Volume 7 • 2020 • Numéro 7

Q La dernière ligne de votre article se lit comme suit : « La dentisterie numérique est-elle perturbatrice? Tout à fait. Entraîne-t-elle une dévastation? Aucunement. » Selon vous, quelle technologie a eu un effet très perturbateur et en quoi a-t-elle amélioré les soins aux patients? Dre Dianne Rekow (DR) : Les systèmes de conception et de fabrication assistées par ordinateur (CAO/FAO) constituent l’une des technologies les plus perturbatrices en médecine dentaire. Ilsont révolutionné–et continuent de révolutionner – trois grands aspects de la prestation des soins. D’abord, ils ont rendu possible la saisie numérique de données intrabuccales. Même si les premières caméras intrabuccales avaient bien des limites, elles éliminaient la nécessité de faire des empreintes traditionnelles. Elles ont fini par mener aujourd’hui à la multiplication des images de qualité, de haute résolution, en couleurs et obtenues rapidement. D’ailleurs, les patients préfèrent le balayage intrabuccal à la prise d’empreintes traditionnelles. Aussi, il est maintenant possible de projeter des images de grande qualité sur un écran en temps réel, devant le patient assis dans le fauteuil, ce qui facilite la discussion avec le dentiste et aide à la compréhension du bien-fondé d’un traitement et des options envisageables. Ensuite, les systèmes de CAO/FAO ont rendu possible la fabrication soustractive (fraisage) et maintenant la fabrication additive (souvent appelée impression 3D), ce qui a révolutionné le choix des matériaux. Le plus remarquable a sans doute été la possibilité de réaliser des restaurations toutes céramiques pour les dents antérieures et postérieures, ce qui donne une excellente qualité esthétique ainsi qu’une longévité inespérée avant l’arrivée de ces systèmes en médecine dentaire. Enfin, la troisième perturbation touche le flux de la fabrication des restaurations et d’une série d’appareils, de guide-forets et de gouttières. Le flux de travail s’adapte maintenant aux préférences et à l’expertise du clinicien, du laboratoire interne ou des laboratoires commerciaux. On peut penser que la souplesse du flux de travail donne des restaurations de qualité supérieure. Q Votre article fait référence à « l’ensemble de données numériques de base ». Pourquoi ces données sont- elles si importantes et quels avantages comportent- elles pour l’avenir en médecine dentaire? DR : Cetensemblededonnées renferme les renseignements de base sur les patients, y compris l’information contenue dans les dossiers électroniques, les radiographies, les photographies numériques et les images intrabuccales numériques. Il contient une mine d’informations cruciales pour touteune sériede fonctions qui facilitent les soins dentaires de grande qualité, la recherche et la formation et pour dégager d’éventuelles occasions d’affaires pour un cabinet. L’information contenue dans l’ensemble de données numériques de base est utile pour au moins six aspects importants de la médecine dentaire, à savoir : 1.  des données pour la CAO/FAO de restaurations, d’appareils de toutes sortes, de guides chirurgicaux, de modèles de pratique ainsi que d’échafaudages pour l’ingénierie tissulaire; 2.  des échanges avec les patients durant les consultations, la communication des décisions de traitement entre le patient et le clinicien, ainsi que l’explication et le suivi de saines habitudes; 3.  une série d’activités cliniques, y compris des consultations interprofessionnelles, des plans de traitement et des traitements assistés par robot; 4.  des activités de formation, y compris sur des interfaces haptiques – technologie qui reproduit le sens du toucher – et sur des simulations, ainsi que des formations à distance à partir de vraies données de patients anonymisées; 5.  des activités sur la santé des populations et des activités fondées sur la recherche, y compris l’épidémiologie, les sciences judiciaires et la recherche clinique et pratique; 6.  malgré des lacunes, l’ensemble de données constitue un point de départ pour des efforts de marketing, des mesures de rendement du cabinet et de l’efficacité des traitements ainsi que le suivi et la gestion automatisés de l’inventaire; il peut nettement servir d’outils d’amélioration continue pour toute une série d’aspects de la médecine dentaire. Q Souvent, l’adoption d’une nouvelle technologie suscite de la controverse ou un malaise, voire de la résistance. Où avez-vous noté la plus grande résistance à l’égard d’une nouvelle technologie en médecine dentaire? DR : Il est difficile de déterminer quelle technologie a suscité le plus de résistance. La volonté d’accepter et d’adopter une nouvelle technologie a une foule de causes et d’effets sous- jacents. Certaines personnes sont des adeptes précoces de toute nouveauté et sont prêtes à essayer de nouvelles choses aussi rapidement que possible. D’autres sont réticentes et n’adoptent une technologie qu’une fois que l’ancienne est périmée. Bien entendu, entre ces deux pôles, il y a toute une série de personnes. P oint de mire 25 Numéro 7 | 2020 |

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=