L’essentiel de l’ADC • Volume 6 • Numéro 3

33 Numéro 3 | 2019 | P oint de mire D e quels autres facteurs le dentiste doit-il tenir compte? Quand des problèmes comme ceux décrits dans le scénario surviennent, il est parfois possible de les régler tout simplement en demandant la permission d’entrer en contact physique avec l’autre personne. Mais étonnamment très peu de dentistes et d’assistantes le demandent. Pourtant, quand une assistante doit tenir le haut de son corps à 10 cm de plus de la bouche du patient, il y a une diminution de l’efficacité. L’assistante pourrait toucher avec son genou ou sa cuisse au côté du fauteuil ou encore au genou ou à la cuisse du dentiste. Si l’assistante doit se pencher vers l’avant, même en s’appuyant sur l’appui thoracique du tabouret (ce qui arrive couramment), cela est un problème et il faut en parler. Le fait de demander la permission de toucher l’autre change la dynamique du travail entre le dentiste et l’assistante. Y a-t-il d’autres situations où un contact physique est nécessaire pour adopter une position optimale? On fait tous des suppositions sur l’espace personnel dont l’autre a besoin, qu’il s’agisse d’un partenaire en cabinet ou d’un patient, ce qui fait qu’on évite le contact physique pour stabiliser sa position. Or, cela peut mener à des ennuis. Par exemple, un miroir peut être mal utilisé pour rétracter des tissus mous si, par exemple, la main qui le tient n’est pas stabilisée sur la tête du patient. Cela laisse le bras non dominant en suspens. De la fatigue peut ainsi s’installer et créer une tension à l’épaule et au cou du clinicien. Pourquoi évite-t-on de toucher le patient pour stabiliser sa position? Parce que le personnel a appris que de toucher la tête, le front ou le zygome du patient constitue une violation de son espace personnel. C’est l’une des situations les plus courantes et les moins bien comprises de l’exercice de la médecine dentaire, de l’hygiène dentaire et de l’assistance dentaire en cabinet. Or, il est nécessaire d’entrer en contact physique pour être stable et contrôler ses mouvements dans une position aussi sécuritaire que possible. À titre d’employeurs, les dentistes sont-ils tenus de répondre aux préoccupations du personnel au sujet de l’ergonomie? Je crois qu’en tant qu’employeurs, les dentistes ont l’obligation envers eux-mêmes et leur personnel de fournir de l’équipement optimisable du point de vue ergonomique. Évidemment, cela sous-entend qu’ils sont propriétaires du cabinet et qu’ils peuvent mener une évaluation appropriée de l’équipement et de l’aménagement pour optimiser l’ergonomie de leur mieux en fonction de leurs connaissances et de leurs habiletés. Les associés, quant à eux, devront plutôt demander avec insistance que l’ergonomie soit améliorée. C omment les équipes dentaires peuvent-elles en savoir davantage sur l’ergonomie de leur espace de travail en particulier? Est-il possible de faire faire une évaluation ergonomique? Malheureusement, il y a peu de consultants au Canada capables d’évaluer l’ergonomie d’un cabinet de manière impartiale, c’est-à-dire des consultants qui possèdent des connaissances pratiques, mais qui ne sont pas liés à la vente de produits en particulier. Heureusement, il y a davantage de ressources éducatives qu’auparavant. Une bonne partie des connaissances sur l’ergonomie d’un cabinet s’acquiert de manière autodidacte. À l’Université de la Colombie-Britannique, j’ai contribué à élaborer un module d’études sur l’ergonomie des cabinets dentaires ( dentistry.ubc.ca/ergo ) , avec Susanne Sunell, Ph. D., hygiéniste dentaire et consultante pédagogique, et Maggie Wen, hygiéniste dentaire avec une expertise en ergonomie clinique. Aussi, CDA Oasis a produit une série de huit vidéos [en anglais] sur l’ergonomie en milieu dentaire (à commencer par la partie I : oasisdiscussions.ca/2015/02/27/dce ) . C omment un dentiste peut-il assurer l’ergonomie d’un cabinet sans se ruiner? Cette question sous-entend que, pour assurer une bonne ergonomie, il faut tout acheter de l’équipement neuf. Or, la plupart des pièces d’équipement modernes peuvent fonctionner, mais il faut bien les régler et mettre à profit leur potentiel ergonomique. Cela est parfois difficile. S’il y a lieu de modifier quoi que ce soit dans la plupart des cabinets modernes, ce sera surtout la disposition de l’équipement, ce qui peut transformer une situation de compromis inconfortable en une situation confortable et efficace sur le plan ergonomique. S i le dentiste apporte des changements importants pour améliorer l’ergonomie de l’espace de travail, que se passera-t-il si de nouveaux membres se joignent à l’équipe? Chaque fois que le personnel ou l’équipement change, une partie de la dynamique complexe de la salle de traitement s’en trouve modifiée. Mais si vous avez adapté l’environnement clinique pour optimiser l’ergonomie, en remplaçant ou en déplaçant l’équipement par exemple, alors le cabinet fonctionnera pour les personnes qui saisissent l’occasion d’améliorer fondamentalement leurs façons de faire. a • Série sur les milieux de travail sains •

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=