L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 8

P oint de mire Les étudiants s’occupent de tous les soins dentaires durant la semaine, avec le soutien des dentistes du CAMH. En fin de stage, nous voulons qu’ils se sentent plus à l’aise de traiter les personnes atteintes d’une maladie mentale – légère ou sévère – et qu’ils comprennent le contexte dans lequel fonctionne la clinique dentaire. À la fin de leurs études, ils auront plus confiance en leurs moyens et ils comprendront mieux le rôle essentiel du dentiste auprès des personnes atteintes d’une maladie mentale. Les dentistes ont-ils besoin de compétences particulières pour traiter ces patients? JR : Non, n’importe quel dentiste peut faire ce que je fais. Mais certains patients ont de la difficulté à suivre un traitement et leurs rendez-vous – peut-être parce qu’ils ont déjà beaucoup de rendez-vous ou à cause de leurs médicaments ou parce qu’ils traversent une crise. Les dentistes doivent aussi savoir que bien des clients atteints d’une maladie mentale modérée ou grave sont médicalisés depuis une bonne partie de leur vie adulte et ils ont passé bien des heures à voir des intervenants, ce qui fait qu’ils pourraient être méfiants à votre égard et vous voir simplement comme un autre médecin. Comment gagner la confiance d’un patient sur ses gardes? JR : La première fois que je rencontre une personne, je m’efforce toujours de m’asseoir avec elle – non pas d’écrire à l’ordinateur ou de faire autre chose –, de simplement la regarder dans les yeux, de lui parler et d’essayer d’établir un lien et d’inspirer sa confiance. Je lui accorde probablement plus d’attention qu’à un patient moyen, mais je veux lui montrer que je suis là et que je veux vraiment l’aider. Quels obstacles ces personnes doivent-elles surmonter avant de voir un dentiste? JR : Le principal obstacle est d’ordre financier. Il y a un fort lien entre maladie mentale et pauvreté. Il se peut que certains cabinets ne puissent pas accepter une grande proportion de patients bénéficiaires du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées. Un autre obstacle est le manque de confiance général envers les fournisseurs de soins. La plupart de nos clients au CAMH ont eu toutes sortes d’expériences avec des fournisseurs de soins – dont certains étaient bons, mais d’autres mauvais ou indifférents – de sorte qu’il est plus facile pour eux de ne pas établir de lien de confiance. Tant de patients du CAMH ont un traitement lourd, peu d’argent et de la difficulté à se présenter à leurs rendez-vous. Tout cela pose des défis à bien des dentistes généralistes. Comment le stage au CAMH influence-t-il les étudiants? JR : J’enseigne à tous les étudiants en médecine dentaire de quatrième année et j’apprends à les connaître; les remarques que j’ai entendues sont extrêmement positives. Nombre d’entre eux arrivent au CAMH sans trop savoir à quoi s’attendre. Ils se demandent s’ils doivent craindre ce qui les attend, mais bien souvent ils trouvent l’expérience positive. Une ancienne étudiante était tellement inquiète qu’elle voulait ne pas faire son stage; elle ne savait pas à quoi s’attendre et ses parents craignaient pour sa sécurité. Mais au bout du stage, elle a dit avoir vécu sa plus belle expérience d’étudiante. Les patients sont tellement différents de ce qu’elle avait imaginé; ils étaient reconnaissants, aimables et heureux qu’une étudiante travaille avec eux. L’Université de Toronto forme environ les deux tiers des dentistes en Ontario tous les ans et chaque cohorte passe au moins une demi-journée au CAMH. Ces étudiants finissent leurs études avec un peu d’expérience dans un hôpital psychiatrique. Pour moi, c’est un immense succès. Ils sont comme nous tous, des personnes qui ont leurs propres troubles et qui ont des difficultés et des défis. Ils cherchent le même genre de traitement que tout autre patient; ils veulent faire soigner leurs dents et les garder en bonne santé. » – Dr Joel Rosenbloom

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