L’essentiel de l’ADC • Volume 6 • Numéro 1

32 | 2019 | Numéro 1 P ratico - pratique Un troisième participant a parlé longuement du lien entre son traitement dentaire et son employabilité apparente. Il a expliqué qu’il avait été absent du marché du travail pendant huit ans à cause d’une invalidité, mais qu’il avait été prêt à reprendre le travail une fois rétabli. Il a décrit son absence du marché du travail comme un « dur coup en sa défaveur » et indiqué que ses chances de retrouver un emploi étaient faibles. Il avait l’impression qu’il aurait à lutter ferme pour trouver un emploi, et il doute qu’il aurait eu la confiance nécessaire pour le faire avant son traitement dentaire. Depuis son traitement, toutefois, il se sent plus fort et plus en confiance. Il est maintenant plus facile pour lui de croire les gens lorsqu’on lui dit qu’il est la personne idéale pour l’emploi. « Oui, c’est vrai, je suis optimiste aujourd’hui – plus que je ne l’aurais été – et je crois être en mesure de réaliser une bonne entrevue et de faire de mon mieux. » Bien que la littérature établisse un lien entre l’aspect des dents et l’emploi, la nature de ce lien soulève toujours des questions. Les expériences des participants à cette étude font ressortir certains facteurs qui compliquent cette analyse, notamment quant à savoir si les personnes qui ont une mauvaise dentition sont au départ disposées à poursuivre des possibilités d’emploi, quel type de possibilités elles poursuivent et leur confiance quant à leur chance de réussir. Discussion Malgré son nombre limité de participants, cette étude fournit des précisions utiles sur les répercussions sociales des traitements dentaires qui ont pour effet d’améliorer l’apparence d’une personne. Les participants ont parlé avec force et éloquence des différentes manières dont le traitement a amélioré leur vie. Des personnes qui se sentaient rabaissées et stigmatisées à cause de leur mauvaise santé buccodentaire ont été en mesure de surmonter ces sentiments. Elles ont ressenti une plus grande confiance en elles, confiance qui s’est manifestée par une plus grande estime de soi, une volonté accrue d’interagir avec les autres, un raffermissement des liens familiaux et une plus grande confiance face à l’emploi. Compte tenu des effets si largement positifs que peuvent avoir les traitements dentaires sur la vie des gens et des bouleversements qui peuvent en résulter, l’étude soulève la question de l’accès aux soins. De fait, cette question a été soulevée par les participants eux-mêmes, sans y avoir été invités. Pour tous les participants interviewés, le traitement dentaire a été rendu possible uniquement grâce à un organisme de bienfaisance dispensant des soins dentaires gratuitement à des adultes à faible revenu. Sans cette aide, et dans un contexte où les gens peuvent avoir de la difficulté à se loger et à se nourrir, les traitements dentaires sont considérés comme un « luxe inabordable ». Selon les estimations, quelque six millions de Canadiens évitent chaque année des traitements dentaires à cause de leurs coûts 11 . Bien que l’objectif de la Loi canadienne sur la santé soit d’éliminer les obstacles qui empêchent un accès égal aux soins de santé, les politiques mises en place n’incluent pas la santé buccodentaire 11 . L’Académie canadienne des sciences de la santé a étudié l’état des soins de santé buccodentaire au Canada, en s’intéressant plus précisément aux « personnes vulnérables », dont les personnes à faible revenu, les personnes âgées vivant en établissements, les réfugiés, les immigrants et les personnes handicapées. Ces groupes vulnérables ont tendance à avoir une mauvaise santé buccodentaire et à présenter notamment des caries dentaires, une douleur dentaire et des maladies des gencives non traitées. Cependant, en raison des coûts, ces groupes ne consultent habituellement un dentiste qu’en cas d’urgence 11 . Selon certains, le système actuel de soins de santé buccodentaire au Canada offre un exemple clair de la « loi inverse des soins », car les personnes qui ont le plus besoin de soins sont celles qui en bénéficient le moins 11 . Du fait de leur nature subjective, les recherches basées sur des entrevues limitent intrinsèquement les conclusions qui peuvent être tirées des résultats obtenus. De plus, en raison de la logistique du recrutement, du délai pour la réalisation de ce projet de recherche et du caractère restreint de la population cible constituée de personnes ayant récemment eu accès à des soins dentaires, la taille de l’échantillon de cette étude est petite, et cela limite encore davantage la généralisabilité de mes conclusions. Les résultats de cette étude viennent toutefois compléter et renforcer les conclusions d’enquêtes quantitatives à grande échelle. Bien que la méthode d’autoévaluation ne donne pas de résultats objectifs, elle fournit néanmoins des renseignements utiles sur les points de vue des patients. Mes résultats donnent un aperçu de la manière dont la vie de personnes dont l’apparence laissait à désirer, faute de traitements dentaires adéquats, a radicalement changé. Ils montrent également l’ampleur des bienfaits pouvant résulter des traitements et devraient inciter les gens à discuter de toute urgence de l’accès aux soins dentaires dans ce pays. a Vous pouvez consulter l’article intégral à jcda.ca/i4 [en anglais] Plus en ligne

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