Volume 7 • 2020 • Numéro 7

L ’étude a été menée par des chercheurs des universités de Dundee, de Newcastle, de Sheffield, de Londres et de Leeds et par l’Université Queen Mary, et les résultats ont été publiés dans le Journal of Dental Research . L’équipede L’essentieldel’ADC s’estentretenueaveclachercheuse principale, la Dre Nicola Innes, directrice du Département de dentisterie pédiatrique à l’Université de Dundee. Q Qu’est-ce qui vous a le plus surprise dans cette étude? Dre Nicola Innes (NI) : Les résultats. Nous nous attendions à une différence supérieure entre les trois groupes. D’habitude, les études examinent la réussite ou l’échec d’un traitement de la carie pour une seule dent. Mais, nous nous sommes intéressés à la bouche au complet des enfants, à leurs 20 dents primaires, et à l’effet cumulatif de trois années de traitement. Chaque enfant a été soigné pendant trois ans en fonction du groupe d’étude auquel il a été assigné aléatoirement. Aucune autre étude sur les traitements de restauration chez les enfants n’a été menée sur une aussi longue durée. Nous nous sommes demandé si le groupe ne recevant que des soins préventifs pouvait prendre son rôle plus au sérieux et avec plus de rigueur que les groupes recevant aussi d’autres traitements. Nous nous sommes aussi demandé si l’approche biologique, soit le scellement des caries, pouvait donner de meilleurs résultats que les soins traditionnels – comme l’avaient montré des études comparant seulement une dent à une autre –, mais au final nous n’avons relevé aucune différence. Q S’il n’y a pas de différences significatives entre les résultats des traitements, comment les dentistes doivent-ils soigner la carie chez les enfants? NI : Nous avons constaté que certains dentistes se sentaient plus à l’aise d’utiliser une approche conventionnelle et de faire des obturations, tandis que d’autres préféraient sceller les caries ou encore trouvaient que la prévention constituait la meilleure solution pour les enfants. Malgré cela, les dentistes ont adapté leur façon de faire à chacun des groupes d’étude. Il semble qu’il soit préférable pour les patients que les dentistes aient les compétences et les connaissances pour leur offrir différentes options de traitement selon leurs besoins et leurs attentes. Il est bon pour les patients que le dentiste veuille et puisse prodiguer divers types de traitement, y compris un traitement biologique. Il vaut souvent mieux opter pour des traitements moins invasifs, surtout chez les enfants. La médecine dentaire tend vers de tels traitements, que ce soit des traitements biologiques ou restauratifs, qui sont tout aussi efficaces que les traitements conventionnels. Beaucoup d’études abondent dans ce sens. Depuis les vingt dernières années, nous en avons beaucoup appris sur le rôle du biofilm dans la carie. Dans les années 1970, des données montraient qu’on pouvait sceller la carie, mais il a fallu beaucoup de recherches pour comprendre que la plaque était une maladie occasionnée par la formation d’un biofilm plutôt qu’une maladie infectieuse, comme on le croyait. Un biofilm se compose de nombreux organismes différents qu’il est possible de perturber en changeant l’environnement, en le scellant ou en le retirant de façon récurrente. Si vous le perturbez, le biofilm n’arrive pas à causer une maladie. La ville constitue une bonne métaphore pour expliquer le biofilm. Une ville forme une collectivité qui se compose de différentes personnes ayant des besoins variés. À l’instar d’un quartier qui a besoin d’une épicerie, d’une école ou d’un hôpital pour répondre à ses besoins, les différentes bactéries d’un biofilm ont besoin de niveaux d’oxygène, de nourriture ou d’acidité variés. Si vous placez un dôme géant sur une ville et que rien ne peut y pénétrer ou en sortir, la ville sera complètement perturbée. La même chose se produit avec le scellement d’un biofilm. Q L’étude a mis l’accent sur l’importance de prévenir la carie dentaire en premier lieu, parce qu’une fois qu’elle est présente, la moitié des enfants ont eu des difficultés même après le traitement. Pourquoi y a-t-il autant d’enfants avec des dents de lait cariées? NI : Pour faire partie de cette étude, un enfant devait déjà avoir des caries. Alors, nous n’avons pas eu l’occasion de complètement prévenir l’apparition de caries. Toutefois, en Écosse, nous avons une initiative nationale baptisée « Childsmile » qui vise à améliorer la santé buccodentaire des enfants. Elle comprend des programmes de brossage supervisé des dents en maternelle et dans les écoles et l’application de vernis au fluorure. En conséquence, le taux de carie a diminué considérablement en Écosse. Cela dit, il est toujours lié à des facteurs socioéconomiques ainsi qu’à l’alimentation, à l’enlèvement de la plaque et au fluor. Q Cette étude soulève-t-elle de nouvelles questions de votre point de vue? NI : J’aimerais examiner comment chaque restauration a tenu pour trouver celles qui ont fonctionné le mieux et aussi ajouter le fluorure diamine d’argent pour certaines restaurations afin d’améliorer le scellement et d’arrêter la progression de la carie. Référence 1. Innes NP, Clarkson JE, Douglas GVA, Ryan V, Wilson N, Homer T, et al. Child caries management: a randomized controlled trial in dental practice . J Dent Res. 2020 Jan;99(1):36-43 . P ratico - pratique 35 Numéro 7 | 2020 |

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