Volume 8 • 2021 • Numéro 5

des discussions avec l’équipe de recherche, le ministère a accepté d’inclure de jeunes enfants, de sorte que l’échantillon comprendra cette fois des personnes de 1 à 79 ans. Nous avons aussi voulu voir s’il serait possible d’inclure des personnes de plus de 79 ans parce qu’il y a de toute évidence bien des personnes âgées de 80 ans et plus au pays qui souffrent de divers problèmes de santé et de santé buccodentaire. Statistique Canada n’y était toutefois pas prête, mais le ministère envisagera cette possibilité pour les futures enquêtes, tant pour les mesures de la santé générale que de la santé buccodentaire. Q Pourquoi une étude à si grande échelle est-elle nécessaire? PA : Il est important d’avoir des études qui examinent l’état de santé d’un échantillon représentatif de la population, soit quelque 7 000 participants des quatre coins du pays dans l’enquête à venir. Nous devons déterminer quel est l’état de santé de la population parce que cette information servira à des fins de planification et de recherche, mais aussi à des fins scientifiques. Malheureusement, vu que la santé buccodentaire est considérée de manière distincte de la santé générale, l’enquête sur la santé générale a lieu tous les 2-3 ans, mais elle ne comprend pas toujours un volet sur la santé buccodentaire. Alors, nous essayons de le faire inclure tous les 10-15 ans. Grâce aux efforts du Dr James Taylor et de l’équipe du Bureau du dentiste en chef du Canada ainsi qu’à Statistique Canada, nous avons réussi à faire inclure la santé buccodentaire dans la prochaine enquête. Leur dur labeur nous permettra de faire des comparaisons avec les résultats de l’ECMS de 2007-2009 et avec les données d’autres pays. Nous verrons quels aspects de la santé et des soins de santé s’améliorent et lesquels se détériorent, mais nous pourrons aussi examiner les enjeux émergents en matière de maladies et de santé buccodentaire. Ce projet de recherche arrive aussi à point nommé puisque les politiciens, sur la scène provinciale et fédérale, discutent actuellement de la nécessité de se pencher sur les soins dentaires essentiels. Des données suggèrent que les inégalités entre les groupes favorisés et les groupes défavorisés se creusent au Canada. Et puis il y a des questions scientifiques qui émergent, étant donné que nous voulons comprendre les liens entre la santé buccodentaire et la santé générale. Il s’agit d’un projet de recherche fantastique puisqu’il y aura non seulement des données sur la santé buccodentaire, mais aussi des prélèvements de sang, d’urine et de salive et d’autres mesures physiques qui pourraient éclairer le lien entre santé générale et santé buccodentaire. Il s’agira d’une enquête très approfondie sur la santé de la population. Q Quel genre de données seront recueillies? S’agira-t-il de données autodéclarées? PA : Il y aura des questions ainsi qu’un examen clinique approfondi. Cela signifie qu’un dentiste examinera la bouche des participants pour prendre des mesures de la santé parodontale, vérifier la présence de caries, etc. Mais les questions seront posées par les enquêteurs, de sorte que les participants ne répondront pas seuls aux questions. Par ailleurs, les enquêteurs se rendront chez les participants et recueilleront des échantillons d’eau du robinet pour mesurer le fluorure présent dans l’eau et étudier les niveaux. Ces données seront très pertinentes puisqu’une étude de longue haleine sur l’arrêt de la fluoruration de l’eau municipale vient de paraître (voir p. 38) . Elle compare le taux de carie dentaire chez les enfants d’âge scolaire d’Edmonton à celui des enfants de Calgary, une ville où le conseil municipal a décidé par vote de cesser la fluoruration de l’eau. J’estime qu’il est important d’examiner ce genre d’indicateurs et cette enquête nous aidera à le faire. Q En attendant les analyses de données et les rapports, y a-t- il quelque chose que les membres et les organisations de la profession dentaire devraient faire? PA : Nous pourrions profiter de cette période d’attente pour mobiliser la communauté, les professionnels de la médecine dentaire, mais aussi le public et les groupes de patients. Nous pouvons nous préparer à contribuer à la mise en application des données dans le but de prendre les meilleures décisions possibles pour la santé buccodentaire de la population. Nous parlerons à de nombreux groupes différents pour les informer de l’enquête qui s’en vient. Au cours des prochaines années, nous communiquerons avec des chercheurs, des chefs de file de la profession et des politiciens pour nous assurer que nous sommes prêts et que nous réfléchissons à ces enjeux. Lorsque nous aurons des données tangibles sur l’évolution de la santé buccodentaire ces 15 dernières années, nous serons mieux à même, en tant que profession, de prendre des décisions sur la meilleure façon de servir l’ensemble de la population. Lefinancementpour lacollectededonnées sur lasantébuccodentaire lors de l’ECMS est assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et l’Institut de l’appareil locomoteur et de l’arthrite, qui est chargé de la recherche sur la santé buccodentaire pour les IRSC. Visionnez l’entrevue en entier avec le Dr Allison : vimeo.com/577354264 [en anglais] 20 | 2021 | Numéro 5 L’observatoire

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=