaux pour la première fois de sa vie adulte. « L’hôpital est situé dans une collectivité où il y a une grande communauté autochtone et j’ai remarqué que les personnes qui me soignaient entretenaient des idées préconçues à mon sujet parce que je suis Autochtone », explique-t-il. Le Dr Lafontaine avait toujours été traité avec respect en tant que chef d’entreprise et dentiste. « Mais j’avais l’impression que, dans une jaquette d’hôpital, je n’étais qu’un autre “Indien à problème”. » Quand le Dr Lafontaine a dit au personnel médical qu’il était dentiste, il a été un peu mieux traité. Il se trouve aussi que, son frère, anesthésiste, avait suivi une formation à l’hôpital et connaissait une partie du personnel, ce qui a également amélioré le sort du Dr Lafontaine. « Quand j’y ai repensé quelques années plus tard, je me suis vraiment demandé ce que vivent les autres patients autochtones, les patients qui n’ont pas les mêmes avantages que j’avais. » Application SafeSpace L’expérience du Dr Lafontaine l’a mené avec son frère, le Dr Alika Lafontaine, président désigné de l’Association médicale canadienne, à créer une application baptisée SafeSpace qui sert à signaler les cas de préjugés raciaux dans les soins de santé pour mener à des changements systémiques. « L’appli est un outil qui permet aux patients et aux médecins de se réunir pour discuter de leurs préoccupations et des changements qui s’imposent dans le réseau de la santé », explique le Dr Lafontaine. L’appli est actuellement mise à l’essai en Colombie-Britannique. Pour que le réseau de la santé s’améliore, il faut un retour d’information, mais souvent les patients ne dénoncent pas les préjudices. « Les préjudices sont assez fréquents dans le réseau de la santé, et encore plus pour les patients autochtones », rapporte le Dr Lafontaine. Il explique que signaler un préjudice comporte souvent des risques pour les patients autochtones. « Qu’arrive-t-il si cela nuit à la relation avec un fournisseur de soins? Et si vous perdez l’accès aux soins de santé dont vous avez besoin? », demande-t-il. Grâce aux chaînes de blocs, l’appli SafeSpace assure l’anonymat aux utilisateurs pour qu’ils puissent exprimer leur expérience et leurs préoccupations sans crainte de représailles. L’appli ne recueille pas Signaler un préjudice comporte souvent des risques pour les patients autochtones. Qu’arrive-t-il si cela nuit à la relation avec un fournisseur de soins? Et si vous perdez l’accès aux soins de santé dont vous avez besoin? 22 | 2021 | Numéro 5

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