Volume 7 • 2020 • Numéro 1

30 | 2020 | Numéro 1 P oint de mire du Nord à Greensboro, s’est fait un ami qui communiquait en langue des signes américaine et a fini par suivre des cours pour l’apprendre – cours qu’elle a réussis avec brio. « J’ai trouvé cela facile, dit-elle, bien plus facile que l’espagnol ou le français. » Pendant 20 ans, la Dre Stack a été interprète en langue des signes américaine, dans des cours universitaires, des réunions gouvernementales et même un congrès sur la spiritualité en Irlande. Elle a aussi été interprète pour des femmes lors de leur accouchement. « L’interprétation m’a menée dans tellement de contextes variés. J’apprenais sans arrêt», dit-elle. La Dre Stack a déménagé à Washington, D. C., pour travailler avec la vaste communauté de personnes sourdes ou malentendantes de cette ville, où se trouve l’Université Gallaudet pour les sourds et les malentendants depuis 1864. Bon nombre d’anciens de cet établissement continuent à habiter et travailler dans les environs. Ensuite, elle a déménagé à Rochester (New York), ville qui compte le plus de personnes sourdes et malentendantes par habitant des États-Unis parce que le National Technical Institute for the Deaf y attire des étudiants et des professeurs du monde entier. À Rochester, la Dre Stack a été l’interprète d’un dentiste pédiatrique sourd qui faisait une résidence de deux ans à l’hôpital communautaire. « Je suis revenue à mon point de départ en quelque sorte, dit-elle. J’ai compris que je voulais faire ça! » Elle est allée à l’École de médecine dentaire de l’Université Western de London (Ontario) – « c’était difficile de retourner étudier dans la quarantaine, mais je n’étais pas l’élève la plus âgée que l’école ait accueillie » – et elle a commencé à exercer à Ottawa. La Dre Stack estime que son expérience de la langue des signes l’aide à mieux servir ses patients entendants. « Je m’en sers quand une personne ne comprend pas ce que j’essaie de lui dire, explique-t-elle. Une bonne partie du travail d’un dentiste consiste à parler de soins préventifs. » L’accès aux soins pour les personnes sourdes et malentendantes et leurs résultats en matière de santé sont moins bons que ceux de la population générale. « Les difficultés de communication ont différentes conséquences », explique la Dre Stack. Souvent, les enfants sourds ou malentendants qui grandissent dans des familles entendantes n’apprennent pas de manière fortuite comme les autres enfants; ils n’entendent pas parler par hasard de soie dentaire, de brossage des dents, de caries ou de rendez-vous chez le dentiste. « Il faut plutôt aborder ces sujets directement avec eux », fait valoir la Dre Stack. Chez le dentiste, un membre de la famille s’improvise souvent interprète pour la personne sourde ou malentendante. « Bien entendu, la qualité de l’interprétation varie », précise la Dre Stack. En Ontario, la Loi sur l’accessibilité pour les personnes handicapées stipule qu’un dentiste est censé fournir les services d’un interprète professionnel sur demande. La CBC a interviewé l’une des patientes sourdes de la Dre Stack à Ottawa, Monique Dozois. Celle-ci a raconté que, quand elle a fait extraire ses dents de sagesse par un autre dentiste, ils ont dû communiquer avec un bout de papier qu’ils s’échangeaient. « Je crois que le fait de communiquer directement avec un patient sourd ou malentendant réduit l’anxiété associée aux rendez-vous chez le dentiste, fait valoir la Dre Stack. Elle aime bien s’exprimer en langue des signes. « Ça me manque d’être interprète, avoue-t-elle. Je n’ai pas arrêté parce que je n’aimais plus l’interprétation, mais seulement parce que j’avais encore plus envie d’être dentiste. » a « Je crois que le fait de communiquer directement avec un patient sourd ou malentendant réduit l’anxiété associée aux rendez-vous chez le dentiste. » ➜ La Dre Shelly Stack communiquant en langue des signes américaine.

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=