Les avantages des régimes de soins dentaires

Louis Dubé, DMD •

© J Can Dent Assoc 2001; 67:202-3


L’un des principaux avantages des régimes de soins dentaires traditionnels est d’offrir aux patients la liberté de choisir le traitement à recevoir et leur dentiste. C’est pour préserver cette liberté de choix que l’ADC et ses organisations membres se battent avec acharnement contre la mise en place de la gestion des soins. Le fait que beaucoup de Canadiens ont un régime de soins dentaires est certes une évolution positive tant pour la population que pour la profession puisque cela signifie que plus de personnes ont accès aux soins dentaires.

Comme le Dr Kaufmann, je suis d’avis que l’actuelle limite des prestations, qui n’a pas changé depuis presque 20 ans, accuse un retard sur la réalité. Même si les sociétés d’assurance ont beau jeu de blâmer les dentistes de la hausse du coût des régimes de soins dentaires, il y a d’autres facteurs en cause. Par exemple, la sensibilisation du public à la santé bucco-dentaire a entraîné une hausse de l’utilisation des soins dentaires et une hausse de la demande de meilleurs traitements et de traitements facultatifs. Or, ceux-ci coûtent plus cher.

Tous les intervenants des régimes de soins dentaires ont leurs propres préoccupations. Les sociétés d’assurance continuent de structurer les régimes en fonction de leurs besoins et elles voient la gestion des soins comme une façon attrayante d’empêcher la hausse des coûts. Les employeurs veulent offrir des régimes qui présentent le meilleur rapport qualité-coûts. (Trop souvent, ce sont les moyens financiers de l’employeur qui limitent la couverture offerte.) Les employés veulent les meilleurs régimes possibles pour eux-mêmes et leur famille. Les dentistes veulent des régimes qui présentent moins de barrières administratives et qui leur garantissent la liberté d’exercice tout en assurant à leurs patients la liberté de choix. Il n’est donc pas étonnant qu’on n’arrive parfois pas à mettre toutes les pièces du casse-tête en place.

Je suis aussi d’accord avec le Dr Kaufmann quand il dit qu’idéalement les dentistes devraient toujours traiter un patient sans égard au régime. L’ADC n’a jamais été favo rable à la cession de prestations mais admet qu’elle se produit. Il importe ici de distinguer la cession de prestations de la co-assurance, deux termes qui sont parfois employés indistinctement. La cession peut être une solution dans certains cas. Si un dentiste touche une co- assurance et respecte le barème des honoraires usuels, cela donnera peut-être au patient un peu plus de latitude pour payer ses soins dentaires. Cette façon de procéder revient presque à accepter un chèque postdaté ou une carte de crédit. En revanche, si le dentiste autorise la cession des prestations, mais ne touche pas la co-assurance ou change les honoraires ou la date du traitement, il se rend alors coupable d’une fraude. Il s’agit d’un comportement inacceptable, pour ne pas dire contraire à l’éthique.

Au Québec, ma province de résidence, le pourcentage de patients bénéficiant d’un régime de soins dentaires se situe entre 25 et 30. Le fait de laisser le patient choisir son traitement en fonction de la couverture n’y constitue donc pas un problème aussi important. Dans le cas des patients sans régime de soins dentaires, la question de l’assurance, de la cession ou du co-paiement ne se pose pas. Nos patients ont plutôt parfois à décider entre payer le dentiste, acheter des aliments ou payer le loyer! Il faut que les dentistes, d’un bout à l’autre du pays, communiquent efficacement avec leurs patients, peu importe leur situation. C’est là la clé. Nous devons commencer à éduquer nos patients et, bien sûr, nous devons appuyer nos organisations provinciales et nationales. La dentisterie organisée s’est mise en rapport avec d’autres intervenants, dont les sociétés d’assurance, les employeurs et les employés. À l’ADC, c’est principalement le Comité directeur sur les régimes de soins dentaires qui s’est chargé de ce travail. Nous avons obtenu des résultats positifs grâce à ce comité, y compris tenir en échec la gestion des soins.

Je crois que nous devons tous travailler ensemble à la sauvegarde des régimes de soins dentaires qui permettent aux patients de payer leurs soins dentaires sans empiéter sur leur liberté de choix du dentiste ou du traitement. Nous devons prendre le temps de parler à nos patients et de les éduquer. L’époque où les patients donnaient carte blanche à leur dentiste est révolue depuis longtemps. Il faut que les dentistes soient conscients des besoins de leurs patients et de leur situa tion financière et puissent leur offrir différents traitements en conséquence. En fin de compte, la bonne communication aidera les patients à prendre la bonne décision. Les dentistes sont ceux qui sont le mieux en mesure de faire comprendre à leurs patients les avantages (et les restrictions) des régimes de soins dentaires et les dangers de la gestion des soins. 


Le Dr Dubé est président du Comité directeur sur les régimes de soins dentaires de l’ADC.