L’essentiel de l’ADC • Volume 6 • Numéro 5

36 | 2019 | Numéro 7 P oint de mire ➜ La stigmatisation entourant le VIH est toujours présente. Bon nombre de militants disent qu’il est parfois plus difficile de vivre avec la stigmatisation sociale qu’avec le virus lui-même. La clinique La clinique dentaire communautaire Positive Living est un cabinet dentaire à la pointe de la technologie qui traite des personnes vivant avec le VIH et d’autres groupes mal desservis. Elle est située au siège social de Positive Living Society BC, un organisme de services et de défense des droits des personnes vivant avec le VIH fondé en 1986 et géré par des personnes infectées par le virus. Le cabinet dentaire récemment rénové a ouvert ses portes en février 2018; on y offre des services de dentisterie restauratrice, d’endodontie, de chirurgie buccale mineure et de médecine buccodentaire, ainsi que des services buccodentaires et des conseils d’hygiène buccale. Il s’agit du seul cabinet dentaire de la Colombie-Britannique qui offre des soins destinés expressément aux personnes vivant avec le VIH. Le cabinet dentaire compte deux salles opératoires; sa construction a été rendue possible grâce à une subvention de 420 000 $ offerte par le ministère de la Santé de la Colombie- Britannique pour la prestation de soins professionnels continus et sans frais pour les patients. Des étudiants de la faculté de médecine dentaire de l’Université de la Colombie- Britannique (UBC) dispensaient des soins dentaires au siège social de Positive Living BC dès 2007, avant même que le nouveau cabinet soit construit. « À l’époque, les étudiants utilisaient des tables de massothérapie plutôt que de véritables fauteuils dentaires pour traiter les patients, raconte Neil Self, ancien président du conseil d’administration de Positive Living BC. Ils se servaient de lampes frontales, faute de systèmes d’éclairage appropriés, et les instruments dentaires devaient être apportés de l’Université puis rapportés là-bas, car l’organisme ne disposait d’aucune installation pour stériliser ou entreposer les instruments dentaires. » Entre 2007 et 2016, des centaines d’étudiants ont offert des soins dans ce modeste cabinet. Deux professeurs de l’UBC, le Dr Mario Brondani et la Dre Leanne Donnelly, ainsi que le Dr Allan Hovan, de la BC Cancer Agency, et Jocelyn Johnston, directrice générale de l’Association dentaire de la Colombie- Britannique, ont créé et élargi le programme dans le but d’offrir une expérience inestimable aux étudiants et des soins buccodentaires à des personnes qui en ont besoin, mais qui n’auraient autrement pas les moyens de les obtenir. La médecine dentaire au quotidien Le Dr Aytoglu a commencé à travailler à la clinique en juillet 2018 et il en est vite devenu le directeur. Il fait partie de l’équipe de quatre dentistes et d’un hygiéniste qui travaillent à temps partiel à la clinique et qui traitent entre 10 et 20 patients par jour. « Chaque jour est différent, souligne le Dr Aytoglu. Les lundis, des résidents de l’UBC viennent à la clinique. Les mardis, je fais des prothèses fixes et amovibles. La clinique est un endroit idéal pour apprendre, car nous faisons sans cesse face à de nouveaux défis. » Le Dr Aytoglu travaille également deux fois par mois pour la BC Cancer Agency et exerce trois ou quatre jours par semaine en cabinet privé. Il estime qu’il y a des avantages à desservir une population qui n’a souvent pas accès aux soins dentaires. « Nous comprenons les obstacles qui empêchent les personnes vivant avec le VIH d’avoir accès aux soins dentaires », dit-il. Un diagnostic de VIH a souvent des répercussions sur la situation socioéconomique et la santé mentale du patient. « Certaines personnes peuvent devoir prendre un congé d’invalidité. D’autres sont incapables de travailler. À cela s’ajoutent des facteurs sociaux, comme la gêne d’avoir à parler de sa séropositivité avec un médecin ou un dentiste. Tous ces facteurs nuisent à l’accès aux soins de santé. » Des études montrent que le VIH peut causer des problèmes dentaires. De plus, certains médicaments ont des effets secondaires, comme la sécheresse de la bouche, qui entraînent des caries et la perte de dents. « Heureusement, les nouveaux médicaments utilisés pour le traitement du VIH causent bien moins d’effets secondaires », ajoute le Dr Aytoglu. Les traitements dentaires peuvent aussi présenter plus de risques pour les personnes immunodéprimées, car elles sont plus vulnérables aux infections. « Certains dentistes craignent de traiter des personnes vivant avec le VIH parce qu’ils ne veulent pas leur causer du tort. La chirurgie buccale ou un autre traitement causeront-ils une infection? Tout cela suscite des craintes. » Le Dr Aytoglu a relevé des lacunes dans la littérature. « J’ai constaté qu’il n’existe aucune ligne directrice pour aider les dentistes à traiter les personnes immunodéprimées. Nous avons besoin de directives plus précises nous indiquant dans quelles circonstances prescrire une antibioprophylaxie. Quel type d’examens et d’analyses devons-nous faire au préalable pour savoir quel type de traitements sera sans danger pour nos patients? » Nous devons discuter de ces questions afin qu’un plus grand nombre de dentistes se sentent à l’aise de traiter des personnes séropositives. « Sinon, ces personnes ne feront qu’être dirigées d’un endroit à un autre. »

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