L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 4

29 Numéro 4 | 2018 | P oint de mire « Avec le système de navigation, si vous découvrez que l’os n’est pas assez bon et que vous voulez viser 3 mm plus à droite, vous pouvez changer la position de l’implant sur l’ordinateur, qui vous guidera 3 mm vers la droite, précise la Dre Somogyi-Ganss. C’est très souple. » Une différence de seulement quelques millimètres peut faire qu’un implant résiste ou se brise, selon le Dr Higgins. « Certains de ces patients ont peu de matière osseuse restante ou ont subi une radiothérapie qui a fragilisé et aminci leurs os, explique-t-il. Et vous ne pouvez installer l’implant dans les airs – comme sur une coquille d’œuf reposant sur une poche d’air – parce qu’il ne tiendra pas ou il s’infectera. C’est comme installer un cadre sur un mur tout mince. Ça ne fonc- tionne pas; il faut un point d’ancrage. » Il espère que le nouveau système de navigation rendra encore plus précise une intervention chirurgicale de précision, et que la préparation avant l’opération sera plus facile pour le patient puisque celui-ci n’aura plus à subir une autre tomodensi- tométrie ni à se faire faire un masque. Tout cela sert à établir une base solide pour la prochaine étape du processus. « Le véritable objectif du programme est la prothèse. Si les points d’ancrage sont stables, l’épithésiste peut se charger du reste, précise le Dr Higgins en parlant des spécialistes qui fabriquent les prothèses. C’est la partie artistique qui entre en jeu. » La Dre Somogyi-Ganss note que l’équipe de l’Unité de prothèses craniofaciales forme une sorte de communauté. « Il faut toute une équipe pour faire la planifi- cation, fabriquer la prothèse, exécuter l’implantation chirurgicale puis placer la prothèse correctement. Ça ne se fait pas en un tournemain, précise-t-elle. Mais si vous faites et installez une prothèse sur implant pour un patient qui a de la diffi- culté à en porter une qu’il doit coller, c’est une grande victoire pour nous tous. » Le Dr Higgins en convient. « Si on pense à une personne qui autrement serait cachée derrière un masque ou ne sortirait pas [et] serait complètement isolée socialement et qui peut main- tenant sortir en public et être traitée comme tout être humain, retourner sur le marché du travail, avoir une vie sociale – il en va de la qualité de vie, ce qui est inestimable. À mesure que nous perfectionnons nos façons de traiter les traumatismes et les cancers, nous devons faire évoluer nos façons d’offrir une qualité de vie aussi. » Après la chirurgie Brenda continue à apprendre à fonction- ner avec une déficience visuelle. Coloriste et technicienne de salon de coiffure avant son accident, elle ne peut plus travailler dans ce domaine. Elle a toutefois trouvé d’autres intérêts – faire de la peinture acry- lique dans des couleurs vives, assister à des parties des Blue Jays avec son mari Michael et voyager dans le sud tous les ans. Brenda attend impatiemment le moment où elle pourra passer à la prochaine étape, soit le modelage, la peinture et l’ajustement de sa prothèse. « Cette chirurgie ne servait pas à me maintenir en vie, mais à changer ma vie. J’ai tellement hâte d’avoir ma nouvelle prothèse, avoue-t-elle. Les gens ont toujours été gentils depuis mon accident, mais tout tourne autour de mon visage. On me pose beaucoup de questions. Ce sera bien de sortir et de ne pas avoir à m’en soucier. » a Unité de prothèses craniofaciales de Sunnybrook L’Unité de prothèses craniofaciales de Sunny- brook est la seule clinique multidisciplinaire en Ontario où des chirurgiens, des dentistes et des épithésistes travaillent en équipe. La seule autre unité du genre au Canada est à Edmonton (Université de l’Alberta – Institut des sciences de la médecine reconstructive). L’équipe de Sunnybrook se compose de deux épithésistes (spécialistes formés à l’art et à la science de la création de prothèses), deux chirurgiens de la tête et du cou, un coordonnateur et une prosthodontiste maxillofaciale (dentiste surspécialisée en réhabilitation prothétique pour des patients ayant des différences faciales causées par un traumatisme, un cancer ou une malformation congénitale). L’équipe fabrique et ajuste environ 50 pro- thèses par an – chez de nouveaux et d’an- ciens patients. Les prothèses durent environ deux ans avant de commencer à s’user et à se décolorer. Les patients viennent de partout en Ontario et même parfois d’autres provinces et d’ail- leurs. Les prothèses pour les Ontariens sont payées en partie par le Programme d’appa- reils et accessoires fonctionnels du ministère de la Santé et des Soins de longue durée – à 75 %, le reste étant aux frais du patient. Pour la première fois cette année, les implants chirurgicaux seront financés en entier par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée pour les Ontariens. L’équipe de Sunnybrook effectuera quelque 15 implantations chirurgicales cette année. Raisons d’avoir une prothèse faciale : • 44 % : cancer • 37 % : malformation congénitale • 14 % : traumatisme • 5 % : autre Il faut toute une équipe pour faire la planification, fabriquer la prothèse, exécuter l’implantation chirurgicale puis placer la prothèse correctement. Ça ne se fait pas en un tournemain. » – Dre Eszter Somogyi-Ganss

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