Numéro 3, 2010


Un service aux membres destiné à vous renseigner sur de nouvelles publications importantes, utiles à votre pratique.

Ce numéro du JADC Express propose des articles sur le traitement du syndrome d’apnées obstructives du sommeil, le coût de l’échec prématuré des restaurations, la santé buccodentaire durant la grossesse et les effets des couronnes sur les tissus parodontaux. Le JADC est reconnaissant aux généreux éditeurs des articles sélectionnés qui offrent un accès gratuit aux articles intégraux jusqu’au 8 juillet 2010. Pour en savoir plus sur les publications présentées dans le JADC Express, cliquez sur les liens dans la section Notes et nouvelles.

Les anciens numéros du JADC Express peuvent être consultés sur notre nouveau site Web restructuré JCDAf.ca. Je vous invite à parcourir le site pour voir les améliorations que nous y avons apportées : présentation mise à jour, navigation plus facile et davantage de contenu clinique adapté aux besoins des professionnels dentaires du Canada. J’espère que vous trouverez le nouveau site Web intéressant et utile et je vous invite à me faire part de vos commentaires, suggestions et critiques.

Cordialement,

Dr John P. O'Keefe
Rédacteur en chef
jokeefe@cda-adc.ca

 

   

Syndrome d'apnées obstructives du sommeil

Le Dr Peter Cooney est dentiste en chef à Santé Canada. Le Dr Cooney recommande :

Oral appliances for treatment of snoring and obstructive sleep apnea: a review of clinical-effectiveness. Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health. Health Technology Inquiry Service Report. Edmonton, Alberta.
20 April 2009.

Rapport intégral

Points clés :

  • La littérature montre que les traitements au moyen d’appareils d’avancement mandibulaire sont plus efficaces que les appareils inactifs ou que le prétraitement pour améliorer la respiration associée aux troubles du sommeil et la qualité de vie des patients qui ronflent et qui sont atteints du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), les appareils d’avancement mandibulaire sur mesure étant par ailleurs beaucoup plus efficaces que les appareils préfabriqués (60 % c. 31 %). Aucune donnée n’a été recensée sur l’efficacité des appareils inactifs (sans avancement).
  • Les études examinées font état d’un taux élevé d’observation du traitement chez les utilisateurs d’appareils d’avancement mandibulaire, ces patients ayant tendance à être des utilisateurs de longue date.
  • Aucun effet indésirable grave associé aux appareils d’avancement mandibulaire n’a été relevé dans la littérature, bien que des changements au niveau de l’occlusion aient été observés après une longue période d’utilisation.
  • Les appareils d’avancement mandibulaire et la ventilation spontanée en pression positive continue améliorent tous deux la qualité du sommeil, mais la ventilation spontanée s’est révélée plus efficace.
  • Les appareils d’avancement mandibulaire utilisés durant de longues périodes semblent plus efficaces que la chirurgie des voies respiratoires supérieures et pourraient donc être une solution de rechange plus simple à la ventilation spontanée en pression positive continue et à la chirurgie.
  • De récents examens systématiques et méta-analyses recommandent de prescrire les appareils d’avancement mandibulaire aux patients atteints d’un SAOS léger à modéré ainsi qu’à ceux qui ne veulent pas, ou ne peuvent pas, tolérer la ventilation spontanée en pression positive continue.

Raisons pour recommander cet article :

Ce rapport présente un examen systématique objectif de la littérature et fournit des renseignements utiles aux dentistes intéressés à dispenser des traitements aux patients qui ronflent et qui sont atteints du SAOS.

Ce rapport a été préparé pour le Comité consultatif fédéral des soins dentaires, un comité formé de professionnels de la santé buccodentaire qui conseillent le Bureau du dentiste en chef et les 6 ministères fédéraux qui offrent des services de soins dentaires directement aux clients.

   
 

Échec prématuré des restaurations

Le Dr Terry Donovan est directeur des biomatériaux au Département de dentisterie opératoire à l’École de médecine dentaire Chapel Hill, Université de la Caroline du Nord. Le Dr Donovan, un conseiller de rédaction du JADC, recommande :

Spear FM. The risk of the metal-free practice! J Esthet Restor Dent. 2009;21(2):71-4.

Article intégral

Points clés :

Le Dr Frank Spear est un enseignant de niveau postdoctoral dans les domaines de la dentisterie reconstructive et interdisciplinaire de réputation internationale. Dans cet article, le Dr Spear documente son expérience de l’utilisation d’un matériau céramique non éprouvé (verre de Willi) qui présentait des qualités esthétiques exceptionnelles mais qui n’a pu résister aux forces occlusales fonctionnelles en bouche. Le Dr Spear possède une vaste connaissance des matériaux de restauration esthétiques et les dentistes qui liront son compte rendu obtiendront de précieux renseignements sur la sélection des systèmes en céramique.

