L’essentiel de l’ADC • Volume 6 • Numéro 5

37 Numéro 7 | 2019 | P oint de mire Le Dr Nick Aytoglu, directeur de la clinique dentaire communautaire Positive Living, est l’un des quatre dentistes qui traitent entre 10 et 20 patients chaque jour. Photos : Eduardo Cáceres, Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique Défis et surprises Récemment, une personne vivant avec le VIH s’est rendue au cabinet privé où travaille le Dr Aytoglu et a été traitée par un autre dentiste. Le personnel qui s’est occupé de ce patient a stérilisé les instruments deux fois après avoir dispensé les soins. « Ce fut l’occasion d’avoir une conversation constructive, mentionne le Dr Aytoglu. Nous avons discuté du fait que les précautions universelles sont conçues de manière à ce que nous puissions traiter tous les patients de la même façon. Nous avons également rappelé qu’une charge virale indétectable signifie que le patient ne peut transmettre le virus et que le fait d’être traité différemment a de nombreux effets négatifs sur le patient. » La stigmatisation entourant le VIH est toujours présente. Bon nombre de militants disent qu’il est parfois plus difficile de vivre avec la stigmatisation sociale qu’avec le virus lui-même. Le plus grand défi se présente au moment d’aider les patients à avoir accès à des ressources financières pour obtenir des soins. La clinique reçoit des fonds du gouvernement de la Colombie- Britannique et de l’association dentaire provinciale ainsi que des dons privés, mais ses besoins ont tendance malgré tout à dépasser ses ressources. « Nous travaillons auprès de gens qui sont mal desservis, indique le Dr Aytoglu. Nous redoublons d’efforts à la clinique afin que les traitements soient approuvés ou remboursés. » L’une des choses qui a étonné le Dr Aytoglu à la clinique, c’est de constater à quel point les patients sont en bonne santé. Il s’attendait à devoir traiter constamment des maladies et des lésions buccales qui ne guérissaient pas; au contraire, bon nombre de ses patients présentent une charge virale indétectable grâce aux nouveaux médicaments. « Une personne peut se présenter juste après avoir reçu le diagnostic et être triste et inquiète, précise le Dr Aytoglu. Mais, quelques mois plus tard, la charge devient indétectable et la personne se sent très bien. Les personnes que j’ai rencontrées ici font preuve d’une résilience incroyable. » Liens avec la communauté Le Dr Aytoglu a décidé de travailler dans le milieu de la santé, car il voulait redonner à la communauté. En 2004, sa famille a émigré du Moyen-Orient et s’est établie à Mississauga, en Ontario; le fait d’être de nouveaux arrivants au Canada sans ressources financières adéquates a rendu la vie difficile pour ses parents. À l’âge de 16 ans, après avoir dévoilé son orientation sexuelle, le Dr Aytoglu a dû pratiquement se débrouiller tout seul. « Je me suis senti très seul pour affronter ces difficultés, se souvient-il. Je ne savais pas à qui m’adresser pour obtenir du soutien, affectif ou pratique. » La réussite scolaire lui est alors apparue comme un moyen de « voir le bout du tunnel ». Après avoir obtenu un diplôme de premier cycle à l’Université McMaster, il s’est inscrit en médecine dentaire et a été accepté dans trois universités. Lorsqu’un poste s’est présenté à la clinique Positive Living BC, le Dr Aytoglu a su que c’était quelque chose qu’il voulait faire. « J’ai senti que c’était l’occasion pour moi d’être là pour d’autres personnes qui traversent des périodes difficiles », dit-il. De plus, ayant autrefois connu une personne séropositive qui a joué un rôle important dans sa vie, le Dr Aytoglu sentait un lien avec cette communauté. Le Dr Aytoglu confie que son travail à la clinique l’a changé. « Mon travail ne se limite pas à réparer des dents. J’apprends à connaître les gens que nous traitons et je peux constater les effets réels qu’a la dentisterie dans leur vie. Les gens sont en meilleure santé, et ils sont plus heureux et plus confiants sur le plan social. Même lorsque nous avons une dure journée, chacun de nous à la clinique sait que nous faisons ce travail dans un noble but. » a

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