Volume 7 • 2020 • Numéro 5

Le 15 mai, le Dr Chow a obtenu son congé de l’hôpital. La fin de son séjour s’est passée à l’aile d’oncologie. Il a signé ses papiers de congé, puis les infirmières lui ont demandé s’il voulait sonner la cloche, une petite cérémonie pour les patients de cette aile – d’habitude des cancéreux, mais aussi des malades de la COVID-19 maintenant – qui ont eu un long séjour à l’hôpital et qui ont surmonté une maladie grave. En s’approchant de la cloche, le Dr Chow a vu que tous les médecins, les infirmières, les professionnels de la santé qui avaient travaillé avec lui l’attendaient le long du couloir. Ils ont applaudi pour souligner son rétablissement. « J’ai dit quelques mots pour les remercier. Je suis tellement reconnaissant. Ils font beaucoup de sacrifices et se donnent vraiment pour leurs patients. Si je m’en suis sorti, c’est vraiment grâce à eux. » Sa famille l’attendait à sa sortie de l’hôpital et l’a conduit chez lui. Durant le trajet, il a remarqué des personnes qui attendaient sur le trottoir devant une banque et un café. « Le monde a changé pendant que j’étais hospitalisé », remarque le Dr Chow. Ses deux enfants ont passé leurs examens de fin d’année pendant qu’il était à l’hôpital. Il a manqué le 19 e anniversaire de sa fille. À l’approche de sa maison, le Dr Chow a vu un groupe de personnes dans la rue tenant des pancartes et des cœurs en papier. Il a commencé à reconnaître de la famille, des amis, des membres de son personnel et des collègues. « C’était toute une surprise, dit-il. C’était assez extraordinaire de revoir tout ce monde en rentrant chez moi. J’étais très ému. J’étais tellement content de quitter l’hôpital, de voir ma famille. Je n’avais pas vu mes enfants depuis deux mois. » À la fête des Pères, le Dr Chow et sa famille sont allés en randonnée. « J’ai soufflé comme un bœuf », dit-il. Il doit subir un test de sa fonction pulmonaire en août et pense que le tissu cicatriciel limitera à jamais sa capacité cardiovasculaire. « Mais je veux au moins arriver à suivre mes enfants. » Le cabinet du Dr Chow, Meadows Family Dental, à Pitt Meadows (Colombie-Britannique), a rouvert ses portes avec un associé qui travaille avec deux hygiénistes, une troisième devant se joindre à l’équipe à la mi-juillet. « Ça se passe plutôt bien », constate-t-il. Il sait que ses confrères s’inquiètent des difficultés économiques causées par la pandémie, mais il ne s’en soucie pas trop ces jours-ci. « Il y a des choses plus importantes que les résultats financiers », note-t-il. Il compte reprendre le travail une fois qu’il sera complètement rétabli. Le Dr Chow est reconnaissant du soutien que sa famille et lui ont reçu de leurs amis, collègues et patients. « Des patients nous ont déposé des repas, du scotch, des brioches à la cannelle, et bien d’autres choses, énumère-t-il. Ils m’ont envoyé des textos et des cartes. » Certains ont formé un cercle de prière pour lui quand il était à l’hôpital. À l’instar d’autres personnes placées sous ventilateur, le Dr Chow dit que les semaines où il a été inconscient, il a eu des rêves frappants. « J’ai rêvé qu’un médecin me faisait faire une prière pendant que j’étais à l’hôpital, dit-il. Mes amis religieux disent que c’était un ange. » Il avoue que son expérience l’a rendu plus prudent et spirituel. « Je comprends combien la vie est fragile et précieuse. » « Je sens que j’ai la responsabilité de parler de la maladie parce que je veux que les autres sachent à quel point elle est dévastatrice. Ce virus est à prendre au sérieux. Je ne veux pas que les autres aient à vivre ce que j’ai vécu si c’est possible de l’éviter. » Une hygiéniste au cabinet du Dr Chow a filmé son retour à la maison et a affiché la vidéo en ligne. Elle a été partagée localement puis est devenue virale. Ensuite, des stations de télévision et des journaux ont communiqué avec le Dr Chow pour avoir une entrevue. « Une partie de moi ne veut plus penser à ma maladie, souligne le Dr Chow. Mais je sens que j’ai la responsabilité d’en parler parce que je veux que les autres sachent à quel point elle est dévastatrice. Ce virus est à prendre au sérieux. Je ne veux pas que les autres aient à vivre ce que j’ai vécu si c’est possible de l’éviter. » Retour à la maison La « nouvelle normalité » P oint de mire 24 | 2020 | Numéro 5

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