L’essentiel de l’ADC • Volume 6 • Numéro 3

28 | 2019 | Numéro 3 P oint de mire les données indiquant que le vapotage est une méthode efficace de cesser de fumer sont limitées et, dans bien des cas, ambiguës. De fait, la recherche montre que la plupart des personnes (80 %) qui utilisent la cigarette électronique pour arrêter de fumer échouent dans leur tentative. Et, parmi les 20 % qui réussissent à cesser de fumer, la plupart (80 %) demeurent de grands utilisateurs de la cigarette électronique. Les données scientifiques laissent également croire que la cigarette électronique incite les jeunes à commencer à fumer, plutôt que d’être un outil pour aider les adultes à renoncer au tabac. Selon une recension systématique de la National Academy of Sciences publiée au début de 2018, l’usage de la cigarette électronique augmenterait le risque que des jeunes commencent à fumer la cigarette. Selon cette recension, des données modérées indiquent que le vapotage « augmente la fréquence et l’intensité » du tabagisme qui en résulte. Cette conclusion est corroborée par toutes les études publiées depuis cette recension de 2018. On remarque une augmenta- tion particulièrement élevée (hausse de 8,5 fois) du risque de tabagisme chez des personnes qui, autrement, seraient à faible risque de commencer à fumer la cigarette. Marketing et « science » Cette menace pourtant imminente ne suscite que des pré- occupations relativement mitigées. Aucun signal d’alarme ne résonne, sans doute à cause des stratégies subversives de marketing dans les médias sociaux lancées par les fabricants de cigarettes électroniques – des stratégies qui ont créé un paysage « dominé par des messages favorables au vapotage, diffusés par l’industrie et les promoteurs du vapotage ». Grâce à un nuage de désinformation, les entreprises de vapotage ont révolutionné le marketing de la cigarette électronique et réussi à accroître sensiblement cette pratique chez les jeunes. En outre, le processus de recherche scientifique peut être corrompu. Les études publiées par l’industrie de la cigarette électronique et du tabac sont environ 90 fois plus susceptibles de conclure que la cigarette électronique n’est pas nocive que les études non teintées par de tels conflits d’intérêts. Le public a besoin de données probantes claires pour faire face à cette crise imminente de santé publique. Promotion par des vedettes, produits à saveur de friandises Les communications visant à sensibiliser les jeunes aux risques de la cigarette électronique doivent être adaptées à cette clientèle. Les jeunes et les adultes sont attirés par la cigarette électronique, car ils y voient un produit qui peut les aider à renoncer au tabac, un moyen pratique de contourner les lois sur le tabagisme et une solution de rechange moins nocive que le tabac. Les jeunes sont particulièrement attirés par la cigarette élec- tronique à cause de son caractère nouveau, de son innocuité apparente et de la multitude d’arômes offerts (par exemple, vanille, fruits, chocolat et bonbon). Et l’industrie de la cigarette électronique cultive activement cet attrait, par des campagnes de marketing dynamiques axées sur le « mode de vie » et le design du produit. Ce marketing est également favorisé par l’intérêt accordé au contenu publié sur Twitter, Instagram et YouTube, grâce au recours à des vedettes pour promouvoir les produits et à la présentation d’une variété de « trucs » pour faire des effets de fumée avec la cigarette électronique. Nous tenons à rappeler que le moyen le plus efficace de pro- téger les enfants est d’élaborer des politiques fondées sur des données probantes pour faire échec aux raisons qui incitent les jeunes à commencer à utiliser la cigarette électronique. Afin de protéger les enfants, les gouvernements du monde entier devraient rapidement interdire toute publicité sur la cigarette électronique. Enfin, les dispositifs de vapotage devraient être vendus dans des emballages neutres, être interdits partout où l’usage du tabac l’est et être placés derrière le comptoir, à la pharmacie. a Référence L’article peut être consulté en ligne à : theconversation.com/vaping-is-an-urgent-threat-to-public- health-112131 [en anglais] Informations : Le Dr Reichardt est fondateur et président de l’organisme SAAVE (Stop Addicting Adolescents to Vaping and E-cigarettes). La Dre Guichon a reçu des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada et de l’Alberta Law Foundation. Elle est aussi membre de SAAVE. Les données scientifiques laissent également croire que la cigarette électronique incite les jeunes à commencer à fumer, plutôt que d’être un outil pour aider les adultes à renoncer au tabac. ➜

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