L’essentiel de l’ADC • Volume 6 • Numéro 3

32 | 2019 | Numéro 3 P oint de mire P ourquoi l’ergonomie pose-t-elle continuellement des défis dans les cabinets dentaires? L’ergonomie a trait à la relation entre les humains et leur environnement, entre les personnes et leur travail. En médecine dentaire, on a longtemps tenu pour acquis que les maux de dos, de cou et d’épaules des dentistes, des hygiénistes et des assistantes étaient le propre du travail en cabinet. Les choses ont bien changé. Malheureusement, l’équipement est encore choisi, installé et utilisé en fonction d’anciennes conventions. L’environnement des cabinets est complexe; on y trouve de l’équipement conçu par divers fabricants, à différentes fins, dans des endroits différents de celui où il sera installé. À cela s’ajoute la complexité d’une équipe qui doit travailler dans le même espace, soit en série (quand divers cliniciens utilisent la même salle de traitement), soit simultanément. Cela signifie que les cliniciens – dentistes, hygiénistes et assistantes – doivent trouver un moyen de corriger leur façon de travailler. Cela peut être difficile pour des personnes qui doivent souvent faire vite. D e quels facteurs le dentiste doit-il tenir compte dans le scénario ci-dessus? L’un des éléments clés est le fait que l’équipe dentaire au complet doit être ouverte au changement. Il faut que chacun y mette du sien. J’ai déjà donné des consultations sur l’ergonomie dans des cabinets où le dentiste a refusé d’apporter des changements même si l’équipement causait des problèmes aux hygiénistes ou aux assistantes. J’ai aussi vu le contraire, soit des cas où le dentiste était convaincu que les assistantes avaient besoin de changer leur façon de faire, tandis que celles-ci croyaient ne pas pouvoir s’adapter à la façon proposée. D ans le scénario décrit, comment l’assistante dentaire devrait-elle réagir? Il faut que chacun prenne en main sa santé et se renseigne sur l’ergonomie. Ce sujet doit revenir continuellement au sein de l’équipe dentaire parce que les connaissances évoluent et que certains éléments d’un cabinet changent. Il est important que la communication se fasse dans les deux sens. Je sais que la relation employeur-employé fait qu’il est difficile pour certaines personnes ou dans certains cabinets de soulever des problèmes, mais il en va de la santé des dentistes, du personnel et des patients. C omment l’assistante peut-elle bien se placer pour travailler avec le dentiste? Le principal facteur qui nuit au fonctionnement optimal entre un dentiste et une assistante a trait à la posture. Celle-ci dépend en partie de l’axe du haut du corps de la personne par rapport à la bouche du patient et de la position relative de chacun. En règle générale, quand l’assistante dentaire est assise, elle doit avoir les yeux de 12 à 15 cm plus haut que ceux du dentiste. Malheureusement, la hauteur de bien des tabourets utilisés par les assistantes n’est pas facilement ajustable. Et bon nombre n’ont pas d’appui-pieds ajustable. Dans bien des cabinets où je vais, l’anneau pour pieds des tabourets a un réglage mécanique simple qui a souvent été jeté ou, si l’anneau monte et descend, il ne se verrouille pas très bien en position. Il est important, pour le dentiste et pour l’assistante, de tenir compte de leur point de contrôle postural optimal, qui correspond à l’endroit où leurs mains doivent être placées et à la zone dans laquelle la bouche du patient doit se situer. Ce point de contrôle est à peu près à la hauteur du cœur du clinicien et dans le plan sagittal moyen de son corps. Certaines personnes travaillent encore incorrectement avec les avant-bras parallèles au sol parce que, selon des axiomes de l’époque où les dentistes ont commencé à s’asseoir pour travailler, les cuisses et les avant-bras devaient être parallèles au sol. Nous savons maintenant que cela occasionne des problèmes de circulation dans les jambes et des douleurs au bas du dos, qu’il fallait prévenir par des appuis lombaires fermes. En toute honnêteté, il est possible d’avancer que les tabourets des dentistes et des assistantes n’ont pas besoin d’appuis lombaires. Si le tabouret s’ajuste facilement à différentes hauteurs, le dossier sert simplement à le déplacer; il ne sert pas vraiment à soutenir la région lombaire du clinicien et il ne devrait pas le faire non plus. • Série sur les milieux de travail sains •

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