  • L’auteur quantifie les coûts financiers de l’échec prématuré des restaurations. Il discute également des conséquences émotionnelles et autres conséquences subjectives de la défaillance des restaurations.
  • L’expérience de l’auteur illustre très clairement les risques qu’il y a d’adhérer à la philosophie d’un «gourou» en l’absence de données scientifiques probantes.
  • L’article souligne l’importance cruciale d’attendre d’avoir des données probantes d’essais cliniques avant d’utiliser de nouveaux matériaux.
  • Enfin, l’article insiste sur le fait que les personnes qui recommandent ou qui déconseillent des produits doivent s’assurer qu’elles ont suffisamment de données probantes avant d’émettre leurs opinions.

Raisons pour recommander cet article :

Je crois que les dentistes devraient lire cet article, car il décrit clairement les coûts financiers et émotionnels associés au remplacement prématuré de restaurations dont la défaillance est due aux matériaux. Cet article souligne également l’importance d’attendre d’avoir des données d’essais cliniques indépendants d’une durée de 3 à 5 ans avant d’utiliser tout nouveau matériau céramique. Si les cliniciens observent ces recommandations, ils éviteront de nombreux désagréments coûteux.

Les cliniciens devraient suivre les lignes directrices du regretté Dr Peter Schärer au sujet des couronnes tout céramique, à savoir qu’avant d’utiliser un nouveau système tout céramique il faudrait disposer de données d’essais cliniques sur 5 ans indiquant un taux de succès d’au moins 95 %. Les essais in vitro qui comparent les propriétés physiques ne permettent pas de prévoir le rendement clinique.

Les cliniciens ne doivent pas sous-estimer le fait que l’échec prématuré des restaurations occasionne des coûts objectifs et subjectifs réels et importants.

   
La grossesse et la santé buccodentaire

Le Dr Clive Schneider-Friedman est professeur adjoint à la Division d’orthodontie et de dentisterie pédiatrique à l’École de médecine et de médecine dentaire Schulich, Université de Western Ontario. Le Dr Schneider-Friedman, un membre du Comité des affaires cliniques et scientifiques de l’ADC, recommande :

Oral health during pregnancy and early childhood: evidence-based guidelines for health professionals. California Dental Association Foundation. Sacramento, California. February 2010.

Publication intégrale

Points clés :

Des représentants de l’Association dentaire de la Californie et du Collège des obstétriciens et gynécologues des États-Unis ont collaboré à l’élaboration de ces lignes directrices, après avoir fait un examen exhaustif de la littérature scientifique et des recherches récentes.

Les lignes directrices :

  • consistent en un ensemble d’information fondé sur des données probantes sur le traitement des maladies buccodentaires chez les femmes enceintes;
  • examinent bon nombre des idées fausses au sujet des femmes qui subissent des traitements dentaires durant la période périnatale (à titre d’exemple, les lignes directrices n’établissent aucun lien entre la pratique d’interventions dentaires durant le premier trimestre de la grossesse et l’avortement spontané);
  • discutent de l’importance de contrôler les maladies buccodentaires avant et pendant la grossesse et des bienfaits de réduire les bactéries pathogènes auxquelles est exposé le nouveau-né (selon les lignes directrices, la prestation de soins buccodentaires optimums aux femmes enceintes peut réduire la charge bactérienne chez la mère et réduire ainsi la gravité de transmission de bactéries au nouveau-né);
  • s’appuient notamment sur des études qui montrent les effets de piètres soins buccodentaires durant la période périnatale sur l’état de santé global de la mère;
  • présentent des données qui corroborent l’importance des soins buccodentaires dispensés en temps opportun aux femmes enceintes et montrent que les avantages des soins l’emportent sur les risques associés au non-traitement.

Raisons pour recommander cet article :

Selon les auteurs des lignes directrices, la grossesse peut être une période «d’éducation». Les principaux messages présentés dans ce document peuvent être utilisés pour encourager les femmes enceintes à considérer l’hygiène et les traitements dentaires comme faisant partie intégrante du programme systématique de santé buccodentaire avant la naissance de leur bébé.

À titre de protecteurs de la santé buccodentaire à long terme de leurs patients, les dentistes peuvent utiliser ces lignes directrices pour dissiper certains mythes qui persistent au sujet des traitements dentaires pratiqués durant la grossesse (p. ex., éviter les radiographies dentaires ou l’utilisation d’anesthésiques locaux). Les lignes directrices fournissent un précieux aperçu de l’actuelle littérature fondée sur des données probantes sur les soins et les interventions appropriés qui peuvent améliorer sensiblement la santé buccodentaire des mères et de leurs bébés.

   
Les couronnes et les tissus parodontaux

Le Dr Asbjørn Jokstad est chef de la prosthodontie à la Faculté de médecine dentaire à l’Université de Toronto. Le Dr Jokstad, conseiller de rédaction du JADC, recommande :

Kosyfaki P, Pinilla Martin Mdel P, Strub JR. Relationship between crowns and the periodontium: a literature update. Quintessence Int. 2010;41(2):109-22.

