La destruction des pathogènes microbiens est essentielle au succès des traitements endodontiques. La gutta-percha médicamentée (GPM), qui contient 10 % d'iodoforme, a été conçue pour inhiber la croissance microbienne. Il a été démontré que cette nouvelle forme de gutta-percha a des effets antimicrobiens contre les Streptococcus viridans, Staphylococcus aureus et Bacteroides fragilis.

Objectif : Cette étude avait pour but d'évaluer et de comparer l'efficacité antimicrobienne et antifongique des pointes de GPM et de gutta-percha ordinaire durant différentes périodes de temps, par la méthode de diffusion sur disque.

Méthodologie : L'ensemencent des plaques de gélose avec Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Escherichia coli et Candida albicans a été fait à 37 °C, et 2 souches d'Enterococcus faecalis ont été ensemencées à 44,5 °C. Avant les essais, l'inoculum constant de chaque microorganisme a été transféré dans un milieu de culture liquide spécifique. Les microorganismes ont été mis en culture pendant la nuit, dans les milieux suivants : E. faecalis (souches ATCC 29212 et ATCC 47077), P. aeruginosa, S. aureus et E. coli sur gélose Mueller-Hinton et C. albicans sur la gélose Sabouraud au glucose. Avant les essais, les cônes de GPM ont été immergés complètement dans 2 mL d'eau stérile, pendant 1 heure, dans un tube à essais, pour libérer l'iode libre. Après cette phase d'immersion, des cônes de GPM, des cônes de gutta-percha ordinaire et des disques imprégnés de povidone-iode – tous de dimensions similaires – ont été placés sur les plaques ensemencées. Les plaques ont ensuite été incubées en conditions aérobies pendant 24, 48 et 72 heures à 37 °C, et les effets antimicrobiens de la GPM, de la gutta-percha sans iodoforme et des disques imprégnés d'iode ont été évalués en mesurant le diamètre des zones d'inhibition. Les essais ont été répétés 3 fois avec chaque souche, et la valeur moyenne a été déterminée. Le test de Kruskal-Wallis a été utilisé pour comparer k échantillons indépendants.

Résultats : Une croissance uniforme a été observée sur toutes les plaques témoins. Les échantillons analysés durant 3 essais répétés ont donné des résultats constants. La povidone-iode a inhibé la croissance de toutes les souches pendant 72 heures, mais aucune zone d'inhibition n'a été observée autour des cônes de gutta-percha ordinaire. En revanche, la GPM s'est révélée statistiquement plus efficace que la gutta-percha ordinaire (p < 0,05), la GPM ayant inhibé la croissance de tous les pathogènes pendant 24 heures. La plus grande zone d'inhibition moyenne avec les cônes de GPM a été observée avec S. aureus (diamètre moyen de 10,5 mm), suivie en ordre décroissant de C. albicans (9,3 mm), E. faecalis (ATCC 29212) (8,3 mm), E. faecalis (ATCC 47077) (7,0 mm), E. coli (4,0 mm) et P. aeruginosa (3,6 mm). Dans certains cas, toutefois, cette efficacité a diminué avec le temps, l'effet antibactérien de la GPM contre E. coli et P. aeruginosa s'étant dissipé après 48 et 72 heures. Enfin, la GPM a été modérément efficace contre C. albicans durant toutes les périodes testées, alors que la gutta-percha ordinaire n'a présenté aucune activité antifongique.

Conclusions : Il semble que la GPM ait une activité antibactérienne et antifongique supérieure à celle de la gutta-percha ordinaire. Même si les résultats de ces études in vitro ne peuvent être directement appliqués par extrapolation aux conditions cliniques, ils permettent néanmoins d'établir des comparaisons préliminaires, et il sera important de poursuivre les études pour confirmer ces résultats in vivo.