Au total 49 doyens ont répondu au sondage, ceux-ci représentant 9 des 10 écoles canadiennes et 40 des 55 écoles américaines; de ce nombre, 22 répondants (dont un du Canada) ont dit utiliser l'APP. Seulement un de ces 22 établissements a déclaré que la méthode d'APP était la seule méthode didactique utilisée. En réalité, toutefois, cet établissement propose l'APP comme technique d'enseignement parallèle : en effet, l'APP s'inscrit dans un programme d'enseignement par ailleurs «classique» et il ne s'applique pas à l'ensemble du programme de premier cycle. Les 27 autres doyens ont indiqué que l'APP n'était pas utilisé dans leur établissement, mais 6 (aucun du Canada) ont dit avoir l'intention de l'introduire au cours des prochaines années. Par ailleurs, la plupart des répondants ont souligné le fait qu'il faudrait mettre en place un programme de perfectionnement du corps professoral pour faciliter la mise en œuvre d'une méthode d'APP et quelques-uns ont dit s'attendre à devoir modifier leur structure administrative. Plusieurs ont aussi mentionné le fait que les systèmes d'évaluation des étudiants et des installations devront être revus. Dans les établissements où l'APP est déjà utilisé, cette méthode est surtout appliquée à l'enseignement des sciences fondamentales et cliniques, et le nombre moyen d'heures consacrées à l'APP diminue à mesure que l'on avance durant les 4 années du programme universitaire. Le temps dont disposent les étudiants pour l'apprentissage indépendant est moindre que les heures qu'ils doivent consacrer à l'enseignement tutoriel par APP. Selon les répondants, le nombre d'heures de cours théoriques est environ 3 fois supérieur au nombre d'heures d'enseignement tutoriel, durant chacune des années d'études. Il est possible que certains établissements aient décidé d'adopter la méthode d'APP en réponse à la publication, en 1995, du rapport du Institute of Medicine, dans lequel on recommandait de modifier l'enseignement dentaire, de manière à réduire le nombre d'heures de cours théoriques et à consacrer plus de temps aux séminaires dirigés et autres stratégies d'apprentissage actif qui développent l'esprit critique et l'aptitude à résoudre les problèmes.

Bien que les résultats de cette enquête laissent croire qu'un petit nombre d'établissements envisagent d'inclure l'APP dans leurs programmes d'études, on ignore le potentiel de croissance à long terme de l'APP en enseignement dentaire. On remarque toutefois que les enseignants cherchent à obtenir des résultats scolaires différents; il faut donc s'attendre à ce que notre approche en matière d'enseignement soit revue et nul doute qu'elle évoluera. Pareils changements de cap ont caractérisé l'innovation par le passé et il continuera sans doute d'en être ainsi dans l'avenir. Enfin, alors qu'un nombre croissant d'établissements envisagent une réforme de l'enseignement, il convient de rappeler les propos de Stephen Abrahamson, de la University of Southern California, selon lequel : «L'élaboration des programmes d'études est rarement guidée par des principes éducatifs ou logiques, mais est presque toujours dictée par des motifs affectifs et politiques».