L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 7

P ratico - pratique Le type de réponse à la musique et l’amplitude de la réponse dépendent de plusieurs facteurs qui sont liés aux caractéristiques de la personne, au type de musique ainsi qu’aux préférences de la personne en termes de musique. Selon des études antérieures, l’écoute d’une musique préférée peut influencer l’efficacité des interventions musicales 35,36 . Chez les aînés atteints de démence, par exemple, l’écoute d’une musique préférée peut aider à maîtriser les comportements agités et avoir ainsi un effet thérapeutique sur les soins cliniques 37 . Des études cliniques antérieures ont aussi démontré qu’une musique agréable peut activer le système de récompense du cerveau 38–39 . On a aussi remarqué que différentes chansons adaptées à la culture favorisent le sommeil chez les bébés 40,41 . De plus, chaque type de musique peut produire des résultats différents sur l’organisme. Par exemple, la musique stimulante augmente certaines réponses cardiovasculaires, alors qu’une musique relaxante les diminue 19 . Mais, plus important encore, certaines réponses autonomes peuvent refléter en partie la vitesse du tempo de base (c.-à-d. rapide ou lent), alors que les effets physiologiques semblent dépendre principalement du contenu rythmique et des contours mélodiques qui suscitent les émotions 42 . Selon d’autres études, la musique sélectionnée par les chercheurs aurait eu un plus grand effet apaisant que la musique choisie par les sujets eux-mêmes 43 . À l’inverse, une méta-analyse des effets de la musique sur l’anxiété chez les patients présentant des problèmes cardiovasculaires 44 a révélé que la musique choisie par le sujet est plus efficace à réduire les mesures psychologiques comme l’anxiété. Bien que l’on en sache peu sur les mécanismes qui influencent les préférences en matière de musique, une récente étude d’imagerie cérébrale 45 montre que l’écoute d’une musique préférée fait intervenir les réseaux associés à la pensée autoréflexive et à la mémoire socio-affective. Un certain nombre d’études ont été réalisées sur l’utilisation des interventions musicales pour réduire la douleur et l’anxiété reliées à des traitements cliniques, mais aucune n’a encore étudié l’utilisation d’une musique adaptée à la culture, son application dans divers milieux de soins et ses effets sur l’évitement des soins par les patients dans la communauté. De plus, diverses innovations technologiques, aujourd’hui disponibles, peuvent être appliquées aux interventions musicales pour la prestation de soins de santé efficaces et efficients 46 . Dans ce contexte et dans le but de favoriser la prestation de soins axés sur le patient, les auteurs du présent rapport ont obtenu des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour organiser un atelier unique ayant pour but de planifier les futurs projets et activités de recherche sur l’utilisation de la musique en milieux cliniques. Un atelier sur invitation seulement a donc été organisé en mai 2017 au Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS) de Montréal, qui est affilié à l’Université de Montréal et à l’Université McGill. Durant cet atelier d’une journée, plusieurs chercheurs et experts en recherche fondamentale, translationnelle et clinique, dans les domaines de la musique, de la douleur, de la neuropsychologie, de la santé mentale et de la santé buccodentaire, provenant d’universités et d’instituts de recherche du Canada et de l’étranger, ont été invités à venir discuter des innovations dans la prestation de soins axés sur le patient avec des cliniciens, des membres de la communauté, des représentants de l’industrie des soins de santé, ainsi que des utilisateurs finals des connaissances. Le thème principal de l’atelier, qui était l’élaboration et la mise en œuvre d’interventions musicales adaptées aux cultures dans le domaine des soins cliniques, s’articulait autour de trois objectifs précis : • Consolidation de partenariats de recherche entre les patients, les cliniciens, les chercheurs, les décideurs et l’industrie de la cybersanté dans les domaines de la dentisterie et de la santé mentale. • Partage et diffusion des connaissances sur les effets de la musique sur les émotions et la maîtrise de la douleur – de la science fondamentale aux innovations en cybersanté. • Planification en vue de la présentation de propositions de subventions. Le Dr Pierre Blanchet, vice-doyen à la recherche à la faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal, a ouvert l’atelier en insistant sur l’importance de la recherche clinique interdisciplinaire et intersectorielle. Les trois organisateurs de l’atelier, la Dre Elham Emami, Nathalie Gosselin, Ph. D. et Pierre Rainville, Ph. D., ont animé les présentations orales et les groupes de discussion. Les conférenciers à l’atelier ont été invités à discuter des cinq sous-thèmes suivants de l’atelier, reflétant la nature interdisciplinaire et intersectorielle de l’atelier : • Soins axés sur le patient : Habilitation des patients en matière d’autogestion de la santé • Anxiété et douleur : Perspectives cliniques et de recherche • Les réseaux du cerveau émotionnel et la musique : Mécanismes d’interaction • Interventions musicales : De la théorie à la pratique et innovations en cybersanté • Contexte culturel des interventions musicales Un aperçu de la musique autochtone et de son incidence sur la conceptualisation de la santé et de la guérison a aussi été présenté dans le cadre du sous-thème sur le contexte culturel de la musique.

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