L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 4

36 | 2018 | Numéro 4 P ratico - pratique  Jour 19 : Le patient commençait à se sentir mieux. Il a essayé de reprendre le travail. À la fin de sa première journée de travail, la douleur et l’enflure étaient réapparues.  Jour 20 : L’homme pouvait à peine ouvrir la bouche et il ne pouvait plus manger. Il s’est rendu à l’hôpital, où on lui a ad- ministré de la clindamycine par voie intraveineuse et fait deux injections de Toradol par jour. Des échographies et des tomo- densitométries (TDM) de la tête et du cou ont été pratiquées, et le patient a été examiné par plusieurs médecins durant les quelques jours qui ont suivi. Le médecin de l’hôpital a recommandé la consultation d’un autre dentiste généraliste pour l’extraction de la dent 36. Ce dentiste a toutefois refusé d’extraire la dent lorsqu’il a constaté l’état du patient. Il a jugé, à juste titre, qu’il était dangereux de pratiquer l’extraction. Le dentiste a toutefois mentionné au patient que le panorex semblait indiquer une importante perte osseuse à l’angle de la branche montante, des deux côtés, et qu’il y avait donc un risque de fracture de la mâchoire. En réali- té, le dentiste a mal interprété la zone estompée sur le panorex et il n’y avait pas de problème avec la mâchoire. Le dentiste a dirigé le patient vers un chirurgien buccal. Lent rétablissement à l’hôpital  Jour 21 : Le chirurgien buccal a extrait la dent 36 à l’hôpital, sous anesthésie générale. Il a pratiqué un drainage extra-buccal et, pendant trois jours après l’opération, le patient est resté intu- bé et inconscient. Lorsque l’homme a commencé à reprendre conscience, son comportement était étrange. Craignant que l’infection ne se soit propagée au cerveau, le chirurgien buccal a pratiqué une deuxième incision et un deuxième drainage sous anesthésie générale. Des échantillons de tissus mous et de liquide ont été prélevés et les analyses ont révélé la présence de Eikenella corrodens comme principale espèce bactérienne. E. corrodens est une bactérie présente dans la bouche et dans les voies respira- toires supérieures qui cause une infection souvent désignée « morsure de lutte », car l’infection peut se manifester chez une personne qui, en donnant un coup de poing dans la figure d’une autre personne, se coupe les jointures sur les dents de la personne qu’elle a frappée. Il est probable que les incisions et les drainages ont favorisé l’infection par E. corrodens , étant donné la largeur des incisions. L’extraction de la dent 37 était la bonne chose à faire, mais le site de l’extraction était devenu une autre voie favorable à l’en- vahissement par le microorganisme opportuniste E. corrodens . Le chirurgien buccal a remarqué que le maxillaire inférieur ne présentait pas (ou peu) de signe de destruction; cela confirme les soupçons d’une infection d’origine non odontogène. Le patient est resté deux semaines à l’hôpital. Il a dû recevoir par la suite une antibiothérapie quotidienne par voie IV pendant quatre semaines. L’engourdissement, le mal d’oreille et l’enflure ont finalement disparu et l’homme a depuis repris le travail. a Quelles leçons pouvons-nous tirer de ce cas? Fonder le traitement sur un diagnostic et des tests formels Le premier dentiste qui a examiné le patient dit qu’il a mesuré la profondeur de la poche parodontale et fait des tests de sensibilité au froid sur certaines dents du quadrant 3. Il n’a toutefois pas inscrit les résultats de ces tests dans le dossier et aucun diagnostic n’a été indiqué. Le deuxième dentiste n’a fait que suivre le plan de traitement proposé, à savoir un traitement de canal de la dent 36. Cependant, sans confirmation que des tests pulpaire et périradiculaire avaient été effectués, suivi d’un diagnostic endodontique, le plan de traitement proposé n’était aucunement fondé. Tenir compte des antécédentsmédicaux et dentaires L’accident d’automobile qui a causé un traumatisme ayant nécessité l’extraction de dents dans le quadrant 4 est pertinent pour tous les soins futurs dispensés à ce patient. L’homme présente un risque accru de fissures et fractures sur toutes les dents encore présentes, et ce, pour le reste de sa vie. Les amalgames dans le qua- drant 3 datent de plus de 20 ans et sont peu profonds. Au fil des ans, il est possible que la structure d’une dent obturée montre des signes de fatigue et que des fis- sures surviennent. Cela vaut tout particulièrement pour les amalgames peu profonds qui reposent sur de l’émail dur, plutôt que sur la dentine molle et plus souple, ce qui fait qu’il y a transfert d’une plus grande force latérale en direction des cuspides. Bien que cela soit contre- intuitif, il faut porter attention aux amalgames anciens et peu profonds qui exposent la dent à un plus grand stress latéral que les obturations plus profondes. Envisager des tests complémentaires pour les dents qui présentent un risque de fractures Rien n’indique que des tests d’application de contraintes occlusales avec un Tooth Slooth ou des tests de transillumination ont été pratiqués. Ces tests sont utiles pour détecter les fractures coronaires. Pour visionner la discussion du cas par le Dr Fransen, allez à oasisdiscussions.ca/2018/02/16/dx et entrez le mot de passe 5*67

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