Objectif : Cette étude avait pour but de faire évaluer, par des non-initiés, l'esthétique de 6 types différents d'occlusion antérieure apparente, sans tenir compte des éléments extra-buccaux du visage.

Matériel et méthodologie : Dix-huit jeunes adultes, choisis parmi des étudiants d'une clinique dentaire universitaire de Lima, au Pérou, ont été répartis en 6 groupes de 3, en fonction de leur type d'occlusion antérieure (occlusion ouverte [OO], occlusion fermée[OF], occlusion croisée [OC], occlusion en bout à bout [OBB], occlusion avec chevauchement des dents [OCD] et occlusion idéale[OI]). Des photographies intra-buccales antérieures normalisées ont été prises, les dents fermées en occlusion centrée avec mise en place d'un écarteur labial.

Cette technique permet d'obtenir une vue des dents antérieures et des tissus gingivaux connexes. Une échelle visuelle analogue(ÉVA) a été utilisée pour connaître les préférences esthétiques des évaluateurs vis-à-vis des photographies. Quatre-vingt-onze sujets volontaires non initiés (45 femmes et 46 hommes, dont 20 avaient fait des études primaires, 37 des études secondaires et 34 des études collégiales), appartenant à une large fourchette d'âge (17 à 82 ans), ont été choisis parmi les personnes qui accompagnaient des patients à la clinique dentaire universitaire et les résidants des quartiers situés à proximité de l'université.

Aucun des évaluateurs n'avait de formation en sciences de la santé ou en arts. On a demandé aux évaluateurs d'examiner chaque photographie pendant au plus une minute, sans possibilité de les réévaluer. Les sujets devaient évaluer l'esthétique de chaque photographie selon une ÉVA de 0 (la moins attrayante) à 100 (la plus attrayante), mais aucune autre instruction ne leur a été donnée. Les différences entre les types d'occlusion ont été évaluées à l'aide d'une analyse de variance à un critère de classification (ANOVA), avec test post-hoc de Bonferroni. Une analyse de variance unidimensionnelle a aussi été faite pour évaluer les effets des caractéristiques de l'évaluateur (âge, niveau de scolarité, sexe et interaction entre le sexe et la scolarité) sur la note de l'ÉVA.

Résultats : Les occlusions OI et OBB ont obtenu les notes les plus élevées (sans différence entre les 2 types, ANOVA unidimensionnelle, p > 0,99), les résultats pour tous les autres types différant sensiblement de ceux obtenus pour les occlusions OI et OBB (p < 0,001). Malgré l'absence de différence significative (p > 0,05) entre les 4 autres types d'occlusion (OF, OC, OCD, OO), les chercheurs ont observé une iminution progressive des notes accordées à chacune. Le sexe a été un facteur significatif dans l'évaluation de toutes les occlusions, à l'exclusion du OO (ANOVA unidimensionnelle, p < 0,034). Le niveau de scolarité n'a eu une incidence significative que sur l'occlusion OO (p = 0,020) et l'âge n'a influé que sur l'évaluation du type OBB (p = 0,011). L'interaction entre le niveau de scolarité et le sexe a été significative pour tous les types d'occlusion (p < 0,046).

Conclusions : Selon ces évaluateurs non initiés, l'OIet l'OBB sont les plus agréables sur le plan esthétique.Ils ont jugé les malocclusions OF, OC, OCD,OO moins esthétiques, sans pour autant établir de différences significatives entre chacune. Enfin,le sexe a eu une différence significative sur la perceptionde toutes les occlusions antérieures, à l'exceptiondu type OO.