L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 6

P ratico - pratique 32 | 2018 | Numéro 6 Une évaluation préopératoire exhaustive constitue un élément clé d’un plan d’anesthésie adéquat. » causés, ce qui pourrait éviter à d’autres patients de subir des préjudices dans l’avenir si le clinicien devait se trouver dans une situation comparable, ajoute la Dre El-Mowafy. II est de notre responsabilité professionnelle de surveiller les résultats de nos traitements, afin de pouvoir prendre des mesures pour que le nombre de préjudices aux patients se rapproche le plus possible de zéro. » Nous avons demandé à la Dre El-Mowafy de nous en dire davantage sur l’étude. Quels sont les résultats de votre recherche? Les résultats de notre étude montrent que la prévalence des décès est de 0,8 par million de patients et que le taux de morbidité grave est de 0,25 par million de cas. Par comparaison, des données antérieures montrent que le risque de mourir d’un accident de voiture est de 1 sur 113 et que le risque d’être frappé par la foudre et d’en mourir est de 1 sur 174 000. Les patients devraient donc savoir que le risque qu’un incident catastrophique survienne est véritablement très faible, et qu’il ne semble pas plus élevé pour les patients en bonne santé, que la procédure sous sédation profonde ou anesthésie générale soit pratiquée en cabinet dentaire ou en milieu hospitalier. Combien de décès ou de blessures ces proportions représentent-elles? Nous avons recensé trois décès et un cas de morbidité grave en Ontario durant la période de 20 ans de notre étude. Deux de ces incidents concernaient des patients pédiatriques. Nous avons également estimé que, durant cette période, environ 3,7 millions de sédations profondes et d’anesthésies générales pour des traitements dentaires ont été administrées en cabinets en Ontario. La sédation profonde et l’anesthésie générale comportent-elles moins de risque aujourd’hui que par le passé? Si oui, quelles améliorations ont rendu ces procédures plus sécuritaires? Les résultats de notre étude semblent indiquer qu’il y a eu amélioration, bien que les différences dans les taux de mortalité soient minimes par rapport aux études précé- dentes. Ainsi, une étude réalisée en 1997 1 par Nkansah et coll. avait révélé un taux de mortalité correspondant à un décès par million de cas, comparativement à un taux de 0,8 décès par million de cas dans notre étude – la diffé- rence est donc très faible. Il y a toutefois une chose qui a changé depuis : les médicaments qui sont utilisés aujourd’hui sont plus sécuritaires. Des progrès ont également été réalisés dans le domaine de l’enseigne- ment. À l’U de T, par exemple, la durée du programme d’anesthésie a été prolongée de 24 à 36 mois. Le style de formation dans les programmes d’anesthésie a aussi été modifié afin d’insister davantage sur la formation axée sur la simulation. Les stagiaires ont ainsi la possibilité de mettre en pratique la prise en charge d’une urgence sur un mannequin haute-fidélité dans un cadre semblable à celui de la pratique clinique, en étant observés et évalués par leurs supérieurs. Ce type de formation est très utile. Enfin, des progrès ont aussi été réalisés dans les méthodes de surveillance. Au moment de l’étude de 1997, la capno- graphie et l’oxymétrie pulsée – deux pratiques aujourd’hui utilisées régulièrement – n’étaient pas adoptées par tous. Je souligne ce fait, car les moniteurs ne sont d’aucune utilité sans un anesthésiologiste expérimenté et bien formé. Pouvez-vous nous en dire davantage sur les circonstances dans lesquelles sont survenus les trois décès et le cas de morbidité grave relevés dans votre étude? L’équipe de recherche prévoit publier des renseignements détaillés sur ces cas dans un manuscrit distinct. L’examen de ces cas a nécessité un examen approfondi des rapports des hôpitaux, du coroner et des cliniciens en cause. Comme ces cas sont des questions sensibles pour les fa- milles et les cliniciens concernés, je vous invite à examiner le manuscrit. Il est important d’assurer une présentation fidèle des renseignements, exactement comme ils nous ont été communiqués. Pouvez-vous nous indiquer, dans les grandes lignes, les leçons que l’on peut tirer de ces cas? Ces cas réaffirment principalement l’importance de bien choisir les cas. Notre rôle en cabinet est de traiter des pa- tients qui sont relativement en bonne santé. L’American Society of Anesthesiologists (ASA) a établi un classement des patients en fonction de leur état de santé; la catégorie ASA I désigne les patients normaux et en bonne santé; la catégorie ASA II, les patients atteints d’une maladie systé- mique bénigne, comme l’asthme bien maîtrisé, et la catégo- rie ASA III, les patients atteints d’une maladie systématique grave, par exemple le diabète de longue date. Le rôle des dentistes exerçant en cabinet privé est de traiter des patients des catégories ASA I et ASA II, ainsi que des patients de la catégorie ASA III dont l’état est bien maîtrisé. Tout patient classé dans une catégorie supérieure (le classement va de ASA I à ASA VI) ne relève pas de notre champ d’activité.

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=