L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 4

35 Numéro 4 | 2018 | P ratico - pratique Période post-opératoire  Jour 1 : Le lendemain, la zone de la dent 36 était engourdie et l’homme ressentait une légère douleur, mais il n’a pas appelé le dentiste.  Jour 2 : La douleur était devenue si intense qu’elle a réveillé le patient qui dormait profondément; le patient a aussi vomi. Toute la partie gauche du maxillaire inférieur était sensible; de plus, la zone engourdie et gelée était maintenant enflée et le patient ne pouvait pas mordre de ce côté. En matinée, le pa- tient s’est rendu chez son dentiste en lui disant qu’il pensait que sa douleur était due à la dernière dent (37). Le dentiste n’était toutefois pas de cet avis; il croyait plutôt que l’obturation de la dent 36 était un peu haute et que l’homme avait probable- ment grincé des dents toute la nuit. Il a ajusté l’obturation de la dent 36 et a recommandé au patient de porter une plaque oc- clusale durant la nuit. Certains signes semblaient indiquer que le patient s’était peut-être mordu l’intérieur de la joue lorsque sa bouche était encore gelée. Après avoir quitté le cabinet du dentiste, le patient est allé acheter deux plaques occlusales. Il a essayé d’en porter une cette nuit-là, mais cela n’a pas semblé le soulager.  Jour 3 : La douleur avait empiré et le patient avait en plus mal à l’oreille. Il a appelé son dentiste qui lui a prescrit de l’amoxicilline par téléphone. C’était dimanche et l’homme vou- lait aller travailler le lendemain; il a donc refusé l’ordonnance de Tylenol 3. La douleur a continué d’empirer tout au long de la journée et à 23 h le patient s’est rendu au service d’urgence de l’hôpital. L’urgentologue l’a renvoyé chez lui en lui disant que la douleur finirait par s’estomper. À 3 h, la douleur était toujours aussi vive. L’homme est retourné à l’hôpital et a demandé qu’on lui prescrive quelque chose contre la douleur. L’urgentologue a examiné la bouche du patient et déclaré que, selon lui, la douleur était due au fait que le dentiste généraliste avait touché un nerf en injectant l’anes- thésique local. Au dossier, le médecin a noté qu’une injection traumatique du dentiste avait causé l’engourdissement et le mal d’oreille, de même que l’enflure, l’infection et la douleur. Il a dit qu’il « n’allait pas corriger l’erreur du dentiste » et, à contre- cœur, il a administré une injection de Demerol au patient.  Jour 4 : Après une nuit épouvantable, l’homme est retour- né chez son dentiste et lui a répété ce que le médecin lui avait dit, que le problème venait de l’injection pratiquée par le den- tiste. Le dentiste a tenté de rassurer le patient en lui disant que l’injection n’était pas la cause de sa douleur, et il lui a prescrit des comprimés de Percocet. Le dentiste a pratiqué une incision et un drainage pour libérer une partie de la pression exercée par l’enflure dans le vestibule buccal adjacent aux dents 36 et 37 ( ill. 3 ). À cause de son manque de sommeil et de la vive douleur qu’il ressentait, le patient n’a pu reprendre le travail. Augmentation et propagation de l’enflure  Jour 5 : Après avoir passé une autre nuit épouvantable, le patient est retourné au cabinet de son dentiste dès l’ouverture. Il a indiqué au dentiste qu’il avait également beaucoup de nausées. Le dentiste lui a prescrit du Gravol et lui a également recommandé de prendre quelques comprimés d’Advil en plus du Percocet. L’atteinte s’étendait maintenant au fascia buccal et la joue gauche du patient était boursouflée. Le cou de l’homme était enflé et sa peau dans la partie supérieure gauche du thorax était rouge. Le problème dentaire était devenu un problème médical. L’homme a consulté son dentiste, qui a remarqué que la dent 37 était devenue assez mobile; le dentiste a dit au patient que la dent était infectée et qu’il devait l’extraire. Cependant, avant d’extraire la dent, il fallait laisser le temps à l’antibiotique d’agir pour traiter l’abcès sur la dent 37. Un panorex a été réalisé et n’a rien révélé d’exceptionnel. L’angle de chaque branche montante était toutefois légèrement estompé (voir ci-dessous). Le dentiste a pratiqué une deuxième incision et un deuxième drainage, cette fois-ci en prolongeant l’incision postérieure- ment, ainsi que verticalement le long de la branche montante. Comme le patient avait toujours des nausées et que l’enflure persistait, le dentiste a recommandé au patient de cesser de prendre l’amoxicilline et de prendre plutôt de la clindamycine.  Jour 6 : Le patient avait toujours des nausées et ses selles étaient molles. L’enflure dans le cou semblait avoir diminué, mais l’enflure dans le vestibule buccal, de même que le mal d’oreille et l’engourdissement, n’avaient pas régressé. Le patient avait de la difficulté à mastiquer et ne pouvait ingérer que des aliments très mous. Il n’avait toujours pas repris le travail. Autre changement d’antibiotique  Jour 9 : L’enflure dans le cou avait disparu, mais l’enflure dans le vestibule buccal persistait. Le dentiste a pratiqué une troisième incision et un troisième drainage, a indiqué au patient de cesser de prendre la clindamycine et de retourner à l’amoxi- cilline pour tenter de réduire les nausées. Il a aussi renouvelé l’ordonnance de Percocet. Le patient en était rendu à prendre 8 comprimés de Percocet par jour pour soulager sa douleur.  Jour 10 : Malgré la nouvelle antibiothérapie, l’engourdis- sement et l’enflure ont de nouveau augmenté. Le dentiste a extrait la dent 37 qui était mobile; du pus s’est écoulé de la crevasse gingivale.  Jours 11 à 18 : Le patient a consulté son médecin parce que ses selles étaient toujours molles. Le médecin a prélevé des échantillons de sang et de selles, qui se sont tous révélés négatifs, et il a recommandé au patient de continuer à prendre l’amoxicilline.

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