L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 4

L’ADC sur le terrain 17 Numéro 4 | 2018 | Comment pouvons-nous habiliter les professionnels de la santé à prendre la défense de leurs patients? Si vous offrez davantage d’endroits où la personne pourra parler en toute sécurité, davantage de personnes seront enclines à se confier; mais que devons-nous faire par la suite? La violence familiale est un domaine qui a toujours été sous-financé; devenez un défenseur du secteur des refuges ou des enfants qui sont victimes de violence, et veillez à ce qu’une plus grande priorité soit accordée à ces questions. » – Dre Nadine Wathen, projet VEGA voient quotidiennement des enfants victimes de violence dans leur cabinet. (2) Ces enfants présentent davantage de problèmes buccodentaires que leurs pairs. (3) Parmi les enfants qui font l’objet d’une évaluation médicale, car on soupçonne qu’ils ont été victimes de violence, 60 % présentent des blessures à la tête, sur le visage ou dans le cou. ➲ Reconnaître la violence envers les enfants Les fournisseurs de soins buccodentaires devraient observer leurs patients pédiatriques pour voir comment ils interagissent ou ils se comportent, et porter une attention particulière à toute blessure grave ou inhabituelle qui ne peut être expliquée ou dont l’explication est douteuse. Ils pourraient par exemple poser des questions ouvertes du genre : « Je vois que ta lèvre est enflée ou qu’il y a un bleu sur ta lèvre. Que s’est-il passé? » ou « Est-ce que les membres de ta famille se chicanent? » Bon nombre de pro- fessionnels de la santé ne sont pas à l’aise d’évaluer les signes de violence; ils ont pourtant les compétences requises pour le faire. Les fournisseurs de soins dentaires qui ont des questions sur la façon de reconnaître la violence envers les enfants ou de gérer une situation particulière peuvent consulter un spécialiste de leur milieu ou un pédiatre comme la Dre Ward qui travaille dans un hôpital pédiatrique affilié à une faculté de médecine du pays et qui détient un certificat de spécialiste dans le domaine de la violence envers les enfants (American Board of Pediatrics). ➲ Intervenir en cas de violence envers des enfants Le rôle des professionnels dentaires est de dispenser des soins buccodentaires, de reconnaître les préoccupations et d’offrir un soutien, de faire s’il y a lieu un signalement au service d’aide à l’enfance, de documenter le cas et de prévoir un suivi. Ils peuvent par exemple conclure la visite en disant « Quand pourrais-je te revoir? ». Une documentation minutieuse consiste à décrire les blessures de manière objective; le rôle du dentiste n’est pas de déterminer si les blessures sont véritablement des signes de violence. Le fournisseur de soins buccodentaires peut décrire la nature et l’étendue des blessures, et noter tout ce qui lui a été dit au sujet de la blessure. Ces éléments d’information sont impor- tants pour les intervenants en services d’aide à l’enfance, qui les ajouteront aux autres renseignements recueillis dans le cadre de leur enquête, s’il y a lieu, afin d’assurer une intervention optimale. L’approche AVDR Demander • « Parfois, lorsque je vois (des dents qui bougent), (des dents brisées), (des ecchymoses) comme celles-ci, cela signifie que la personne a été frappée. Est-ce que cela pourrait être votre cas? » • « Je m’inquiète pour vous et pour ces blessures. Est-ce que tout va bien? » • « On dirait que quelqu’un vous a frappé. Comment ça se passe à la maison? Y a-t-il quelque chose dont vous aimeriez me parler? » Valider • « Étant votre dentiste, je dois vous poser des questions lorsque je vois des signes qui sont souvent associés à la violence. Bien des gens sont victimes de violence, mais personne ne mérite de subir cela. » • « Peu importe ce qu’il y a, vous n’êtes pas responsable. Vous ne méritez pas d’être frappé ou battu, peu importe ce qui s’est passé. » • « Tout le monde devrait pouvoir se sentir en sécurité à la maison. Je suis inquiet pour votre sécurité et votre bien-être. » Documenter • Documenter les signes et symptômes apparents de violence (emplacement, taille, durée, couleur, forme). • Prendre des photos si le patient accepte. • Noter les faits rapportés par le patient d’une manière précise et détaillée, en reprenant les mots exacts du patient et en les indiquant entre guillemets, sans oublier les noms, les lieux et les témoins. Diriger • Fournir au patient, en privé, une liste des ressources locales sur la violence familiale. • Si le patient n’en veut pas (le patient ne se sent pas prêt, ne se sent pas suffisamment en sécurité), lui dire néanmoins que ces ressources sont disponibles. • Faire un suivi à la visite suivante : « Comment ça se passe à la maison? ». Valider et proposer à nouveau les ressources disponibles, sans porter de jugement. Source : D’après le matériel de formation sur l’approche AVDR, utilisé avec l’autorisation de Barbara Gerbert, Ph. D., directrice, Centre for Health Improvement and Prevention Studies, University of California à San Francisco. A V D R

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=