L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 5

26 | 2018 | Numéro 5 P oint de mire qu’elles savaient de la santé buccodentaire et quels problèmes devaient être abordés. « Nous savons ce que disent les données, précise la Dre Mary McNally, professeure aux facultés de médecine dentaire et de médecine de l’Université Dalhousie et membre de l’équipe de recherche, mais bien souvent elles ne disent pas tout d’une communauté. » Leur étude 1 a été fondée sur une approche à double perspective qui tient compte des connaissances tant autochtones que non autochtones. « Cette approche reconnaît qu’il est possible de voir le monde d’une façon, c’est-à- dire du point de vue scientifique occidental, mais aussi d’une autre, soit du point de vue autochtone, explique Mme Debbie Martin, Ph. D., titulaire de la chaire de recherche du Canada en santé et bien-être des Autochtones, professeure agrégée en promotion de la santé à l’Université Dalhousie et auteure principale de l’étude. Cette approche essaie de concilier ces deux perspectives pour que nous puissions tracer un portrait complet des questions que nous étudions. » Trois grands thèmes sont ressortis de leurs conversations : 1. Une conceptualisation holistique de la santé est nécessaire pour une bonne santé buccodentaire. Les chercheurs ont noté que des écarts entre le savoir inuit et la science occidentale pourraient nuire à la réussite d’initiatives de santé publique faisant la promotion de la santé buccodentaire. Par exemple, dans le passé, les habitudes traditionnelles d’hygiène dentaire, comme le brossage des dents et l’utilisation de la soie dentaire, n’ont pas été jugées comme une priorité puisqu’elles nécessitaient une ressource rare : de l’eau potable. Faute d’approvisionnement en eau potable au robinet (ce qui fait toujours défaut dans toutes les communautés de NunatuKavut), l’eau pour le brossage des dents devait être bouillie ou recueillie d’une source d’eau salubre naturelle. Dans le passé, le mode de subsistance traditionnel offrait aux Inuits passablement tout ce dont ils avaient besoin. « Les Inuits avaient des moyens de défense contre les maladies buccodentaires, explique Mme Martin. Par exemple, les os qu’ils grugeaient et la moelle qu’ils suçaient nettoyaient naturellement leurs dents, et l’écorce de bouleau et de saule servait d’anesthésiant naturel. » Cette idée que la santé communautaire soit directement liée au milieu naturel semble aussi incompatible avec les efforts traditionnels en santé publique qui mettent l’accent sur l’idée d’apprendre à avoir « une bonne santé buccodentaire ». Les conceptions inuites de la santé sont plus holistiques, la bouche n’étant pas séparée du corps, de la famille, de la communauté et de l’environnement naturel. 2. Avoir une bonne santé buccodentaire dans les communautés inuites relève de l’exploit. « On présumait que les habitants de la côte n’avaient pas d’habitudes d’hygiène dentaire parce que, pour une raison quelconque, ils ignoraient comment s’occuper de leur santé buccodentaire, explique Mme Martin. En fait, notre recherche a découvert qu’ils en savent beaucoup sur le sujet. » Elle a montré que la plupart des jeunes savent comment et quand se brosser les dents et passer la soie dentaire et quels aliments et boissons limiter, consultent régulièrement un dentiste, et bénéficient de programmes de promotion de la santé, y compris de la santé buccodentaire, dans les écoles et les centres locaux de ressources pour la famille. Cette approche reconnaît qu’il est possible de voir le monde d’une façon, c’est-à-dire du point de vue scientifique occidental, mais aussi d’une autre, soit du point de vue autochtone. » – Mme Debbie Martin La Dre Mary McNally (d.) utilise la technique genoux-contre-genoux pour examiner les dents d’une très jeune résidente de NunatuKavut.

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