Volume 7 • 2020 • Numéro 3

difficultés à faire leur important travail. Les professionnels de la santé se dévouent pour préserver la santé et la sécurité du public, mais pour y arriver ils doivent veiller à leur propre santé et sécurité. Il y a beaucoup d’incertitudes actuellement. En quoi cela affecte-t-il la résilience? Il faut s’attendre à toutes sortes de réactions. Elles ne sembleront pas normales, mais elles le sont dans le contexte actuel. La plupart des personnes sont résilientes, ce qui ne signifie pas qu’elles ne sentent rien de différent actuellement. Bon nombre pourraient éprouver davantage d’anxiété, ce qui jouera sur l’humeur. Il pourrait être plus difficile de dormir ou de se concentrer, parce que la COVID-19 exacerbe les facteurs de stress. Des situations comme celle qui prévaut plongent bien souvent notre cerveau dans les spéculations. Une telle réaction fait partie des mécanismes d’adaptation aux différentes conséquences possibles, mais elle peut aller trop loin et alimenter l’anxiété. Souvent, nos scénarios hypothétiques ne sont pas entièrement réalistes. Il faut se rappeler que nous ne pouvons pas tout savoir, qu’il est possible de prendre du recul pour nous assurer d’envisager d’autres aspects peut-être neutres, voire positifs, de la situation actuelle. Dans l’histoire, les humains ont traversé des époques et des défis très difficiles et ils s’en sont remis. Quelles mesures concrètes pouvons-nous prendre pour renforcer notre résilience dans un moment comme celui que nous vivons? Dans l’incertitude, nous cherchons souvent à obtenir autant d’informations que possible, mais pour le bien de notre santé, nous pourrions envisager de surveiller la somme et la fréquence de notre consommation d’informations ainsi que les sources que nous choisissons. Je recommande de s’imposer des limites réalistes, comme lire les nouvelles une fois le matin et une fois l’après-midi, pendant, disons une demi-heure. Cela laissera le temps au cerveau de digérer l’information, surtout avant qu’il soit temps d’aller au lit. En somme, la résilience s’acquiert toujours suivant les mêmes principes de base. Il faut tenir compte de quatre aspects de la vie : le sommeil, l’exercice, l’alimentation et les relations interpersonnelles. Il faut essayer d’avoir de sept à huit heures de sommeil par nuit pour bien fonctionner. Réservez les heures avant d’aller au lit à des moments calmes. La recherchemontreque l’exercice améliore le fonctionnement du cerveau. Certaines personnes pensent que l’exercice est un luxe, mais il est pourtant nécessaire à la résilience. L’exercice permet à une personne de voir les choses plus clairement. Selon la recherche, il y a trois types d’exercice bénéfiques : le cardio, la musculation et les activités de type méditatif. La pandémie de COVID-19, qui nous force à passer beaucoup de temps à la maison, pourrait être l’occasion de faire une nouvelle place à l’exercice dans nos vies. Nous savons que l’alimentation est importante pour la santé physique, mais bon nombre d’études montrent qu’elle a aussi une incidence sur la santé mentale. Un régime alimentaire que nous adoptons pour lutter contre les maladies systémiques est aussi bon pour la résilience. Par exemple, un régime méditerranéen avec du poisson, des légumes à feuilles et de l’huile d’olive. Ce type de régime diminue le risque de dépression et peut favoriser la résilience. Durant la pandémie, la consommation d’alcool serait à la hausse, peut-être parce que la vie normale semble avoir été mise sur pause, ce qui fait que les gens ont assoupli leurs propres règles, ou parce que l’alcool offre un moyen de composer avec la réalité. Mais la situation actuelle pourrait durer. Selon les recommandations canadiennes, une femme ne devrait pas consommer plus de 10 verres par semaine, et un homme, 15. Il est bon pour nous d’entretenir de solides relations . Ces temps-ci, nous pensons beaucoup à nos liens avec les autres, ce qui est très bien. La clé consiste à maintenir ces relations malgré le contexte actuel qui perdure. Je crois que bon nombre d’entre nous connaissent déjà ces principes de base, comme les patients des dentistes savent qu’ils doivent se brosser les dents et passer la soie dentaire. Mais il y a une différence entre savoir et faire. La perturbation actuelle, le contexte unique qui prévaut, est l’occasion de revoir nos vies et de changer nos habitudes pour qu’elles servent nos intérêts. Apercevez-vous une lueur d’espoir dans la crise de la COVID-19? Le fait que chacun se retrouve dans la même situation signifie que nous avons l’occasion d’exercer une influence positive les uns sur les autres. Le moment est tout indiqué pour nous centrer sur nos valeurs et nos objectifs de base, pour nous assurer que nos choix sont conséquents et pour préserver activement notre résilience. De la même manière qu’un acheteur paniqué peut influencer les autres acheteurs, les gestes que vous posez pour assurer votre résilience peuvent inspirer les autres à vous imiter. En protégeant notre santé et notre résilience, nous pouvons aider nos proches à être encore plus forts pour l’avenir. Les professionnels de la santé se dévouent pour préserver la santé et la sécurité du public, mais pour y arriver ils doivent veiller à leur propre santé et sécurité. P oint de mire 17 Numéro 3 | 2020 |

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