L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 7

35 Numéro 7 | 2018 | P ratico - pratique d’abord consulté son parodontiste, qui a diagnostiqué une réaction inflammatoire, puis procédé à l’ablation de la lésion et à un détartrage. Quelques semaines plus tard, la lésion est réapparue et a été retirée à nouveau. Le patient a ensuite été victime d’une infection et on lui a prescrit de l’amoxicilline. Lors de son examen d’urgence au service d’oncologie dentaire, le patient a déclaré que sa principale crainte était de finir par ne plus avoir de gencives en raison des excisions répétées. Examen Le patient présente une grosse masse exophytique entre les dents 35 et 36, caractérisée par des zones claires de leucoplasie et d’érythème ( ill. 1 ). Cette masse a rapidement grossi en deux semaines, depuis le moment où elle a été retirée pour la dernière fois par le parodontiste. Un examen radiographique a été fait. On observe un aspect anormal, avec atteinte de la zone corticale sur toute la hauteur de l’alvéole mandibulaire, entre les dents 35 et 36, caractérisée par une résorption irrégulière et mal définie. On note aussi un élargissement focal anormal de l’espace du ligament parodontal associé à la surface distale de la dent 35 ainsi qu’à la surface mésiale et à l’apex de la dent 36 ( ill. 2 ). Même s’il peut s’agir d’une lésion inflammatoire, les cliniciens doivent maintenir un haut degré de suspicion clinique quant au risque de malignité chez un patient qui présente ce type d’antécédents médicaux. On a tenté de joindre l’otorhinolaryngologiste du patient, mais celui-ci n’était pas à la clinique à ce moment. Une biopsie simple a été effectuée et l’échantillon a été placé dans un milieu de conservation approprié aux fins d’analyse histopathologique. Les résultats de la biopsie, communiqués quelques jours plus tard, ont révélé un carcinome épidermoïde. Élaboration d’un plan pour le patient Il est recommandé d’établir un plan de soins précis avant de présenter à un patient des résultats de biopsie anormaux (dans le cas présent, une tumeur maligne). Idéalement, ce plan devrait prévoir l’orientation rapide vers un spécialiste qui pourra traiter l’affection, afin que le patient ait déjà en main les documents nécessaires avant de quitter. En temps normal, ce patient aurait été dirigé vers un pathologiste buccal ou un chirurgien buccal et maxillofacial faisant partie d’un réseau d’orientation. Dans le cas présent, comme le patient avait déjà été traité pour un cancer de la bouche, il n’y avait aucun doute quant aux spécialistes à consulter pour établir son plan de traitement. Avant d’obtenir les résultats de la biopsie, l’otorhinolaryngologiste et l’oncologue médical du patient ont été consultés, et une image de la lésion leur a été envoyée par courriel sécurisé. Lorsque les résultats de la biopsie ont été connus, on a de nouveau communiqué avec ces spécialistes, et une consultation d’urgence a été planifiée. Environ trois semaines plus tard, une résection d’une partie importante de la mâchoire du patient a été pratiquée. Malheureusement, le cancer a progressé rapidement au cours des mois qui ont suivi, finissant par atteindre la partie gauche du cou; le patient reçoit maintenant des soins palliatifs. a Messages à retenir ➤ Lorsqu’on a des doutes au sujet d’une lésion des tissus mous, il faut toujours effectuer une biopsie d’incision aux fins d’analyse histopathologique OU diriger le patient vers un spécialiste approprié. ➤ Les cliniciens doivent maintenir un haut degré de suspicion clinique dans le cas des patients qui ont subi une allogreffe, car ceux-ci présentent un risque accru de tumeurs cancéreuses solides. ➤ Lorsque les résultats de la biopsie confirment qu’il s’agit d’une tumeur, il est préférable d’établir un plan de traitement avant de transmettre les résultats au patient. Cette étude de cas est adaptée d’une entrevue avec la Dre Watson, initialement publiée sur le site Oasis Discussions. Pour visionner la présentation de cas, visitez wp.me/p2Lv6A-5Sh [en anglais] Lorsqu’un patient présente une lésion des tissus mous et des changements radiographiques, il est toujours préférable de présumer qu’il s’agit d’une tumeur maligne, jusqu’à preuve du contraire, et de procéder à une biopsie simple à des fins de confirmation histopathologique. » Références 1. Atsuta Y , Suzuki R, Yamashita T , Fukuda T, Miyamura K et al. Continuing increased risk of oral/esophageal cancer after allogenic hematopoietic stem cell transplantation in adults in association with chronic graft-versus-host disease. Ann Oncol. 2014; 25(2): 435-41. 2. Weng X, Xing Y, Cheng B. Multiple and recurrent squamous cell carcinoma of the oral cavity after graft-versus-host disease. J Oral Maxillofac Surg. 2017; 75(9):1899-1905.

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