L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 1

26 | 2018 | Numéro 1 P oint de mire antibiothérapie prophylactique pour prévenir l’endocardite infectieuse Selon les lignes directrices de l’American Heart Association (AHA) 7 et de l’ADC 8 , seules les personnes à très haut risque d’endocardite infectieuse devraient recevoir une antibiothérapie prophylactique de courte durée avant une procédure dentaire courante. Ces personnes incluent celles présentant : (1) des prothèses valvulaires cardiaques ou chez qui des matériaux prothétiques ont été employés pour réparer une valvule cardiaque; (2) des antécédents d’endocardite infectieuse; (3) certaines cardiopathies congénitales graves (voir l’Énoncé de position de l’ADC sur l’endocardite infectieuse pour connaître les cardiopathies précises) et (4) une transplantation cardiaque avec valvulopathie. Si l’on se fie aux réponses aux questions sur les affections médicales précises nécessitant une antibiothérapie pour prévenir une endocardite infectieuse, il semble que les répondants au sondage ne connaissaient pas les lignes directrices de l’AHA et de l’ADC sur cette question. De fait, 13 % des répondants ne prescrivent pas d’antibiotiques aux patients qui ont des antécédents d’endocardite infectieuse et 19 % n’en prescrivent pas aux patients porteurs de prothèses valvulaires cardiaques. À l’inverse, d’autres données semblent indiquer une prescription excessive dans d’autres cas : plus de 20 % des répondants ont déclaré qu’une antibiothérapie prophylactique devait être administrée pour prévenir une endocardite infectieuse chez les patients atteints de rhumatisme articulaire aigu avec régurgitation mitrale et chez ceux ayant subi une greffe d’organe, présentant un prolapsus valvulaire mitral ou ayant subi une arthroplastie totale. De même, près de 20 % ont déclaré que les patients ayant subi un infarctus du myocarde au cours des six mois précédents nécessitaient une antibiothérapie prophylactique. ◗� Les opinions des dentistes divergent quant aux interventions dentaires nécessitant une antibiothérapie prophylactique pour prévenir l’endocardite infectieuse Selon les lignes directrices de l’AHA 7 , une antibiothérapie prophylactique n’est indiquée chez les patients à haut risque d’endocardite infectieuse que pour certaines procédures dentaires – soit celles comportant la « manipulation de tissus gingivaux ou de la région périapicale d’une dent et... celles qui perforent la muqueuse buccale 7 »; pour les autres interventions, il appartient au dentiste d’évaluer le bien-fondé de ce traitement en se fondant sur son jugement clinique. Les résultats du sondage révèlent en outre certains doutes chez les répondants quant aux procédures nécessitant une antibiothérapie prophylactique chez les patients à risque d’endocardite infectieuse, laissant croire à une prescription insuffisante d’antibiotiques dans ces cas. À titre d’exemple, ce ne sont pas tous les répondants qui ont indiqué qu’une antibiothérapie prophylactique était nécessaire lors d’implants dentaires (71 %) et de chirurgie parodontale (78 %). D’autres résultats témoignent à l’inverse d’une prescription excessive, certains répondants préconisant une antibiothérapie prophylactique alors qu’elle n’était pas indiquée, par exemple lors de l’injection d’anesthésique dans des tissus non infectés (12 %). ◗� Les opinions des dentistes divergent quant aux signes et aux symptômes nécessitant la prescription d’antibiotiques Une antibiothérapie n’est indiquée qu’en présence de signes et de symptômes précis associés à une affection dentaire, à savoir des signes indiquant la propagation de l’infection, un malaise chez le patient, une élévation de la température ou une lymphadénite 5 . Or, 60 % des dentistes ayant répondu au sondage ont déclaré qu’ils prescriraient des antibiotiques dans le cas d’une enflure localisée et fuyante au doigt, et 20 % les prescriraient pour une douleur associée à une affection dentaire – deux cas où les antibiotiques sont pourtant contre-indiqués. ◗� Les opinions des dentistes divergent quant aux affections dentaires nécessitant la prescription d’antibiotiques Les dentistes ne doivent pas prescrire d’antibiotiques pour des affections dentaires, en l’absence de signes d’infection systémique et d’enflure diffuse 5 . Cependant, plus de 50 % des dentistes interrogés ont déclaré qu’ils prescriraient des antibiotiques à des patients présentant une péricoronarite – une affection pour laquelle l’antibiothérapie n’est indiquée que dans des cas précis, par exemple en présence de suppuration ou chez les patients présentant un risque élevé d’infection. Certains répondants ont également déclaré qu’ils prescriraient des antibiotiques pour des affections pour lesquelles ce traitement n’est pas indiqué, par exemple chez des patients en bonne santé présentant une infection périapicale aiguë avant un drainage (66 %), une gingivite ulcéreuse aiguë (43 %), une infection périapicale aiguë après un drainage (41 %), une pulpite irréversible aiguë (20 %) ou une alvéolite (18 %).

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