Volume 7 • 2020 • Numéro 6

Q Selon vous, quel sera l’effet de la pandémie sur le flux de patients à court terme? Y aura-t-il davantage de personnes qui consultent un dentiste? Moins de personnes? JT : Au cours des 30 dernières années, la médecine dentaire s’est adaptée à bien des situations en santé publique, y compris le VIH et le Syndrome respiratoire du Moyen- Orient. Les patients savent que les cabinets dentaires suivent rigoureusement les protocoles de prévention des infections. Au cours des prochains mois, il nous sera impossible de pratiquer certains actes dentaires. Mais, à terme, j’ai bon espoir que les gens regagneront la confiance de faire beaucoup de choses, y compris d’aller chez le dentiste. Et, bien entendu, nos services seront toujours nécessaires. JM : Je suis d’abord et avant tout propriétaire d’un cabinet, ce qui fait que cette question me tenaille sans cesse parce que je dois veiller à la sécurité de mon personnel, tant du point de vue financier que de tous les aspects du travail. Cela dit, pour les jeunes dentistes, il vaut mieux voir le long terme. Il ne faut pas se faire de mauvais sang en s’arrêtant aux deux prochaines années. Voyez plutôt l’ensemble de votre carrière. Le flux de patients a connu des hauts et des bas au fil des décennies. Nous avions prévu un déferlement de patients après la levée des restrictions et c’est le cas dans ma collectivité. Cette tendance se renversera-t-elle quand certains perdront leurs avantages sociaux? Peut-être. Mais, c’est un cycle et le flux de patients finira par augmenter de nouveau. J’essayerais de tirer parti de la situation actuelle. Vous disposez peut-être d’un peu plus de temps pour parfaire votre formation, chercher un mentor ou trouver une spécialité en médecine dentaire qui vous convient. BD : Pour envisager les quelques prochaines années, il est utile de se rappeler comment la médecine dentaire a réussi à tirer son épingle du jeu dans le passé. En 2008-2009, il y a eu une récession, mais la médecine dentaire en est sortie carrément deux ou trois fois plus vite que tous les autres secteurs de l’économie. Depuis 2009, la demande et les prix des cabinets dentaires n’ont fait qu’augmenter. Notre profession est toujours très enviable. Nous offrons un service dont la population aura encore besoin. Dans les derniers mois, des dizaines si ce n’est des centaines de milliers de rendez-vous chez le dentiste ont été annulés. Tous ces soins devront tôt ou tard être prodigués. Les signes d’une reprise sont bons. Q Dans le contexte économique actuel, que doivent faire les nouveaux dentistes pour s’acquitter de leur dette? JM : Dotez-vous d’un plan et discutez-en avec votre banquier. Nous sommes tous dans le même bateau; nous avons tous des dettes à rembourser. En fait, vous êtes sans doute bien placés, car il est fort probable que les prêteurs accordent un certain répit aux étudiants puisqu’ils acceptent actuellement de prolonger la période de remboursement pour toute une série d’emprunteurs. PAJ : Les banques aiment beaucoup faire affaire avec les dentistes. Elles sont donc susceptibles de faire preuve de souplesse pour les garder comme clients à long terme. Alors, n’hésitez pas à parler à votre banquier. La plupart d’entre nous avons choisi la médecine dentaire parce que nous voulions aider les autres et parce qu’elle offre un mode de vie assez confortable. Tout reste à apprendre quand vous obtenez votre diplôme. Montrez-vous souple par rapport au genre de travail que vous acceptez de faire. Envisagez de faire vous-même les soins d’hygiène dentaire. Pratiquez une médecine dentaire de base. Si vous avez des périodes inoccupées, observez les autres dentistes et suivez autant de cours de formation continue en ligne que possible pour élargir peu à peu votre champ de pratique. À l’Association dentaire de la Colombie-Britannique, j’ai entendu de nombreux diplômés dire qu’ils se sentent poussés à travailler trop rapidement. C’est l’occasion d’accélérer progressivement votre rythme et de consacrer davantage de temps à chaque patient, ce qui vous aidera à nouer des liens et, à terme, à fidéliser la patientèle. JT : À l’assemblée annuelle de l’Association dentaire de la Nouvelle-Écosse, un dentiste a mis bien sagement les dettes en perspective. Il a dit qu’une dette liée à la scolarité n’est pas une mauvaise dette. C’est plutôt une bonne dette qui montre un investissement en soi. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai ajouté une mauvaise dette à une bonne dette. J’ai acheté une toute nouvelle voiture quand les taux d’intérêt s’élevaient à 15,5 %! Ne faites pas la même erreur. Contractez seulement de bonnes dettes. Investissez en vous. Ayez un plan financier pour rembourser ce que vous empruntez. BD: Pour replacer une dette étudiante en perspective, disons que si vous aviez acheté un cabinet, vous auriez emprunté entre 1 et 3 millions de dollars. Une bonne dette, mais tout de même une dette. Et avec la fermeture pendant trois mois, vous n’auriez eu aucun revenu pour faire les paiements. Dans mon rôle de courtier, je traite continuellement avec les banques. Elles veulent faire affaire avec les dentistes parce que peu de segments de la population sont aussi bien placés pour rembourser leurs prêts. Toutes les grandes banques du Canada comptent des banquiers spécialisés dans le secteur dentaire et de la santé. Si vous avez de la difficulté à négocier avec votre banquier local, demandez à parler au spécialiste du secteur de la santé. P oint de mire

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