Selon des études antérieures, la prévalence de l'inclusion des deuxièmes molaires inférieures permanentes serait en hausse au Royaume-Uni et à Hong Kong. Le nombre de cas dans ces études était toutefois trop limité pour permettre une analyse plus poussée.

Objectif : La présente étude avait pour but d'examiner la prévalence de l'inclusion des deuxièmes molaires inférieures permanentes ainsi que les particularités dentaires et radiologiques qui y sont associées, chez un plus large échantillon d'enfants. Bien que cette étude ait porté exclusivement sur des sujets d'origine chinoise, ses conclusions seraient aussi utiles aux dentistes canadiens, étant donné la migration croissante au Canada de personnes en provenance d'Asie.

Matériel et méthodologie : Une étude rétrospective a été faite des fiches dentaires et radiographiques d'un groupe d'enfants chinois d'âge scolaire, les cas étant choisis selon les critères suivants : (1) ethnie chinoise; (2) absence de syndrome systémique; (3) inclusion d'une ou des deux deuxièmes molaires inférieures permanentes et (4) disponibilité de panorex de bonne qualité. Les fiches dentaires et les radiographies des sujets choisis ont été examinées par un seul chercheur. Les données ont été regroupées et analysées en fonction de leur répartition par sexe et par côté de l'inclusion, ainsi qu'en fonction des anomalies dentaires et malocclusions connexes. Les différences entre les données nominales ont été analysées à l'aide de tests statistiques et elles ont été considérées significatives au niveau de p < 0,05. Les angles d'inclusion des deuxièmes molaires ont été mesurés en traçant les radiographies sur un acétate mat sus-jacent.

Résultats : Parmi les 3 053 dossiers examinés, 32 cas d'inclusion des deuxièmes molaires inférieures permanentes ont été recensés et étudiés. L'âge moyen des enfants touchés était de 12 ans (fourchette de 11 à 14 ans). Malgré un ratio garçons:filles de 1:1,7, la différence par rapport au ratio prévu de 1:1 n'était pas significative (test binomial). Sur les 32 cas recensés, 22 étaient des inclusions unilatérales – 16 du côté gauche et 6 du côté droit – les 10 autres étant des inclusions bilatérales. La différence entre la proportion d'inclusions du côté gauche et la proportion du côté droit n'était pas statistiquement significative (test de McNemar). L'inclusion était mésiale dans tous les cas, sauf un, l'angle d'inclinaison mésiale des dents incluses variant de 13^° à 75^°. Un chevauchement mandibulaire a été observé dans 63 % des cas et les troisièmes molaires inférieures étaient présentes chez tous les sujets, sauf un. La prévalence de dents évaginées, de taurodontisme et de malocclusions incisives et molaires de classe III a été plus élevée dans le groupe à l'étude que dans la population en général d'enfants chinois d'âge comparable, les différences observées étant significatives (test exact de Fisher).

Conclusions : La prévalence de l'inclusion des deuxièmes molaires inférieures permanentes chez les enfants chinois de Hong Kong a été estimée à 1 %, ce qui est supérieur au taux relevé durant les études précédentes. Bien que cette prévalence relativement faible ne puisse justifier l'utilisation de radiographies de routine afin de dépister l'inclusion de la deuxième molaire inférieure chez les adolescents, la présence d'un chevauchement mandibulaire et d'une malocclusion de classe III chez un adolescent chinois pourrait indiquer un risque accru d'une telle inclusion. Il est donc recommandé de faire un examen régulier et complet de la dentition en formation chez les enfants afin de diagnostiquer rapidement tout problème d'éruption.