Volume 8 • 2021 • Numéro 2

Information générale et incidences sur l’exercice dentaire : Lamaladie cœliaque L a Dre Melissa Ing explique que la paroi saine de l’intestin grêle compte des centaines de millions de structures semblables à des doigts, c’est-à-dire des villosités qui « forment une sorte de tapis moelleux ». Ces villosités accroissent la surface de l’intestin pour favoriser l’absorption des nutriments. Chez une personne atteinte de la maladie cœliaque, le gluten déclenche une réaction immune qui conduit à la détérioration des villosités. « Ainsi, le tapis moelleux s’aplatit pour devenir comme un plancher de bois franc », précise la Dre Ing. Quand les villosités sont endommagées, l’intestin grêle ne peut plus absorber efficacement les nutriments, comme l’acide folique, le calcium et d’autres vitamines essentielles. En plus d’être un trouble auto-immun, la maladie cœliaque peut provoquer un état de dénutrition. La prévalence de cette maladie est à la hausse; elle toucherait environ 1 % de la population mondiale, soit quelque 91 millions de personnes. Des chiffres de Santé Canada de 2018 indiquent qu’environ 1 personne sur 114 au Canada en serait atteinte. « Dans le passé, on croyait que cette maladie était plus courante chez les Blancs et les enfants, précise la Dre Ing. Mais on sait maintenant qu’elle touche toutes les ethnies et qu’elle se retrouve chez les enfants comme chez les adultes. En fait, elle serait maintenant plus fréquente chez les adultes, l’âge moyen au diagnostic étant de 46 ans. » Or, selon des chiffres de Santé Canada, quelque 90 % des personnes atteintes ne sont pas diagnostiquées. « Il faut en moyenne de six à dix ans pour obtenir un diagnostic », indique la Dre Ing. La tâche est difficile, car la maladie se caractérise par plus de 250 symptômes. Environ la moitié des personnes atteintes ont les symptômes classiques des troubles gastro-intestinaux, tels la diarrhée, des ballonnements et des douleurs abdominales. « Mais d’autres souffriront d’anémie, ajoute la Dre Ing, ou de symptômes atypiques tels l’ostéoporose, la fatigue, la confusion, des désordres neurologiques, des troubles de fertilité ou des éruptions cutanées associées à une forme de la maladie appelée la dermatite herpétiforme. Les patients ayant reçu un diagnostic récent pourraient avoir une intolérance au lactose parce que leur paroi intestinale lésée est incapable de décomposer les molécules de lactose. La gravité et l’ampleur des symptômes varient d’une personne à l’autre. » Si elle n’est pas traitée, la maladie cœliaque peut mener au cancer, y compris à un lymphome, à un lymphome non hodgkinien, à un lymphome T associé à une entéropathie et même au cancer de l’intestin grêle. Elle peut aussi être associée à un trouble appelé l’ataxie au gluten, qui affecte le cervelet et cause des problèmes d’équilibre et de démarche. Rôle des dentistes « Il est important que les dentistes envisagent la situation dans sa globalité et qu’ils aident les médecins à traiter l’entièreté du patient, précise la Dre Ing. Nous pourrions être les premiers professionnels à repérer les indices de la maladie chez nos patients et contribuer ainsi à son diagnostic. » Les défauts de l’émail et les ulcères aphteux récidivants sont les deux principales manifestations orales de la maladie cœliaque, tant chez l’adulte que chez l’enfant. En fait, le principal symptôme chez l’enfant serait des défauts de l’émail, qui pourrait être notamment mince ou tacheté. « Les défauts de l’émail ne se verraient pas aussi souvent chez les adultes puisqu’ils pourraient avoir été “corrigés” par des facettes ou des collages », précise la Dre Ing. Les autres manifestations buccales de la maladie cœliaque comprennent notamment la xérostomie, la glossite et la « langue géographique ». Les dentistes devraient inclure des questions sur la santé intestinale et l’alimentation quand ils recueillent les antécédents médicaux des patients. La Dre Ing suggère de demander par exemple : « Avez-vous des antécédents familiaux de maladie cœliaque? Avez-vous une intolérance au gluten? Êtes-vous atteint de diabète de type 1? » La maladie cœliaque a un fort caractère héréditaire. Elle est associée au diabète de type 1 et à d’autres maladies auto-immunes. De fait, le diabète de type 1 et la maladie cœliaque ont des gènes communs. La Dre Ing ajoute qu’un « patient qui se présente au cabinet avec une anémie et une fatigue inexpliquées pourrait montrer de signes de maladie cœliaque. » 35 Numéro 2 | 2021 |

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