Volume 8 • 2021 • Numéro 4

Dre Heidi Rabie Dre Heidi Rabie Au service des populations vulnérables en Alberta Heidi Rabie était en vacances à Montréal avec sa famille quand elle s’est réveillée un matin d’août 1990 au son de son père qui était soudainement frappé de stupeur. Elle avait 14 ans et son père avait passé la nuit à regarder les nouvelles en direct du Koweït, où des troupes se mobilisaient à la frontière. Au cours des jours suivants, à la vue du monde entier, Saddam Hussein a mené l’invasion et l’occupation duKoweït par l’Irak, une offensive qui allait déclencher l’opération Tempête du désert et la première guerre du Golfe. N ée en Égypte, la Dre Rabie a déménagé au Koweït avec sa famille à l’âge de sept mois. Son père était ingénieur dans l’industrie pétrolière et gazière. Le Koweït était son pays. C’est là qu’elle a grandi, a fréquenté l’école et a noué des amitiés. Ce jour-là, elle était assise dans une chambre d’hôtel, à l’autre bout du monde, avec pour seul bagage une valise de vêtements, mais toute sa vie allait prendre une tournure imprévue. Dans les jours suivants, ses amis et sa famille au Koweït ont entassé ce qu’ils pouvaient dans leur voiture et ont traversé le désert pour atteindre la frontière la plus proche. Les biens allaient être saisis et les comptes bancaires gelés. La famille Rabie avait une décision à prendre et elle devait agir vite : elle n’allait pas rentrer au Koweït. « Tout à coup, nous n’avions plus de maison, plus de voiture, plus de comptes en banque, raconte la Dre Rabie. Dès que mon père a appris l’invasion, il a couru au rez-de- chaussée de l’hôtel et a payé la note pour les deux mois suivants. Il a retiré ce qu’il pouvait de la banque et nous a envoyés acheter tout le nécessaire avant que nos cartes de crédit ne soient annulées. » Malgré la gravité de la situation, tout n’était pas noir pour autant. Les parents de la Dre Rabie avaient déjà envisagé la possibilité de déménager au Canada et son père avait été accepté comme travailleur qualifié et admis à l’Ordre des ingénieurs du Québec. Aussi, la Dre Rabie avait fréquenté des écoles internationales au Koweït, ce qui fait qu’elle parlait couramment l’anglais et avait des notions de français. Au moment où le Koweït a été libéré en 1991, la famille avait décidé de rester au Canada à long terme. Elle s’est installée à Montréal, et la Dre Rabie est allée à l’École secondaire Lemoyne-d’Iberville en français, à Longueuil. Quatre ans plus tard, après avoir excellé au Collège Champlain, elle est passée directement à l’école de médecine dentaire de l’Université de Montréal. En 1998, à peine huit ans après l’invasion de son pays d’origine, elle est devenue dentiste à l’âge de 22 ans. Tout à coup, nous n’avions plus de maison, plus de voiture, plus de comptes en banque. Dès que mon père a appris l’invasion, il a couru au rez-de-chaussée de l’hôtel et a payé la note pour les deux mois suivants. 26 | 2021 | Numéro 4

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