Volume 8 • 2021 • Numéro 2

« N’oublions pas que les yeux sont une fenêtre sur le monde et que la bouche est une fenêtre sur le corps », confie la Dre Ing. Nous commençons à reconnaître les liens importants entre les maladies du corps et celles de la bouche. Comme dentistes, nous pouvons avoir une incidence positive sur le bien-être global de nos patients sans nous limiter à traiter leurs caries. » Les dentistes pourraient être les premiers professionnels de la médecine à reconnaître les symptômes de la maladie cœliaque chez un patient non diagnostiqué et à lui conseiller d’aller subir des tests. « Il faut rappeler aux patients de ne rien changer du tout à leur alimentation, fait valoir la Dre Ing. Si un patient soupçonné d’avoir la maladie cœliaque devait commencer un régime sans gluten avant de passer des tests, le médecin pourrait avoir de la difficulté à établir un diagnostic solide. » Le dépistage commence par une analyse sérologique pour détecter la présence de certains anticorps indiquant une réaction immune au gluten. Un résultat positif à cette analyse doit ensuite être confirmé par une endoscopie avec plusieurs biopsies de l’intestin grêle. Le typage des antigènes des leucocytes humains s’avère parfois nécessaire pour écarter le diagnostic de maladie cœliaque. « Plus le diagnostic est posé tôt, mieux c’est », insiste la Dre Ing. Il n’y a pas de remède, mais la maladie peut généralement être maîtrisée grâce à un régime à vie sans gluten. La Dre Ing recommande que les dentistes bannissent le gluten de leur cabinet pour protéger les personnes ayant une maladie cœliaque non diagnostiquée et celles ayant une intolérance au gluten. Le matériel dentaire utilisé, y compris les matériaux de restauration et les pâtes prophylactiques, pourrait être sans gluten. « Pensez même à la lotion et au savon que vous utilisez pour vos mains. Si celles-ci entrent en contact avec la bouche d’un patient atteint de la maladie cœliaque, ce dernier pourrait faire une réaction », précise-t-elle. La réglementation de Santé Canada stipule que pour porter la mention « sans gluten », un produit alimentaire ne doit pas en contenir plus de 20 parties par millions (ppm). Ce plafond de 20 ppm est jugé comme étant une quantité de gluten sûre pour la plupart des patients atteints de la maladie cœliaque. Dans ses recherches, la Dre Ing utilise la technique ELISA, un test de dosage immunoenzymatique, pour mesurer la quantité de gluten dans chacun des produits utilisés en cabinet dentaire. « La maladie cœliaque peut avoir des conséquences très graves sur la santé, précise la Dre Ing. Si l’équipe dentaire en connaît les symptômes, non seulement elle aidera les patients à bien se sentir, mais elle pourrait même sauver une vie. » Née au Canada, la Dre Melissa Ing est professeure agrégée au Département des soins complets à l’Université Tufts du Massachusetts. En plus de s’intéresser étroitement à l’étude la maladie cœliaque et de ses incidences sur la santé buccodentaire, elle mène de la recherche sur l’enseignement, la lutte contre les infections, la cariologie, les matériaux dentaires et la santé publique. Sources : 1. Kelly C, Bai J, Liu E, Leffler D. Advances in Diagnosis and Management of Celiac Disease. Gastroenterology . 2015 May;148(6):1175-86. 2. Rashid M, Zarkadas M, Anca A, Limeback H. Oral Manifestations of Celiac Disease: A Clinical Guide for Dentists. J Can Dent Assoc 2011;77:b39. 3.  Santé Canada. La maladie cœliaque - le lien au gluten . 2018. En ligne : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/rapports-publications/ salubrite-aliments/maladie-coeliaque-lien-gluten-1.html. 4.  Santé Canada. Position de Santé Canada au sujet des allégations sans gluten . Juin 2012. En ligne : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments- nutrition/salubrite-aliments/allergies-alimentaires-intolerances-alimentaires/maladie-coeliaque/position-sante-canada-sujet-allegations-sans-gluten.html. 5. Wasilenko, S. Testing for Celiac Disease. The Canadian Journal of Diagnosis . Vol 36, Oct 2019. Signes et symptômes CORPS : Quelque 50 % des patients atteints de la maladie cœliaque auront des symptômes classiques : diarrhée, ballonnements et maux de ventre. Environ 30 % souffriront d’anémie. D’autres pourraient avoir une série de symptômes atypiques, dont de la fatigue, des maux de tête, de l’ostéoporose et des troubles de fertilité. BOUCHE : Tant les adultes que les enfants atteints de la maladie cœliaque peuvent avoir des défauts de l’émail et des ulcères aphteux récidivants. Ils peuvent aussi avoir une xérostomie, une glossite ou autre inflammation de la langue, ou une chéilite angulaire. Le lichen plan buccal et les cancers de la bouche, tel un carcinome épidermoïde de l’œsophage, sont peu communs, mais ont été notés chez des patients atteints de la maladie cœliaque. P ratico - pratique 36 | 2021 | Numéro 2

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