La dentisterie se classe parmi les professions générant un stress élevé, et c'est souvent sur les bancs d'école que les futurs dentistes en ressentent les premiers signes. Des études menées dans des facultés de médecine dentaire du Royaume-Uni, des États-Unis et d'Australie ont révélé que les étudiants éprouvaient un stress élevé. La dernière étude menée au Canada sur le stress chez les étudiants en médecine dentaire remonte à 16 ans.

Objectifs : Cerner les agents stressants signalés par les étudiants de premier cycle d'une faculté de médecine dentaire du Canada et évaluer les répercussions de l'endettement étudiant, des conditions de logement, de la formation précédant l'entrée en médecine dentaire et des données sociodémographiques (âge, sexe, état matrimonial et conditions de logement) sur le stress.

Méthodologie : En mars et en avril 2005, 275 étudiants en doctorat de chirurgie dentaire ont été sollicités pour répondre à un questionnaire comprenant des questions liées au stress et à l'endettement étudiant. Des questions démographiques ont également été incluses.

Résultats : Des données ont été recueillies auprès de 171 étudiants de premier cycle, soit un taux de réponse de 62 %. Les facteurs les plus stressants sur le plan scolaire étaient les examens et les notes; les commentaires discordants des professeurs généraient le stress le plus élevé sur le plan clinique. Pour certains, la conciliation des études avec leur rôle d'épouse et de mère ou d'époux et de père était ce qui les stressait le plus sur le plan social. Environ 60 % des étudiants ont dit éprouver des problèmes matrimoniaux et un stress lié à leurs rapports avec des membres du sexe opposé.

L'endettement étudiant a également été signalé comme un facteur de stress; 55 % des étudiants ont répondu que leurs problèmes financiers leur causaient un stress modéré ou très élevé. Les étudiants chez qui l'on prévoit le niveau d'endettement le plus élevé à l'obtention du diplôme présentent des cotes ajustées plus élevées de stress scolaire et de stress total. Selon les étudiants, leur dette moyenne était de 10 970,80 $ au début de leurs études et ils prévoyaient une dette de 97 185,30 $ à l'obtention de leur diplôme. Cela dépasse la dette moyenne des étudiants canadiens de niveau postsecondaire qui est d'environ 25 000 $.

Le niveau total de stress ne dépendait pas de l'âge, du sexe ou de l'état matrimonial. Les étudiants habitant chez leurs parents durant l'année universitaire présentaient des cotes moyennes de stress scolaire beaucoup plus élevées que ceux qui vivaient seuls, en couple ou en colocation. Les étudiants habitant chez leurs parents étaient également plus endettés au début de leurs études.

Les étudiants ayant suivi plus d'années de formation avant leur entrée en médecine dentaire présentaient des cotes (non significatives) plus faibles de stress scolaire, clinique et total, mais étaient aussi plus endettés. La matière de spécialisation en premier cycle (sciences biologiques ou discipline non scientifique) n'avait aucun rapport avec les niveaux signalés de stress.

Conclusions : Bien que ce soit l'étude la plus récente et la plus opportune qui ait été menée sur le stress chez les étudiants canadiens de médecine dentaire, les conclusions ne peuvent être généralisées à d'autres facultés de médecine dentaire au Canada. Les résultats de cette étude soulignent l'importance de l'endettement étudiant et la nécessité de mettre en place des services de soutien aux étudiants et des programmes de formation des professeurs afin de combattre le stress pouvant être évité chez les étudiants en médecine dentaire et réduire le stress causé par les discordances entre professeurs. Des études plus approfondies devraient explorer les liens entre le stress chez les étudiants en médecine dentaire et leurs conditions de logement, ainsi que les répercussions de ce stress sur leur rendement scolaire, leur santé et leur bien-être psychologique.