Volume 8 • 2021 • Numéro 4

(De g. à d.) La Dre Heidi Rabie et les assistants dentaires Nora El Behery, Ivana Bradovic et Winnifred Saunders livrent des boîtes de brosses à dents à des refuges pour femmes de Calgary. Santé publique Après son diplôme, la Dre Rabie a exercé comme dentiste généraliste dans l’Outaouais (Québec). Elle s’est mariée, a eu un enfant et a divorcé. À 29 ans, elle s’est retrouvée mère célibataire d’un enfant de deux ans tout en essayant de faire carrière dans un cabinet privé. Puis, en 2008, elle a vu une annonce pour un emploi dans une clinique de santé publique à Calgary. Elle s’était toujours intéressée à la santé publique et, pour une mère célibataire, cet emploi était logique parce qu’il était stable et offrait des heures compatibles avec les services de garde. Elle a soumis sa candidature, a obtenu le poste puis a déménagé en Alberta. Même si sa décision était surtout fondée sur des motifs pratiques, la Dre Rabie a vite compris que la santé publique lui tenait à cœur. « Je trouve que le travail auprès des populations vulnérables est gratifiant à tellement d’égards, explique-t-elle. Le fait d’avoir vécu de grands bouleversements quand j’étais jeune m’a donné une idée de ce que c’est que de ne pas pouvoir payer des soins dentaires privés. Mon travail auprès des populations vulnérables m’apporte une satisfaction immédiate. Les besoins sont tellement grands. » Fondation dentaire de l’Alberta LaDre Rabie siège aussi au conseil d’administration de la Fondation dentaire de l’Alberta, une idée de l’Association et Collège dentaires de l’Alberta pour aider les personnes négligées et celles à faible revenu à accéder à des soins dentaires. Son rôle comprend la vérification des demandes de subvention, la coordination des collectes de fonds et la collaboration avec d’autres fondations dans l’intérêt de la santé dentaire. Parmi les initiatives récentes, citons une collaboration avec l’Université de l’Alberta pour l’achat de matériel dentaire destiné aux régions défavorisées et la campagne Brush-Up Alberta, qui a permis d’amasser 22 000 $ et de distribuer plus de 38 000 trousses d’hygiène buccodentaire aux personnes dans le besoin pendant le Mois de la santé buccodentaire d’avril 2021. Bien qu’elle en soit encore à ses débuts, la Fondation ( albertadentalfoundation.ca ) est porteuse d’espoir pour l’Alberta, où elle estime que 25 % de la population ne reçoit pas de soins dentaires régulièrement. La Dre Rabie espère que l’initiative se répandra dans tout le Canada : « Il y a beaucoup de bénévolat qui se fait en médecine dentaire, mais il ne semble pas y avoir de concertation pour amasser des fonds et traiter de questions importantes, comme l’accès aux soins. La Fondation n’est que le début. Nous espérons qu’à l’avenir, nous pourrons nous joindre à d’autres fondations dentaires au pays et former une fondation plus importante. » En santé publique, les gens nous arrivent souvent avec une maladie à un stade avancé. Ils souffrent beaucoup et ont une infection aiguë. Quand un patient se présente à nous, il s’agit souvent d’une urgence. Treize ans plus tard, la Dre Rabie dirige maintenant deux cliniques publiques assurant des soins aux populations marginalisées sur le plan socioéconomique à Calgary. Il s’agit notamment de sans-abri, de réfugiés, de toxicomanes et de personnes souffrant de troubles de santé mentale. Ces personnes ont échappé aux mailles du filet social et ont de la difficulté à obtenir des soins. Pour maximiser leur incidence, les cliniques offrent des soins de base, telles des extractions, au lieu de traitements de canal ou de couronnes. Au cours d’une année, la Dre Rabie et son équipe font en moyenne quelque 3 000 extractions. Nombre de leurs patients aux prises avec une grande douleur leur sont adressés par les services d’urgence locaux. « Nous fonctionnons dans un cadre de santé publique. Nous ne pouvons pas toujours faire ce qui serait idéal. Nous aimerions faire plus de traitements de canal et de couronnes, mais ce n’est pas possible. Notre priorité consiste à éliminer la douleur et l’infection, tout en conservant la plus grande fonctionnalité possible et en s’adaptant aux besoins du patient. » P oint de mire 27 Numéro 4 | 2021 |

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