Article intégral
L'accès à la version intégrale de cet article est expiré.

Points clés :

  • Dix-huit études cliniques d’une durée d’observation pouvant atteindre 10 ans examinent l’incidence de l’emplacement du rebord des couronnes sur les tissus parodontaux. L’emplacement supra-gingival demeure le plus avantageux du point de vue parodontal.
  • Douze études d’une durée d’observation pouvant atteindre 5 ans examinent l’incidence de l’ajustement marginal sur les tissus parodontaux. Même si l’ajustement de la couronne est très précis, une hygiène buccodentaire rigoureuse doit être maintenue si le rebord de la couronne est en position sous-gingivale, afin de maîtriser l’inflammation gingivale.
  • Dix-sept études d’une durée d’observation pouvant atteindre 6 ans examinent l’incidence de la composition de la couronne (type de matériau) sur les tissus parodontaux. La céramique et l’or poli avaient un taux d’accumulation de plaque microbienne le plus faible, mais la corrélation de ces résultats avec ceux à long terme reste indéterminée. Il devrait être noté que ce recensement porte sur la préparation de couronnes classiques et non sur les facettes de porcelaine partielles et complètes,  où le maintien d’une liaison sur l’émail pour le ciment polymère est une condition essentielle pour réduire au minimum l’altération de la couleur de la marge et les caries secondaires.
  • Ce recensement n’inclut aucune étude sur les couronnes fabriquées par la technique CAO/FAO ou par des techniques numériques de prise d’empreintes. Cependant, comme les données des études in vitro font état d’un excellent ajustement marginal avec ces techniques, il est permis d’espérer une nouvelle génération de prothèses pour lesquelles les facteurs liés à l’opérateur et à la fabrication seront réduits au minimum.
  • Aucune étude n’a examiné les effets de la position du rebord de la couronne sur l’émail ou le cément, qu’il y ait ou non allongement de la couronne. Cependant, compte tenu des différences entre ces 2 tissus sur le plan de la résistance aux caries et du mécanisme de scellement, les rebords de la couronne devraient de préférence se trouver sur l’émail et non sur le cément. Cet aspect devrait faire l’objet de futures recherches cliniques, eu égard à la tendance actuelle selon laquelle les patients semblent privilégier des dents de céramique plus grosses, plus longues et plus blanches.
  • Afin de déterminer l'emplacement des rebords de la couronne, on doit parfois trouver un compromis entre la création d'un effet de sertissage adéquat pour examiner l'ajustement marginal et le maintien d'un contrôle adéquat durant le processus de scellement. Ce recensement ne fournit toutefois aucune donnée qui permette de déterminer lequel de ces facteurs est le plus important, bien qu’on y mentionne l’allongement de la couronne et l’éruption forcée comme des interventions possibles.

Raisons pour recommander cet article :

Cet article présente un bon résumé des études ayant tenté d’établir un lien entre les couronnes et la santé parodontale. Le texte est facile à lire et présente des données d’études sur des humains, complétées de données extraites d’études sur des animaux. Un des objectifs de ce recensement de la littérature était de déterminer si les connaissances avérées avaient changé au cours des 30 dernières années. Les auteurs n’ont observé aucun changement.

Commentaire :

J’ai participé à une étude longitudinale sur les résultats après 15 et 25 ans chez des patients porteurs de couronnes et de ponts1,2. Le dernier rapport a porté principalement sur les résultats périapicaux car, à cette époque, les rebords étaient surtout situés en position supra-gingivale. Il est cependant un autre aspect dont il faudrait tenir compte dans cet examen du lien entre les rebords des couronnes et la santé du parodonte : au fil des ans, les rebords de la couronne s’éloigneront encore plus du parodonte sous l’effet combiné de l’usure des dents, de l’éruption passive et de la migration apicale des gencives dans un milieu plus ou moins dynamique3. Le taux de survenue de ces 3 phénomènes physiologiques est toutefois difficile à prévoir sur une base individuelle.

Références :

  1. Valderhaug J, Ellingsen JE, Jokstad A. Oral hygiene, periodontal conditions and carious lesions in patients treated with dental bridges. A 15-year clinical and radiographic follow-up study. J Clin Periodontol. 1993; 20(7):482-9.
  2. Valderhaug J, Jokstad A, Ambjørnsen E, Norheim PW. Assessment of the periapical and clinical status of crowned teeth over 25 years. J Dent. 1997; 25(2):97-105.
  3. Newman HN. Attrition, eruption, and the periodontium. J Dent Res. 1999; 78(3):730-4.


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Journal of Esthetic and Restorative Dentistry(éditeur : Wiley-Blackwell)

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