Volume 6 • 2019 • Numéro 8

22 | 2019 | Numéro 8 P oint de mire d’acheter un cabinet à Duncan, qu’il a découvert lors d’un voyage en vélo sur l’île de Vancouver. Il a fait du ski et de la planche à voile, « parfois la même journée ». Il a fait des triathlons et participé à des régates en voilier. « Mais en 1980, l’économie s’est effondrée, et les taux d’intérêt ont grimpé à 17 %, alors j’ai pris un congé sabbatique pendant quelques années », raconte le Dr Walford. Une fois de retour à la médecine dentaire, il a acheté un cabinet à Cumberland, dans le district de Comox Valley sur l’île de Vancouver. « Il s’agissait d’une ville minière de cols bleus. Les gens peinaient à joindre les deux bouts », se rappelle le Dr Walford, mais il a rencontré des habitants des colonies d’artistes et des peuplements du mouvement de retour à la terre sur les îles du golfe qui venaient à Cumberland pour consulter un dentiste. « Ces gens sortaient des sentiers battus. Je me reconnaissais en eux. » Les chefs de file de Hornby ont demandé au Dr Walford d’ouvrir un cabinet sur leur île. Il a cherché un immeuble, mais les locaux commerciaux dans « le village » étaient rares et il craignait de ne pas avoir une clientèle suffisante. « On était en août, la saison des incendies où s’arrête l’exploitation forestière. Il n’y avait aucune entrée d’argent à Cumberland. Personne n’appelait », se rappelle le Dr Walford. Il a demandé si les habitants de l’île Hornby se formaliseraient de recevoir des soins dentaires dans un autobus. « Un homme a répondu : “Bien sûr! La moitié d’entre nous est venue ici en autobus.” » Le Dr Walford a acheté un bus de 38 pieds et, en 16 semaines, l’a transformé en clinique dentaire itinérante. « Dans le temps, il y avait une devise locale parallèle, les dollars verts. Souvent, j’acceptais une moitié de paiement en dollars verts et l’autre moitié en dollars canadiens », raconte le Dr Walford. Il a payé des menuisiers et des mécaniciens locaux en dollars verts pour mettre l’autobus en état. « Quatre-vingts personnes ont travaillé à ce bus d’une façon ou d’une autre. » Dès 1986, une semaine par mois, le Dr Walford déplaçait son stérilisateur et d’autres appareils portables dans sa clinique itinérante depuis son cabinet de Cumberland et, avec ses deux assistantes, il prenait le traversier menant aux îles Hornby et Denman. Une hausse de 40 % des tarifs du traversier empêchait certains insulaires de le prendre pour aller voir le dentiste. Le Dr Walford stationnait l’autobus là où il pouvait se brancher à l’eau, à l’électricité et au téléphone « près de l’école élémentaire et du centre médical, dans ce qui ressemblait à une sorte de centre-ville. » Il est tombé amoureux de Robin, superviseure d’un programme préscolaire sur l’île Hornby, et l’a mariée. Il a déménagé sur l’île et a quitté le cabinet de Cumberland. Robin et lui ont eu quatre enfants. Au milieu des années 1990, le Dr Walford a acheté un autre autobus, un Blue Bird, l’a garé dans sa cour, puis a passé quatre ans à le transformer en clinique dentaire avec de nouveaux appareils et une finition en bois sur mesure. Il a appris aux côtés de maîtres menuisiers. « C’est un travail qui m’a amené ailleurs sur le plan créatif, qui m’a fait voir les choses autrement, explique-t-il. J’ai appris à bien faire les choses, peu importe le temps que ça prenait. Et j’ai transposé cette mentalité de maître artisan en médecine dentaire. » Il dit que la qualité de son travail auprès des patients s’est affinée. Et l’autobus? « Il est vraiment beau! » Ragaillardi, le Dr Walford a étudié des techniques avancées de restauration avec de l’or auprès du Dr Richard V. Tucker. Il a suivi des cours et travaillé avec des dentistes entre la Californie et l’État de Washington. En se concentrant sur la restauration composite postérieure, il a perfectionné ses compétences, utilisant les principes de la dentisterie adhésive pour des restaurations complexes. « J’ai commencé à enseigner et à être mentor auprès d’autres dentistes. J’ai fait des démonstrations sur scène et j’ai écrit des articles, raconte le Dr Walford, qui a rédigé des manuels sur les adhésifs, la dentisterie directe et la restauration complète d’une bouche avec des composites. Mon travail me donne des ailes. » Trois jours par semaine, il exerce dans son autobus, qui compte deux fauteuils et une petite salle d’attente. Il connaît bien bon nombre de ses patients. « On rit beaucoup. C’est comme si on s’était vus la veille. On parle de ce qui se passe sur l’île ou dans le monde », dit-il. Pendant ses jours de congé, il construit des voiliers de course et travaille dans le jardin maraîcher biologique qu’il cultive avec Robin. Vue des deux fauteuils de traitement Salle d’attente de la clinique

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