Volume 8 • 2021 • Numéro 2

Les dentistes peuvent jouer un rôle clé pour répondre aux préoccupations et pour donner confiance en la vaccination. Nous devons être prêts à répondre à toutes les questions et préoccupations de notre personnel pour l’aider à prendre une décision éclairée. Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions ni les politiques officielles de l’Association dentaire canadienne. Q À quoi ressemble votre travail en cabinet ces jours-ci? AB : Hier, mon équipe et moi avons travaillé sur sept cas de suite qui étaient urgents ou qui nous ont été adressés en urgence. Nous n’avons pas pris de pause entre ces cas. La région où j’exerce, à Cornwall (Ontario), est en zone rouge et compte un nombre élevé de cas de COVID-19, toutes proportions gardées, pour une collectivité relativement petite, surtout des cas de nouveaux variants. Nos patients sont souvent issus de groupes vulnérables, notamment parce qu’ils vivent en milieu de groupe, comme dans des établissements de soins de longue durée, qui connaissent des éclosions ou dont les résidents n’ont été vaccinés que très récemment. À l’heure actuelle, l’équipe porte des N95 parce que nous ne pouvons pas nous fier aveuglément au dépistage avant les rendez-vous. Il n’est pas agréable de porter un N95 sept heures d’affilée et les patients ont de la peine à entendre ce que nous disons! J’ai encore dû passer un test d’ajustement de respirateur de type N95 d’un nouveau fabricant parce que les réserves étaient épuisées. L’exercice est très méticuleux et il a fallu deux heures pour faire le test et s’assurer que je le passais. Sur le plan psychologique, après une année à se plier à tout cela et à se conformer à des restrictions qui se relâchent puis qui se resserrent à nouveau, toute mon équipe a envie de savoir si la fin est en vue pour que nous puissions revenir à un semblant de normalité! Q Avez-vous pu vous faire vacciner? AB : Pas encore. Bien des dentistes de Cornwall ont reçu leur vaccin récemment parce qu’ils sont en zone rouge, mais comme j’habite à Ottawa je n’ai pas été inclus dans ce groupe. Les dentistes et autres travailleurs de la santé ici viennent de pouvoir s’inscrire pour recevoir le vaccin et je figure sur la liste. J’ai très hâte de recevoir mon vaccin. La vaccination est ce qui nous permettra de sortir de l’isolement. Personne ne s’épanouit en isolement; nous sommes clairement faits pour vivre en société. Bien sûr, il faut se rappeler que les vaccins ne sont qu’une couche de protection contre la COVID-19. Je vais donc continuer de prendre d’autres mesures pour me protéger et protéger mon entourage. Les personnes vaccinées peuvent quand même attraper la COVID-19, mais selon plusieurs études elles n’auront que des symptômes légers et éviteront les formes graves et l’hospitalisation. La vaccination offre une résistance contre la maladie. Il reste à établir l’efficacité de la vaccination pour prévenir la transmission de la COVID-19, mais des recherches en Israël suggèrent qu’elle la réduira considérablement. Q Que pouvons-nous faire pour calmer les hésitations à se faire vacciner que pourraient éprouver notre personnel et nos patients? AB : Les dentistes peuvent jouer un rôle clé pour répondre à ces préoccupations et pour donner confiance en la campagne de vaccination. Nous devons être prêts à répondre à toutes les questions et préoccupations de notre personnel pour l’aider à prendre une décision éclairée au sujet de la vaccination. Aussi, certains patients pourraient s’adresser à nous pour obtenir de l’information, ce qui fait qu’il faut avoir des renseignements à jour pour pouvoir leur en parler. Vouspourriezaussirappelerquedeschercheurstravaillent à des vaccins contre les coronavirus depuis plus de 30 ans, et qu’ils ne partaient donc pas de zéro. Ils ont seulement obtenu des résultats plus rapidement cette fois grâce à la concertation mondiale des efforts et au financement sans précédent des gouvernements et de l’industrie. Enfin, une fois que vous aurez reçu votre vaccin, il pourrait être utile de parler de votre expérience personnelle à votre équipe et à vos patients pour apaiser leurs craintes éventuelles. Q Quels effets durables aura la pandémie selon vous? AB : Dans la dernière année, je me suis souvent rappelé que, quand j’étais enfant, ma mère se plaignait tous les ans que mon père, qui était aussi dentiste, ramenait à la maison tous les rhumes et toutes les grippes et que toute famille les attrapait. La société acceptait que ces maladies étaient inévitables de novembre à avril. D’habitude enmars, j’attrapais aumoins un bon rhume, si ce n’est pas plus, au travail, au centre d’entraînement ou dans mes activités de tous les jours. Mais cette année, je me sentais en bonne santé. Je n’ai eu ni reniflement, ni courbature, ni douleur. Rien du tout! La pandémie a montré qu’il est possible de prévenir la transmission de virus et je crois que nous avons l’occasion de revoir ce que nous sommes prêts à accepter ou non. En tant que dentiste, je crois que la pandémie nous amènera à chercher des solutions pour nous protéger contre les menaces qui pèsent sur notre santé pulmonaire, les virus ou les autres dangers qui sont maintenant évidents. Nous sommes conscients de l’importance de la qualité de l’air et nous savons comment l’obtenir par la ventilation, la filtration et de l’équipement de protection individuelle précis. L’ADC sur le terrain 12 | 2021 | Numéro 2

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