Volume 7 • 2020 • Numéro 7

Il incombait au chef d’équipe de coordonner les tâches et de les déléguer à ses collègues. « C’est comme s’il fallait tout faire en même temps parce que personne ne pouvait savoir si un dossier avant décès se trouvait déjà dans la base de données à l’arrivée d’un échantillon postmortem au laboratoire, a expliqué le Dr Dorion. Il était stressant et épuisant de travailler 12 heures par jour, six jours par semaine, mais c’était très gratifiant. La confirmation d’une identité permettait d’apporter des réponses aux familles. » En tant que chef d’équipe, le Dr Dorion présentait quotidiennement les résultats de l’identification odontologique avec d’autres chefs d’équipe, tels des pathologistes et des spécialistes en ADN. Les résultats étaient compilés et analysés. Le coroner communiquait les résultats des analyses aux familles respectives avant de s’adresser aux médias. La particularité de cette catastrophe était le travail sur l’analyse de restes humains qui, dans bien des cas, se réduisaient à des fragments demâchoire dépourvue de dents à cause de l’intensité et de la durée de l’incendie. L’identification se faisait à partir de motifs trabéculaires des mâchoires plutôt que de la morphologie des dents et des obturations. La tâche était tellement difficile que toute identification apportait un sentiment de soulagement collectif. Le chef d’équipe revérifiait chacun des dossiers identifiés avant de présenter les résultats au comité d’identification le lendemain matin. Une année après la tragédie de Lac-Mégantic, le Dr Desranleau et le Dr Denis Forest, ancien directeur des Journées dentaires internationales du Québec (JDIQ), ont organisé une collecte de fonds pour la collectivité de Lac-Mégantic lors des JDIQ. Avec le soutien de l’Ordre des dentistes du Québec (ODQ) et de nombreux généreux participants, ils ont réussi à amasser 20 000 $ qui ont été versés à la Croix-Rouge pour venir en aide aux victimes de la tragédie. Odontologie judiciaire au Québec Le Dr Robert Dorion avait prévu qu’à sa retraite, il faudrait des odontologistes judiciaires formés et expérimentés pour prendre la relève. Ainsi, en 2004, il a lancé unnouveaucoursd’odontologiejudiciaire en ligne en collaboration avec l’Université McGill. Ce programme de 13 mois comprend cinq modules : identification, gestion de catastrophe de grande ampleur, traces de morsure et deux cours pratiques au LSJML. Trente et un dentistes ont déjà suivi le programme et huit autres sont actuellement en formation. Entre 2004 et la tragédie de Lac-Mégantic en 2013, quatre diplômés du programme d’odontologie judiciaire de l’Université McGill avaient été admis comme résidents au LSJML. En juillet 2013, ils avaient reçu toute leur formation théorique et pratique, ce qui a été utile pour les catastrophes de Lac-Mégantic et de l’Isle-Verte*. Sylvain Desranleau, DMD, D-ABFO est odontologiste judiciaire certifié et syndic adjoint au sein de l’ODQ. Il est aussi fellow de l’American Academy of Forensic Sciences et diplômé de l’American Board of Forensic Odontology. Robert B. J. Dorion, B. Sc., DDS, FACD, FADQ, D-ABFO est odontologiste judiciaire certifié. Il est membre fondateur et ancien président de l’American Board of Forensic Odontology ainsi que directeur du Département d’odontologie judiciaire en formation continue de la Faculté de médecine dentaire de l’Université McGill. Il est ancien président de la Canadian Society of Forensic Science et ancien vice-président de l’American Academy of Forensic Sciences. Sylvain Laforte, DMD est dentiste généraliste dans un cabinet constitué en société à Verdun (Québec) et un odontologiste judiciaire. Il est membre du Conseil de discipline de l’ODQ et fellow de l’American College of Dentists. André Ruest, B. Sc., DMD, Cert. Ortho. est orthodontiste et odontologiste judiciaire. * Dans la nuit du 23 janvier 2014, un incendie majeur ravage une résidence pour aînés de l’Isle-Verte (Québec), près de Rivière-du-Loup, faisant 32 morts. P oint de mire 29 Numéro 7 | 2020 |

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